Bafétimbi Gomis, ancien buteur stéphanois était l'invité de Zack en Roue Libre. Il a longuement répondu aux questions posées et abordé à plusieurs reprises l'ASSE.

Bafé Gomis s'est sacrifié ?

Bafé Gomis : "Vous savez, quand on est européen et qu'on est à cinquième et l'année d'après, on ne peut pas prévoir d'être 16ᵉ ou 17ᵉ et d'être sauvé in extremis. Et à l'époque, les droits TV, c'était quelque chose d'important dans les budgets. Donc Saint-Etienne n'avait pas budgétisé cette place. Il y avait un trou. C'est quelque chose que je comprends.

Après, dans un club, quand tu ne peux pas vendre tes infrastructures, le stade ou le centre d'entraînement, ce sont tes joueurs. Et j'étais une des valeurs marchandes les plus importantes avec un gros salaire, donc c'était moi qui devais partir en priorité. Tu ramènes des sous et t'en fais économiser avec le salaire. Moi, je ne veux pas faire des problèmes à mon club formateur. Je ne veux pas faire en sorte qu'ils aient des problèmes financiers, donc je fais la préparation avec l'équipe. On me fait comprendre qu'il est sans Coupe d'Europe, il est difficile d'assumer mon revenu. Il n'y a pas de club. J'ai la rémunération qui est la mienne et le transfert que Saint-Etienne demande... Le football était différent.

Maintenant, on paye un potentiel. C'est pour ça que les transferts sont énormes. Mais à l'époque, il fallait faire attention à comment on achetait. C'est vrai. Les grosses sommes étaient réservées généralement aux joueurs confirmés. Aux joueurs qui avaient fait une grande saison. Et dans le football, la vérité d'aujourd'hui n'est pas forcément celle de demain.

Lyon arrive en fin de mercato parce qu'ils avaient essayé d'acheter Gignac qui avait fait une bonne saison ou Rémy. Loic Rémy est bloqué par Nice et Gignac est bloqué par Toulouse. Moi, je parle avec mon agent. Je lui dis, bien sûr, que si c'est pour aller à Lyon et jouer la Coupe d'Europe, je suis intéressé, mais j'ai fait un bras de fer avec Saint-Etienne, je ne vais pas en faire un deuxième.

Tout l'effort de 2007 serait dommage de gâcher l'image que tu as. Je ne vais pas faire un deuxième après cette belle histoire d'amour.

 

Un transfert négocié entre l'ASSE et l'OL

Bafé Gomis : "Il n'y a que Lyon qui arrive. On n'est pas encore d'accord à Lyon parce que je n'ai pas commencé à discuter avec eux. Et un jour, je suis en entraînement, on vient me chercher, on me dit on est d'accord avec Lyon, il faut que tu partes.

Et donc la vérité, c'est que j'ai baissé mon salaire pour aller à Lyon parce que je devais faire un effort. Lyon ne voulait pas s'aligner sur ma rémunération qui était la mienne. Comme je devais rendre la monnaie de la pièce et faire en sorte que Saint-Etienne puisse s'en sortir sportivement pour commencer une nouvelle saison et passer à la DNCG, j'accepte le transfert.

J'ai même un intéressement sur le transfert. Je dis à Saint-Etienne, je vous le laisse. Et puis quand les finances iront mieux, on s'arrangera. Je signe un papier et puis quand. Vous voulez… Et on verra quand ça ira mieux pour vous. Quand ça ira… Tu as déjà à cette la  DNCG. Vous me payez en plusieurs fois et puis pas de souci. Donc c'est comme ça que ce transfert se fait. J'arrive à Lyon. Un transfert très difficile où les supporters m'attendent.

J'étais le joueur emblématique formé à Saint-Etienne qui mimait la panthère au pied de la tribune. Et je comprends. C'était un transfert risqué. Je comprends que je dois faire le dos rond. C'est important d'avoir cette intelligence-là, cette humilité-là dont j'arrive. Bernard Lacombe m'amène à Fourvière, il me dit « ne t'inquiète pas, ça va bien se passer ». Il me fait visiter un peu Gerland, on marche dans la tribune, il me dit « tu sais tous les attaquants ici, ils ont marqué, Sonny, Karim et tout ça »."