L’un a connu la Ligue des Champions, les Bleus et neuf saisons en Bundesliga. L’autre s’est imposé avec Lens et porte les couleurs de la Guinée. Dans une interview croisée accordée à La Voix des Sports, Joshua et Morgan Guilavogui reviennent sur leur parcours, leur relation fraternelle et les valeurs qui les unissent au-delà du football.

La complicité entre les deux frères saute aux yeux de ceux qui auront la curiosité de visionner le quiz croisé diffusé par La Voix des Sports sur leur compte Instagram. Pour Joshua, l’aîné passé par Saint-Étienne, Wolfsburg ou encore Leeds, chaque match de son cadet est lui procure de l'émotion : « À chaque fois que Morgan rentre, on stresse, parce qu’on veut qu’il fasse le meilleur match possible. Il a confiance en lui, il a déjà vécu de grands matchs. Mais en tant que grand frère, tu veux le voir marquer. »

Morgan, attaquant de Lens, assume pleinement le poids du nom : « On a chacun notre carrière. Il est milieu de terrain, je suis attaquant. Aujourd’hui, j’en fais une force, une fierté. Ce que Joshua a fait pour nous, j’essaie de le rendre à ses enfants. »

Depuis ses débuts au Paris FC jusqu’à la Ligue 1, le cadet a souvent trouvé en son frère un modèle de rigueur et de persévérance. « Quand je le vois transféré à l’Atlético, dans un grand club, je me dis : “Ah ouais, quand même.” Avant, je le prenais sur la PlayStation… », sourit-il.

Joshua, amusé, se souvient de l’époque où Morgan débutait : « Il voulait toujours me battre. Il me disait qu’il serait pro avant moi. Il a gardé cette flamme. Aujourd’hui, il a trouvé sa voie. »

Les Guilavogui : Un lien fort, bâti sur les valeurs et la culture

Les Guilavogui viennent d’une famille multiculturelle : un père guinéen, une mère marocaine, une enfance dans le sud de la France, entre Toulon et Saint-Étienne. Un mélange que les deux frères revendiquent. « C’est une force. C’est un honneur d’avoir deux personnes d’une même famille représentant deux sélections différentes. On est fiers d’être français, fiers d’être guinéens. L’équipe nationale de Guinée est, en France, respectée pour son sérieux et son travail », explique Joshua.

Morgan, qui a choisi de représenter le Syli national, raconte l’accueil chaleureux reçu en Guinée : « Dès mon arrivée à l’aéroport, j’ai vu des jeunes en vélo qui t’accompagnent, qui t’appellent pendant 30-45 minutes, qui te demandent un autographe. Tu te sens aimé comme un frère. »

Joshua, lui, confie un regard plus intime sur le continent africain : « Si j’étais allé en Afrique plus tôt, peut-être que j’aurais joué pour le Syli. Tu te rends compte que là-bas, le football est un vecteur de paix. »

Une relation fondée sur le respect et la transmission

Leur lien dépasse la sphère sportive. Joshua garde un œil bienveillant sur son frère, tout en refusant de jouer le rôle de mentor : « Je ne veux pas être un deuxième coach pour lui. Je veux qu’il se sente libre. Mais quand il m’envoie un bon match, je ressens de la fierté. »

Morgan, lui, n’a pas oublié les débuts partagés : les tournois en Corse, les concours à la maison, les conseils de leur père après chaque rencontre. « J’ai grandi avec les débriefs. À la maison, tout le monde donnait son avis. J’avais besoin de ça, de ce retour. »

Aujourd’hui, les deux frères savourent ce lien renforcé par les années. « On a commencé le foot ensemble, dans les centres de formation, chacun de notre côté. Revenir ensemble pour parler de notre parcours, c’est une grande fierté », confie Morgan. Joshua conclut, lucide : « Cette interview, c’est un symbole. On a chacun tracé notre route, mais on a réussi à cocher les cases qu’on voulait. »

Deux destins, une même passion

Joshua Guilavogui, champion d’Angleterre avec Leeds en 2025 après une longue carrière européenne, et Morgan, international guinéen épanoui en Ligue 1, incarnent deux trajectoires parallèles. L’un représente la sagesse et l’expérience ; l’autre, la fougue et la relève. Mais tous deux partagent une vision commune : celle d’un football qui dépasse les frontières, guidé par la famille, la loyauté et le respect. « Quand je vois Morgan réussir, c’est comme une victoire personnelle », résume Joshua. « Et quand je vois Joshua à la télé, je me dis que tout est possible », lui répond son frère.