Dans une interview, donnée il y a maintenant un an et demi pour le média novégien Aften Posten, Eirik Horneland se dévoile. Son approche, ses craintes, ses rituels, sa famille, son histoire... On y découvre un homme fascinant, rempli de doutes et de convictions, bourreau de travail... Un homme attachant.

Eirik Horneland (Entraîneur de l'ASSE) : "Se relever après une défaite est une épreuve. Quand on perd, j'ai honte. La douleur traverse tout mon corps jusqu'à ce que je me lève et que je trouve une concentration positive pour me préparer à affronter les joueurs. Le lendemain d'un match, je suis toujours épuisé, peu importe le résultat. C'est seulement au deuxième jour que je commence à récupérer.

Ma principale motivation, c'est la peur fondamentale de l'échec. Mais il y a aussi le bien-être. Le bien-être au bureau, dans les vestiaires, sur le terrain, et pendant les matchs. Cela ne se voit peut-être pas, mais c'est une adrénaline que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.

Le lendemain d'un match, mon rituel est immuable : je mange un yaourt nature avec des flocons d'avoine et je visionne les images de la rencontre. Ce que je cherche ? Une organisation précise à mettre en place. Le grand défi, c'est le timing. Chronométrer les mouvements entre les joueurs est crucial. Construire un timing capable de déstabiliser les adversaires tout en résistant à leurs assauts est extrêmement exigeant. Ce que j'observe sur la vidéo, je dois d'abord le traduire dans ma communication avec les joueurs, puis sur le terrain d'entraînement, avant de l'appliquer en match. C'est simple en théorie, mais incroyablement complexe en pratique."

"Je suis obsédé par la performance au travail"

Eirik Horneland (Entraîneur de l'ASSE) : "Je suis obsédé par la performance au travail, ce qui explique pourquoi je cherche à vivre aussi simplement que possible. En dehors de ma famille, le travail est ma priorité, parfois même au détriment de mes rôles de mari et de père.

Je viens d'une famille de bourreaux de travail. Mon père tenait une quincaillerie à Haugesund, et ma mère était infirmière. Nous, les enfants, avons appris très jeunes à travailler et à gagner notre propre argent. Nous étions trois frères : Jone, l'aîné, Trond, le cadet, et moi, le benjamin. J'admirais beaucoup Jone, un rockeur plein de vie. Mais à mes 12 ans, un drame a changé nos vies. Jone est tombé d'une fenêtre, chutant de plusieurs étages. Il a survécu, mais ses blessures étaient graves : perte de vue et d'odorat, opérations multiples. Malgré tout, il a voulu continuer à vivre normalement, même si cela s'est avéré difficile. Plus tard, il a succombé à une crise d'épilepsie.

Quant à Trond, il était trop intelligent pour perdre son temps avec le football. Il a réussi brillamment dans la finance, devenant l'un des meilleurs gestionnaires de fonds au monde. Moi, j'étais fasciné par le football. Après ma carrière de joueur professionnel, j'ai gravi les échelons comme entraîneur. Mais à Rosenborg, je n'ai pas réussi à atteindre les objectifs. Mon manque d'expérience m'a coûté cher. Ne pas pouvoir être pleinement moi-même m'a épuisé. Finalement, j'ai pris la décision de partir."

Horneland : un entraîneur exigeant et frénétique !

Eirik Horneland (Entraîneur de l'ASSE) : "En 2020, Kare Ingebrigtsen m'a offert un poste d'entraîneur adjoint à Brann. Mais après son licenciement, j'ai pris sa place. Peu après, un scandale éclatait : plusieurs joueurs avaient organisé une soirée débauchée dans le stade. Cet épisode a été un choc pour tout le monde et a entaché l'image du club. Malgré cela, nous avons travaillé dur et retrouvé l'élite grâce au soutien des supporters.

Dans le football, l'équilibre entre les hauts et les bas est essentiel. Vos forces peuvent devenir vos faiblesses. Un entraîneur exigeant et frénétique peut obtenir des résultats, mais cela peut finir par lasser. Peu d'entraîneurs restent longtemps dans un club, la durée moyenne étant de deux ans et demi."

D'après les extraits publiés par Poteaux Carrés