Le nom d'Yvan Gazidis est rattaché à la vente de l'ASSE depuis plusieurs semaines. Nous vous l'évoquions le 5 avril dernier. Depuis, Romain Molina et Bernard Lions (L'Equipe) confirment qu'il pourrait être le prochain boss de l'ASSE. Qui est-il ?
Yvan Gazidis aux origines de la MLS
Yvan Gazidis est un dirigeant sportif et administratif, principalement connu dans le monde du football. Né le 13 octobre 1964 à Johannesburg, en Afrique du Sud, Yvan Gazidis a étudié le droit à l'Université d'Oxford avant de commencer sa carrière dans le football en MLS.
Il fait partie des dirigeants qui ont révolutionné le football aux États-Unis en installant la Major League Soccer (MLS) en 1994.
Dix ans à Arsenal
En 2008, il s'engage avec Arsenal. Il dirigera le club pendant dix ans. Sportivement, son bilan n'est pas le meilleur de l'Histoire des Gunners. Mais sa spécialité n'est pas là. Yvan Gazidis sait générer des revenus financiers.
Orateur aguerri, Yvan Gazidis sait faire passer la pilule et connaît les rouages du football. En 2017, critiqué pour sa gestion sportive, il se défend :
« Chaque club a ses succès et ses échecs en matière de transferts. Les fans et supporters ont également chacun leur point de vue sur nos recrues. Enfin, les traitements médiatiques, particulièrement subjectifs, se propagent sur les réseaux sociaux et tendent à influencer les opinions des personnes. Il existe une façon très précise et objective d’évaluer l’efficacité des dépenses en matière de transferts : il suffit de comparer les performances des équipes par rapport aux dépenses de transfert. Arsenal doit certainement être le club le plus sur-performant parmi tous les clubs de Premier League. Nous sommes d’ailleurs également les plus réguliers. »
Il n'en reste pas moins qu'Arsenal n'a pas brillé avec Yvan Gazidis à sa tête. Pas les supporters assidus des Gunners qui diront le contraire.
Gazidis adulé à Milan
En 2018, il rejoint l'AC Milan lors de l'acquisition par Elliott Management, un fonds d'investissement. Après des années sous Silvio Berlusconi et un épisode sous pavillon chinois, il est missionné pour remettre de l'ordre. Ce qu'il parvient à faire.
Yvan Gazidis a fait ce qu'il sait faire. Générer de l'argent. Suffisamment pour redresser la situation économique compliquée du Milan AC. Il quitte le club en 2022. Un communiqué élogieux vient refermer l'aventure :
"L'AC Milan a annoncé aujourd'hui que le contrat d'Ivan Gazidis prendrait fin le 5 décembre 2022.
Ivan Gazidis a rejoint l'AC Milan en tant que PDG en décembre 2018 et a dirigé le club à travers une période de croissance et de modernisation, tant sur le terrain que dans d'autres activités commerciales.
Commentant cette annonce, le président de l'AC Milan, Paolo Scaroni, a déclaré : "Au nom de tous ceux qui sont associés à Milan, je voudrais remercier chaleureusement Ivan pour sa passion et son dévouement, mais surtout pour la contribution significative qu'il a apportée à notre Club, en représentant et diffuser les valeurs fondamentales qui nous distinguent".
« Comme je l'ai dit lors de notre récente Assemblée Générale, il est très facile d'être Président d'une entreprise qui a un PDG ayant les qualités d'Ivan" a conclu Scaroni."
D'un regard extérieur, Yvan Gazidis a fait le ménage à Milan. Il a équilibré des comptes à la dérive et replacé le club sur la carte de l'Europe en étant à sa tête.
Des zones d'ombres
Si à premières vues son passage à Milan semble couronné de succès, Yvan Gazidis est depuis plusieurs semaines rattrapés par une obscure affaire en Italie. Une affaire qui fait bien plus de bruit de l'autre côté des Alpes qu'en France.
Selon plusieurs médias italiens, le siège de l’AC Milan a été perquisition en mars 2024. Une opération menée par la Garde des finances italienne. De nombreux documents ont été saisis. Le président du Milan AC, Giorgio Furlani, est au centre de cette enquête. Tout comme… Ivan Gazidis, son prédécesseur.
La Gazzetta dello Sport s'est longuement penché sur ce scandale en Italie : "L'ancien et l'actuel PDG de Milan sont accusés d'entrave à l'exercice des fonctions publiques de l'autorité de surveillance".
Des délits qui pourraient être accompagnés de violations en matière de gestion et de finances. Mais pas que. Yvan Gazidis via Elliott est également soupçonné pour un problème qui dépasserait les frontières des Alpes.
Le LOSC concerné
Le Milan AC était détenu par le fonds américain Elliott Management. Un fond qui a souhaité s'inspirer des recettes qui ont fait la réussite du LOSC sous… Gerard Lopez. Un modèle de trading relativement classique, mais poussé en misant à outrance sur des jeunes joueurs à fort potentiel sportif et économique.
Plus important, le fonds Elliott fut le principal créancier de Gerard Lopez à Lille où il a contribué à la recapitalisation du club fin janvier en consentant à l'abandon d'une dette de 117 millions d'euros. Des liens étroits que la justice italienne souhaite éclaircir...
Les procureurs italiens soupçonnent Elliott d'avoir conservé une forte influence sur le LOSC. Ce qui viendrait violer l'article 5 du règlement de l'UEFA, celui sur "l'intégrité des compétitions et la copropriété.
Toutefois, le LOSC n'a pas réussi à faire mieux que se qualifier en Conference League. Le Milan AC étant en Ligue des champions, les deux clubs ne pouvaient pas se rencontrer. Ce qui viendrait réduire les chances d'infractions. Pour autant, l'histoire est obscure et l'enquête reste en cours. D'autant plus que l'UEFA, très attentive à la transparence, ne veut pas laisser cette affaire sans lendemain.
Pourquoi Gazidis à l'ASSE ?
L'Équipe du jour nous informe qu'Yvan Gazidis a été nommé président de Kilmer Sports Ventures.
"Fondée par Larry Tanenbaum, homme d'affaires canadien ayant fait fortune dans la construction, cette société est spécialisée dans les investissements dans le monde du sport et des médias. Yvan Gazidis serait très motivé à l'idée de reprendre l'AS Saint-Étienne. Mais il ne rachèterait pas directement le club. Un fonds canado-américano-chinois s'en chargerait avant de le placer à la présidence. Larry Tanenbaum (79 ans) ne se trouverait pas forcément à la tête de ce fonds. Selon un proche du dossier, il s'agirait plutôt d'un Américain."
Pour rappel, l'unique préoccupation d'un fonds de pension est de générer des profits à ses membres. Yvan Gazidis présente des références solides en la matière.
Si son parcours peut rassurer et convaincre les investisseurs du fond Kilmer Sports Ventures, ses échecs sportifs et l'enquête à laquelle il est directement liée peut inquiéter.
