Claude Puel, l'ancien manager général de L'ASSE, s'est confié dans les colonnes de 24 Heures. À cette occasion, celui qui est pressenti pour reprendre le FC Nantes à évoqué sa carrière et ses idées du management. Extraits.
Fidèle à ses principes
"Même dans les moments de tension extrême, je suis toujours resté moi-même. Personne ne m’a jamais dicté quoi que ce soit. À part Pep Guardiola, très peu d’entraîneurs peuvent le dire. Quand je relève un défi, je veux pouvoir le faire comme je le souhaite. Je peux me remettre en question, avoir des doutes, c’est dans ma nature. Mais je ne supporte pas qu’on m’impose quelque chose.
J’aurais pu succéder à José Mouriho à Porto, cette grande opportunité m’aurait ouvert de sacrées portes. En général, n’importe quel entraîneur saute sur une telle opportunité. En un sens, je préférais avoir quelque chose à bâtir, même sans moyens, dans le rôle de David contre Goliath – ça, j’aime bien. C’est mon côté compétiteur, qui aime l’adversité. Quand quelque chose ne semblait pas réalisable, ça me motivait. C’est un truc de fou, en un sens.
Un bâtisseur
Partout où je suis passé, on a construit, joué au ballon. Parfois, ma façon de protéger mes joueurs, mes dirigeants, s’est retournée contre moi. Quand les résultats ne suivent pas, on cherche un responsable. Si l’entraîneur n’en désigne pas, c’est lui. Comme le disait Jacques Devismes, qui m’a formé: «Entraîner, c’est tout donner et ne rien attendre.» J’ai pris ça avec moi. J’ai souvent développé les autres au détriment de ma personne et de ma carrière.
Je ne me suis jamais vendu. Aujourd’hui, pas mal de jeunes entraîneurs, après quatre ou cinq résultats moins bons, vont dire dans la même phrase qu’ils assument et que leurs joueurs n’ont pas respecté les consignes. Tout ça pour se protéger. Le vrai entraîneur de haut niveau ne se décharge ni sur son club ni sur ses joueurs. Même dans la tourmente, même quand il va se faire virer. J’ai accepté de prendre pas mal de coups pour protéger les autres.
Les critiques, son moteur !
À partir du moment où j’étais convaincu par un projet, je prenais mon petit bâton de pèlerin, je mettais ma casquette et j’y allais à fond. Les critiques, l’adversité, ça a toujours été un moteur. J’ai trouvé le bonheur dans mon accomplissement, le plaisir de développer des joueurs et des clubs.
Pour avancer, il faut de l’exigence, donc je peux être très chiant. Parce que j’en veux toujours plus et que ça doit être pareil pour mes joueurs. Sur tous les jeunes que j’ai sortis ou fait progresser, beaucoup, à un moment donné, manquaient de quelque chose – même Virgil van Dijk, à Southampton. Je ne suis pas obtus, c’est le contraire.
Bientôt la fin ?
Je veux que mes joueurs avancent. Au début, quand j’en voyais un rigoler après avoir perdu un petit jeu à l’entraînement, ça me rendait fou, j’avais envie de l’accrocher au porte-manteau. Puis j’ai pris du recul, j’ai réalisé qu’il fallait accepter que certains n’avaient pas la même culture de la gagne. Il fallait leur parler, leur tendre la main.
Après avoir fait du non-stop entre l’âge de 15 ans et mon départ de Saint-Étienne, je profite de ma famille. Je prends du recul. J’ai envie de revenir, mais pour du haut niveau, avec des ambitions. J’ai déjà pris des clubs mal classés pour les remonter. Là , j’aurais envie d’un vrai potentiel au départ – raison pour laquelle j’avais postulé pour la sélection belge. On verra si j’en ai l’occasion. Si la Suisse se présente, pourquoi pas ? Je ne dis pas que je ne repartirai pas. Mais je me donne la possibilité de ne pas repartir. C’est ça, la liberté."