Alors que les stéphanois ont exprimé leur désaccord avec la volonté de Bruno Retailleau. Le ministre de l’Intérieur, qui souhaite la dissolution des groupes d’ultras de l’ASSE, leur a répondu via un communiqué, publié pendant le rassemblement des supporters des Verts.
Bruno Retailleau répond aux supporters de l’ASSE
"Depuis le début de la saison 2024/2025, nous assistons à une véritable explosion de la violence à l’occasion des rencontres de football professionnel.
- au cours de la saison 2023-2024, ce sont ainsi 47 812 fonctionnaires de police qui ont été déployés pour la sécurisation des rencontres de football (+ 6 % par rapport à la saison précédente) ;
- en 6 ans, le nombre d’heures fonctionnaires consacrées à cette mission a augmenté de 86% ;
- enfin, 30% des unités de forces mobiles, notamment des CRS, sont engagées chaque week-end pour assurer la sécurisation de matchs de football.
Cette mobilisation des forces de l’ordre se fait nécessairement au détriment d’autres missions plus prioritaires, telles que la lutte contre la criminalité organisée ou contre la délinquance du quotidien qui empoisonne la vie de nos concitoyens. Parce que des voyous prennent les stades de football pour des rings, ce sont les citoyens qui en pâtissent.
Par ailleurs, il n’est plus rare que des membres de forces de l’ordre soient directement pris pour cible et blessés par les groupes de supporters ultra.
Malgré le dialogue conduit par les pouvoirs publics depuis plusieurs années avec les associations de supporters, et notamment par la ministre chargée des sports dans le cadre de l’Instance nationale du supportérisme, des incidents intolérables sont encore survenus sur l’ensemble du territoire depuis le début de la saison professionnelle de football."
Les explications de la procédure de dissolution
"C’est pour cette raison, qu’en application de l’article L. 332-18 du code du sport, le ministère de l’Intérieur a décidé de saisir la commission nationale consultative de prévention lors des manifestations sportives afin d’engager des procédures de dissolution à l’encontre de trois groupes de supporters violents, les Magic Fans et les Green Angels, « supporters » de l’AS Saint-Etienne, et Légion X, « supporters » du Paris FC. D’autres procédures sont en cours d’instruction concernant d’autres clubs en France.
Ces groupes sont en effet responsables des incidents parmi les plus graves et les plus violents qui ont été constatés."
Les faits reprochés aux groupes stéphanois
"Entre 2021 et 2025, les Greens Angels se sont ainsi rendus coupables de 10 faits de violence grave, notamment lors d’un match contre Auxerre le 29 mai 2022, au cours duquel ils ont envahi le terrain, commis de nombreuses dégradations (occasionnant un préjudice de 80 000 euros pour la collectivité) et pris pour cibles les forces de l’ordre, faisant 20 blessés parmi les policiers et gendarmes mobilisés.
6 membres des Greens Angels avaient d’ailleurs été condamnés pour ces faits à des peines d’emprisonnement avec sursis et des interdictions de stade. Encore récemment, les membres des Green Angels se sont défavorablement signalés : le 30 novembre dernier lors d’un match contre Rennes où des coups ont été portés par des membres des Green Angels à des policiers en tentant de pénétrer de force dans le parcage visiteur, l’un de leurs leaders crachant même sur un policier, et le 24 janvier dernier en marge d’une rencontre contre Auxerre, où ils s’en sont pris à des gendarmes qui contrôlaient leurs bus.
Les Magic Fans, quant à eux, sont responsables de 13 faits de violence grave entre 2020 et 2024. Outre leur implication dans les faits du 29 mai 2022 pré-cités, pour lesquels leur leader a d’ailleurs été condamné par la justice, ils se sont attaqués le 15 septembre dernier au convoi des supporters lillois faisant 2 blessés parmi les fonctionnaires de police et ont réitéré leurs actes violents le 23 novembre suivant en s’attaquant cette fois aux bus transportant les supporters montpelliérains et en prenant à nouveau pour cibles les forces de l’ordre, qui ont essuyé de nombreux jets de projectiles.
Enfin, plusieurs faits de violence grave sont également reprochés aux membres de Légion X, notamment le 1er novembre 2024, une attaque à l’arme blanche contre des membres d’un autre groupe de supporters, qui a fait 4 blessés parmi ces derniers, dont 2 très grièvement. 6 membres de Légion X ont été interpellés, dont leur leader, et l’un d’eux a été placé en détention provisoire à la suite de ces faits.
Les mesures de dissolution envisagées viennent en complément de celles préconisées dans la circulaire aux préfets co-signée le 6 mars dernier avec la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, et notamment des mesures individuelles telles que les interdictions administratives de stade.
61 interdictions administratives de stade sont actives et 72 sont envisagées.
Le ministère de l’Intérieur attend le retour au calme et la fin des violences de la part des clubs de supporters incriminés. Les interdictions de stade et les dissolutions n’auront plus de raison d’être dès lors que l’ordre public est respecté et la violence aura disparu. Les clubs de football professionnels, les instances du football et les clubs de supporters ont un rôle d’apaisement à jouer aux côtés des pouvoirs publics.