On a loué l'anticipation de la cellule de recrutement qui a rapidement attiré des défenseurs centraux (Giraudon et Briançon) ainsi que Dylan Chambost dans ses filets. C'était en juin. Et puis Cafaro, Lobry et dernièrement Pintor sont venus donner de l'épaisseur au recrutement stéphanois. Alors que le dossier reste LA priorité de ce mercato, toujours aucun buteur à l'horizon. Il y a pourtant urgence !
L'expression semble inappropriée au vu des évènements que vit la France depuis plusieurs semaines, mais il semblerait tout de même qu'il y ait le feu et que l'urgence pour l'éteindre serait de voir arriver un buteur dans le collectif stéphanois. Loïc Perrin l'a rappelé plusieurs fois, le mercato de l'ASSE s'étirera jusqu'au bout du bout, c'est à dire jusqu'à sa clôture qui est fixée cette année au 1er septembre à 23h59. Faudra-t-il attendre cette ultime limite pour voir arriver un buteur digne de ce nom à St-Etienne ? espérons que non !
Jean-Philippe Krasso et... le désert !
Ce n'est pas faire injure à Jean-Philippe Krasso, qui a par ailleurs largement contribué à propulser Ajaccio en Ligue 1, que d'affirmer qu'il ne peut assumer seul le rôle de buteur dans cette équipe. Si en Ligue 1 ses qualités ont eu du mal à s'exprimer, il a déjà fait ses preuves en ligue 2, en Corse donc, mais également à l'ASSE et pas plus tard que le week-end dernier en inscrivant le but du match nul face à Nîmes (1-1)... sur penalty certes.
Derrière lui ? Et bien il n'y a personne. Pas un joueur capable d'endosser le rôle d'attaquant et encore moins du buteur tant espéré depuis... des lustres. La recherche de celui capable d'enfiler les buts comme des perles n'est pas récente à St-Etienne, elle dure même depuis le départ de Robert bric qui, sans être un goleador, avait un certain sens du but et répondait à un profil identifié d'homme capable de pousser le cuir au fond du but. Wahbi Khazri fut son remplaçant de fortune, et les fortunes furent diverses avec le Tunisien qui n'a jamais sombré ni jamais brillé à ce poste. On ne reviendra pas sur les échecs passés que sont Loïs Diony, Anthony Modeste, Ignacio Ramirez ou Enzo Crivelli. Des achats effectués dans la panique ou contre l'avis de l'entraîneur.
Un recrutement anticipé ?
Laurent Batlles est arrivé à St-Etienne avec la promesse d'un mercato qui lui permettrait de façonner son groupe afin qu'il soit compétitif. En Ligue 2, St-Etienne attire toujours et de nombreux joueurs sont prêts à goûter à l'ambiance du Chaudron sous les ordres de l'ancien coach Troyen.
Alors que la cellule de recrutement avait anticipé l'arrivée d'Anthony Briançon en échangeant très tôt avec lui la saison passée, qu'en est-il du buteur ? Plusieurs ont été observés et pour certains, l'entourage du joueur voire le joueur lui-même ont été sondés. Toutefois, à ce jour, rien n'est allé au bout, la faute à une situation sportive alors incertaine, des finances précaires et des rumeurs de rachat du club qui ont occupé l'actualité. C'est ce qui explique le recrutement raté d'Ibrahim Sissoko. L'ASSE s'est faite doubler par Sochaux qui a notamment répondu aux exigences financières du joueur en fin de contrat à Niort. A cette époque, Lucas Gourna-Douath et Denis Bouanga n'avaient encore pas fait leurs valises et les caisses de l'ASSE sonnaient creux.
Depuis quelques semaines, la donne a changé. La LFP sera rassurée d'apprendre que le club attend 21 millions de recettes. Ne nous y méprenons pas, la somme arrivera en plusieurs échéances comme il est d'usage, de ce fait, les Verts ne disposent pas à ce jour de ce montant dans sa globalité. L'ASSE peut toutefois compter sur des finances suffisantes pour attirer un attaquant, et ce depuis janvier dernier. En effet, selon nos informations, lors du mercato de janvier l'AS St-Etienne avait la possibilité de poser jusqu'à 5 millions sur la table pour attirer un buteur. Certes, les dirigeants anticipaient peut-être sur la manne financière liée à la création de la société commerciale de la LFP, mais il est étrange que 6 mois plus tard le club soit sans le sou. Ainsi se pose la question de la réelle anticipation du recrutement d'un buteur...
Pas d'idées, pas de remise en question du modèle de scouting !
En effet, il y a de quoi se poser quelques questions après deux mois de mercato durant lesquels les rumeurs n'ont mené que vers des profils plus qu'identifiés sur la scène française ou des joueurs ayant évolué en France : Touzghar, Grbic, De Préville... Des noms réellement suivis qui donnent davantage l'impression que nos recruteurs n'ont pas beaucoup d'idées. Entre un énième troyen bien connu de Batlles, un ancien goleador tombé dans l'anonymat à Lorient ou un attaquant de 31 ans en fin de contrat à Metz qui n'a à ce jour signé nulle part, il y a de quoi se poser des questions. Selon un proche du club, le recrutement reste le problème numéro un à l'ASSE et il n'est pas certain, malgré toute son envie et l'énergie déployée, que Loïc Perrin possède assez de réseau et une cellule suffisamment organisée pour dénicher l'oiseau rare. Les pistes suivies sont donc celles que 9 supporters sur 10 auraient pu identifier. Quand on n'a pas d'argent, il faut avoir des idées. Changer de modèle de scouting en est une. C'est bien connu, les agents font souvent les mercatos dans les clubs, surtout lorsque la direction sportive est novice. La méconnaissance de la Ligue 2 est un autre obstacle pour le club. Les Verts doivent absolument s'adapter et coller au modèle de clubs habitués à sortir de l'anonymat des joueurs évoluant dans des divisions inférieures ou des championnats secondaires. Il faut pour cela analyser des données, explorer des pistes inhabituelles, s'ouvrir à un marché qui ne sera pas celui dicté par l'un ou l'autre agent pressé de trouver une porte de sortie à son poulain.
Il y a urgence pour l'ASSE. Pas temps de recruter dans les jours qui viennent un buteur, mais de changer d'approche afin d'explorer des pistes menant à des joueurs de qualité capables de s'adapter et d'exploser en ligue 2. Il est évident que ce type de joueurs offre moins d'assurances, mais les verts sont-ils certains de recruter un grand buteur avec des joueurs comme Touzghar qui a 35 ans, Grbic qui ne marque plus ou De Préville qui n'a pas brillé à Bordeaux ni à Metz...? Des noms qui rassurent peut-être mais qui envoient avant tout le message que nous n'avons pas d'idée et un réseau très limité... à moins que nous ne fassions fausse route et que le club sorte très vite de son chapeau un recrutement malin et audacieux... L'avenir nous le dira.