Sorti dernièrement, le livre de Christophe Galtier "les marches du succès" offre de nombreuses interventions de ses anciens joueurs de l'ASSE. Tous sont unanimes pour louer l'excellent entraineur qu'il est. Extraits de Clément, Brandao, Brison et Clerc.
Jérémie Clément
"Au cours de mon aventure à l'ASSE, j'ai parfois eu l'opportunité de partir, notamment début 2013, mais j'étais trop bien dans ce projet. J'ai adoré travailler avec Christophe. J'ai quasiment joué tous les matchs et on a développé une relation très forte. Pourtant, j'étais chiant. Quelquefois, en toute humilité, je me dis qu'à ses débuts, mon caractère de merde a dû l'aider à se construire dans son management. Je sais que je l'ai vraiment emmerdé. Un jour, où Loic Perrin ne pouvait pas jouer, j'ai refusé de porter le brassard de capitaine parce que j'estimais ne pas avoir cette légitimité.
Un autre jour, j'ai estimé que son approche ne fonctionnait pas avant un match, j'ai dit que la vidéo nous avait pris la tête et il a arrêté la séance. On se disait toujours les choses en fait, et le lendemain de ma blessure contre Nice à 7 heures du matin, il était dans ma chambre d'hôpital. Il m'a regardé et m'a dit "Putain Jérémie, je n'ai pas dormi de la nuit". Il a été mon coach de mes 27 à mes 33 ans, soit à la période où l'on se pose le plus de questions, où on analyse le plus et il pouvait me dire d'aller n'importe où : je l'aurai suivi."
François Clerc
"Je trouve que la force de Christophe est vraiment de réussir à emmener les joueurs dans son chemin, mais de ne jamais le faire en passant de force. Il le fait avec subtilité. Je me souviens par exemple de la première fois où il a tenter son 3-5-2 avec Sainté, en mars 2014, à Lyon. Il n'a averti que les cadres de son système pour que l'on se prépare pour voir s'il avait l'adhésion. Il n'a jamais foncé contre l'avis de son groupe et c'est comme ça qu'il a réussi à créer du lien, à ne jamais perdre son groupe.
C'est aussi de cette manière qu'on a pu faire des performances, même si on a d'abord abordé les derbys en surjouant en étant trop timides. Il y a ensuite eu un déclin et on a réussi à exister sans être les mecs les plus talentueux de L1. Au début de l'ère QSI, on a d'ailleurs souvent embêté le PSG. Bon, ils se sont ensuite énervés et nous ont enchaînés, mais on a longtemps su maintenir notre pacte social. Je n'ai pas vu un tricheur, pas vu un mec refuser de faire un repli, et c'est le signe que chacun se retrouvait dans ce projet monter par Christophe Galtier et Stephane Tessier. On avait une âme, on dégageait une image, on a incarné un truc, et j'en suis fier."
Brandao
"Au-delà de la victoire en coupe de la ligue ou du tarot (que j'ai appris à Saint-Etienne, où on a parfois joué jusqu'à se mettre en retard pour l'entraînement), je garde le souvenir d'un entraîneur très ouvert. C'est un coach très ouvert. C'est un coach qui a la volonté d'apprendre des autres, qui a une capacité d'écoute et sait tout mettre en œuvre pour que son groupe ne se repose jamais sur ses acquis. Avec lui, j'ai appris qu'un bon coach est un coach qui dit les choses, qui est honnête, droit.
Il m'a aussi aidé à un moment où une personne avec qui j'avais certains contrats a essayé de faire jouer certaines clauses de mon contrat en sa faveur. Christophe m'a ouvert les yeux et m'a dit de me méfier. Derrière j'ai cessé cette collaboration avec cette personne. En passant il y a quelques mois mon diplôme d'entraîneur de football au Brésil, je me suis aussi rendu compte que le plus difficile est peut-être avec tout de gérer les gars qui sont sur le banc plutôt que ceux qui sont sur le terrain. Lui, il le faisait très bien. Tout était transparent."
Jonathan Brison
"Avant de venir je ne connaissais le coach Galtier que de réputation, de nom, et je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Il m'a recruté parce qu'il voulait un joueur sûr, fiable, et ça a vite cliqué entre nous. Quand quelque chose ne me plaisait pas où inversement, on s'est toujours dit les choses entre quatre yeux. Christophe n'a pas peur d'aller au frontal. Il préfère assumer plutôt qu'un joueur apprenne par une causerie. Le plus bel exemple c'est ce qu'il s'est passé avec Bayal avant la finale de la coupe de la ligue.
Ce qu'on retient, c'est ce trophée, bien sûr, parce que ce club mythique attendait un titre depuis longtemps et on a gravé nos noms dans l'histoire de l'ASSE. Je n'étais qu'un bon joueur de ligue 1, qui n'avait rien de bien extraordinaire, mais je me suis retrouvé au milieu d'une aventure magnifique. On a été porté par le charisme de Christophe Galtier, son pragmatisme, son efficacité, son talent pour mener une vie de groupe. Pour moi, la vie de groupe représente pas loin de 50% des résultats d'une équipe.
Ça ne veut pas dire que le coach n'a jamais hurlé, au contraire. Il y a même eu des gueulantes mythiques. Je me souviens l'avoir vu un jour rentrer dans le vestiaire et démonter les attaquants un par un, sauf Max Gradel. Pour la petite histoire, en décembre 2015, le club m'a dit que mon contrat ne serait pas renouvelé. J'ai joué avec la réserve mais, je me suis blessé à la cheville, c'était donc compliqué pour moi de retrouver un club, mais Christophe a tout fait pour que je re-signe un an, à moindre salaire, pour encadrer les jeunes de la réserve. Ça n'a pas été validé par la direction mais il a cherché une solution. Je ne l'oublierai pas."