Aïmen Moueffek enchaîne les apparitions ces derniers temps. L'ASSE met son joueur à l'honneur avec un long article dans son magazine Maillot Vert. Retour sur la formation du jeune stéphanois.

Un diament brut

François Pellegrin (St Maurice L'Exil) : "Vingt-deux ans durant, j'ai entraîné des dizaines et des dizaines de gosses à Saint-Maurice-l'Exil (Isère). Aïmen aura été le seul à afficher, aussi jeune, un tel potentiel. Des dispositions susceptibles de le conduire éventuellement au plus haut niveau et d'embrasser une carrière de joueur pro, à condition notamment d'être épargné par les blessures. Il avait incontestablement quelque chose en plus.

Je n'étais pas le seul à animer toutes les séances mais, en revanche, je les gérais toutes en amont et avais une vision globale de l'ensemble des jeunes à travers les différents ateliers.

"Il explosait tout le monde"

La première fois que je l'ai vu (Aïmen Moueffek), il m'a bluffé par son aisance technique. Entre séries de jongles et contrôles parfaitement maîtrisés sur des passes appuyées. Mais il était encore trop jeune pour être licencié. La saison suivante, il nous a rejoints en U7. Lors du premier plateau, il a explosé tout le monde. Un truc de fous. C'était engagement - but. Engagement - but. Mes collègues sont venus me voir : "C'est quoi ce phénomène !". Aussitôt, nous l'avons surclassé. Avec lui, c'était spectacle !

Je lui ai prodigué des conseils. On ne devait pas gagner des matchs, uniquement grâce à lui. Ce n'était bon pour personne : ni pour ses coéquipiers, ni pour lui. Mais il en avait pleinement conscience. Cette notion-là de groupe, il l'avait parfaitement intégrée. Il était toujours dans le questionnement, très à l'écoute, soucieux de progresser."

Des qualités humaines soulignées

"À la fin des séances, il me disait : "Je récupère le matériel". C'était vraiment dingue. Il était programmé. Il se démarquait, fracassait tout le monde mais savait que le chemin était encore long et qu'il ne parviendrait pas seul au but qu'il s'était fixé.

Sans compter ses qualités humaines : à l'image de ses parents, très humbles, il était poli, respectueux. Il avait toujours la bonne attitude. Et a effectué un choix pertinent en privilégiant le football au judo alors qu'il performait sur les tatamis"

Bernard Guérin (CASCOL Oullins)

"L'autre jour, nous consultions les archives de France Football, nous avons recensé pas moins de 35 pros ayant fait leurs classes chez nous. Nous avions forcément des yeux un peu partout. Nous étions présents sur les tournois et observions. Aïmen, qui évoluait en U9, m'a impressionné par ses qualités athlétiques mais également de finisseur. Il inscrivait beaucoup de buts.

Avec l'accord bien évidemment de son éducateur, j'ai rencontré ses parents et leur ai fait part de notre intérêt. Il lui fallait franchir le pas tout en sachant qu'il devait s'astreindre à deux séances hebdomadaires et qu'il résidait à 35 kilomètres d'Oullins. Il a toujours été ponctuel. Bien éduqué, il était à l'image de ses parents très avenants, jamais intervenants."

"One, two, three"

"Il pouvait incontestablement prétendre à jouer plus haut. Solide, n'hésitant pas à provoquer, il était doté d'une belle frappe et il n'était pas aisé de lui prendre le ballon. J'ai encore en mémoire une rencontre que nous avions jouée lors du tournoi prisé du Péage-de-Roussillon face à la sélection algérienne. Nous l'avions emporté, 3-0, un triplé d'Aïmen. À la fin du match, il avait chanté" : "One, two, three, viva le CASCOL !" Des "perfs" qui éveillèrent l'intérêt de l'Olympique Lyonnais coiffés sur le fil par l'AS Saint-Étienne. Pour le plus grand bonheur du club forézien depuis dix ans."

Photo : ASSE.fr