A l’instar de notre chère compagnie ferroviaire, l’ASSE peut se targuer d’avoir toujours quelques trains de retard. Depuis maintenant plusieurs saisons, la Direction stéphanoise épate les supporters en prenant des décisions tardives. Manque de solutions, absence d’idées ou tout simplement manque d'anticipation ? Chacun se fera son idée.
De cette absence de réactivité face aux différents problèmes découle un risque plus grand que jamais de voir le club du Forez couler et tomber petit à petit dans l’oubli voire l'anonymat. L’état-major stéphanois aura même réussi à diviser l’ultime garant des valeurs vertes : les supporters.
Un mercato hivernal tardif
Bien que certains doutes subsistent sur certaines recrues, le club a tenté de se renforcer cet hiver avec les arrivées de Charbonnier, Appiah, Larsonneur, Bamba, Nkounkou, Fomba et Pavlovic. Cette nécessité de renforts s’explique par un mercato estival trop frileux, durant lequel le club a nouvellement préféré faire des économies et capitaliser sur le nom « ASSE ». Résultat des courses, les Verts disposent d’un effectif conséquent, composé de joueurs n’ayant pas ni le niveau, ni les épaules pour la tunique verte (Giraudon, Chambost, Pintor, Dreyer, Wadji…)
En réalisant ce mercato hivernal, qui ne suffira peut-être pas à se maintenir au vu des nombreux points de retard, les dirigeants ont prouvé qu’ils avaient les moyens de recruter. Il convient de s’interroger sur les différentes raisons ayant poussé la direction à faire encore une fois preuve de manque d’ambition durant l’été, d’autant plus dans un contexte de descente en Ligue 2.
Panic buy
Par ailleurs, le cas d’Ibrahim Sadiq démontre que même durant le mercato hivernal, le club a été pris par le temps. Suite à un problème d’intermédiaires (touchant étonnement fréquemment le club : Mostafa Mohamed, Mbaye Niang, Wajdi Kechrida et désormais Ibrahim Sadiq), l’ailier ghanéen ne s’est pas engagé sous les couleurs du club. Suite à cet échec dans ce dossier, qui aurait dû se conclure lors des derniers instants du mercato, les Stéphanois n’ont pas pu dégager assez de temps pour trouver un Plan B…
C'est tout de même relativement fréquent que l'ASSE clôture son mercato sur le gong. Crivelli, Modeste, Ramirez... Étonnante façon d'anticiper !
Une gestion des fins de contrats compliquée
Autre problème au sein de ce club… la gestion des contrats des joueurs. Premièrement, le club ne semble pas en mesure d’anticiper. Il va d’ailleurs probablement perdre l’un de ces joueurs phares, Jean-Philippe Krasso, dès le prochain mercato. Alors que plusieurs offres ont été refusées, notamment en provenance d’Ukraine, les dirigeants stéphanois ne sont toujours pas parvenus à trouver un accord de prolongation, à six mois du terme de son contrat. De ce fait, l’attaquant ivoirien est désormais en mesure de s’engager librement dans un nouveau club, sans consulter la direction stéphanoise qui ne toucherait alors pas le moindre centime. Frustrant après l'avoir déniché en N2 et faire mûrir. La question aurait dû se poser lors de son départ en prêt à Ajaccio la saison dernière.
Deuxièmement, certains contrats de joueurs formés au club suscitent une vive inquiétude. C’est le cas notamment d’Aïmen Moueffek. Alors qu’il n’a toujours pas prolongé son contrat (expirant en 2024), il ne lui restera plus qu’un an sous les couleurs stéphanoises à la fin de la saison. En prenant en compte ses performances actuelles, il est probable que des clubs passent à l’attaque pour l’attirer, à des montants plus abordables que s’il disposait d’un long contrat. L’exemple de Bakayoko, prêté jusqu’à la fin de saison au Puy, rappelle sensiblement le cas de Moueffek. A son retour de prêt, il ne lui restera plus qu’une seule saison de contrat. Il aurait pu être cohérent de le prolonger avant de le prêter, afin de le protéger dans le cas où il performerait en Haute-Loire (Jurisprudence Krasso).
Autre exemple de mauvaise gestion, il est fréquent de voir le club proposer des prolongations à des joueurs gravement blessés, comme Gabriel Silva ou encore Yvann Maçon. Le premier a enchaîné les blessures et le club a été contraint de le libérer cet hiver afin de dégager de la masse salariale. Quant au second, pour qui le club aurait refusé une offre d’approximativement deux millions d’euros de Brest cet été (selon Romain Molina), il évolue désormais en prêt au Paris FC et le joueur, comme le club, ne souhaite plus entendre parler de l’autre.
Un passage de témoin laborieux
Pour le changement de coach également, le club attend fréquemment qu’il soit trop tard. Alors que la Direction avait déjà lancé un ultimatum à Laurent Batlles, le tacticien se retrouve à nouveau dans la tourmente suite à des résultats catastrophiques laissant l’ASSE à la 19ème place, à huit unités de retard sur le 15ème. Alors qu’il semble actuellement dépassé par les événements, le club ne semble toujours pas enclin à le débarquer.
L’année passée déjà, le club avait pris son temps avant de libérer Claude Puel de son contrat. Malgré une légère remontée au classement, le club est tout de même descendu. De plus, certains choix forts prennent du temps à être pris dans le Forez, comme le cas de Kolodziejczak l’année passée qui enchaînait les erreurs et les titularisations.
Une vente constamment repoussée
Concernant la vente du club, la question est la même… Pourquoi toujours repousser ? Il a fallu une descente en Ligue 2 et des débordements après les barrages à Auxerre pour que les présidents communiquent enfin sur une vente qui aurait dû rapidement intervenir. En revanche, malgré la crise toujours plus profonde, les actionnaires ont su se faire quelque peu oublier et il n’est aujourd’hui absolument plus question d’une potentielle cession du club… Peut-être espèrent-ils encore remonter cette saison en Ligue 1 ?
Ce retard constant sur l’ensemble des décisions importantes du club a mis l’ASSE dans un grave danger. En dehors d’une phase retour cauchemardesque (0 point sur 6 possibles), l’ASSE risque de goûter à nouveau aux mauvaises saveurs de la relégation…
Une seule chose est sûre, certaines décisions interrogent…