À l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 770 qui, depuis 1933, ont un jour porté le maillot Vert. De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.

José ALOISIO (42 matches, 10 buts de 1999 à 2001) : LE TAUREAU DE GOIAS

Recruté sur VHS

Lorsque le président de l’ASSE, Alain Bompard et son directeur sportif, se rendent au Brésil en mai 1999, c’est pour superviser un avant-centre prometteur. Conseillé par des recruteurs avisés dont Carlos Curbello, l’ancien joueur de Nancy, les dirigeants stéphanois reçoivent une VHS en très mauvais état. Celle-ci présente le Brésilien Aloisio. Il semble être la perle rare recherchée.

Avant leur voyage, les dirigeants stéphanois étaient déjà convaincus par les qualités de l’attaquant et ils avaient obtenu son accord verbal pour s’engager chez les Verts. Il ne manquait plus que sa signature qu’ils étaient venus obtenir. Ils n’imaginaient pas repartir toutefois avec son compère Alex qui avait aussi réussi à impressionner Gérard Soler.

Jose Aloisio and Alex Dias during match of Saint Etienne on 15 march 2000. Photo : Avalon / Icon Sport

 

Des débuts prometteurs

Dès son premier match avec les Verts, Aloisio impose ses qualités de puissance au centre de l’attaque stéphanoise. En match amical contre Arsenal le 24 juillet 1999, à Geoffroy-Guichard, il ne lui faut que huit minutes pour trouver le chemin des filets.

Il est le point d’ancrage indispensable sur lequel peut s’appuyer le deuxième attaquant qui ne va pas tarder à être Alex. Le duo fera vibrer le stade Geoffroy-Guichard et emmènera un public aux anges avec la complicité évidente de ces deux joueurs.

Le championnat de France découvre un phénomène de puissance et d’efficacité dès Monaco (1ere journée, 2-2) contre lequel il égalise à la 52e d’un lob subtil sur Fabien Barthez.

À Marseille, s’il ne marque pas, il est un tel poison pour la défense olympienne qu’il permet à ses partenaires de briller, en particulier Stéphane Pédron, auteur d’un doublé (3-3).

Face à un autre cador européen, l’Inter Milan, le 10 août 1999 (2-1), en match amical, il enrhume Laurent Blanc et le gardien Angelo Peruzzi pour une ouverture du score. Un but qui finit de convaincre les supporters stéphanois qu’ils ont, devant leurs yeux, le véritable buteur qui manquait à l’équipe.

16 FÉVRIER 2000, ASSE-MONTPELLIER 5-4, LE MATCH RÉFÉRENCE D’ALOISIO

Aloisio se démène sur le front de l’attaque, mais il lui manque un match référence pour marquer les esprits. À l'image de celui contre Marseille à Geoffroy-Guichard pour Alex qui avait réussi un quadruplé (5-1) le 12 décembre 1999.

Or, les Verts n’ont plus gagné en D1 depuis cette fameuse rencontre, soit un nul et six défaites. Ils ont glissé à la 12ᵉ place du championnat à seulement un point du 16ᵉ (sur 18). Ils reçoivent Montpellier, la lanterne rouge, le 16 février 2000 pour le compte de la 26ᵉ journée. Les Stéphanois doivent remporter la victoire pour ne pas se retrouver dans une situation bien plus dangereuse encore et batailler pour le maintien qui deviendrait hypothétique.

Dans un premier temps, pour les débuts de Jérémie Janot en D1, rien ne se passe comme prévu. À la suite d’un but contre son camp malheureux de Jean-Guy Wallemme (11ᵉ) et d’un contre assassin, Saint-Etienne est menée 2-0 à la 22ᵉ minute de jeu.

Stéphane Pédron et Aloisio sonnent la révolte (le Brésilien égalise) et les hommes de Robert Nouzaret marquent quatre fois pour basculer à la mi-temps avec deux buts d’avance (4-2). On pense que l’affaire est pliée. Pas du tout ! Les montpelliérains égalisent en moins de trois minutes en seconde période (55ᵉ, 58ᵉ). Ils font le siège de la cage stéphanoise pour arracher la victoire face à un adversaire dans le doute.

Le match bascule dans la légende lorsque la neige s’invite à gros flacons, rendant le match surréaliste. Aloisio en profite pour s’en aller inscrire un deuxième but en toute fin de partie (82ᵉ), son seul doublé en Vert. Il permet ainsi à ses coéquipiers de remporter une rencontre décisive pour la suite du championnat (5-4).

Les Verts ne perdront plus qu’une seule fois jusqu’à la fin de la saison pour terminer à une belle 6ᵉ place.

42 MATCHES ET 10 BUTS MAIS… UN FAUX PASSEPORT

 L’attaquant brésilien espère confirmer ses bonnes dispositions au cours de la saison 2000-2001, sa deuxième dans le Forez. Il réalise un début de compétition très convaincant.

Avec lui, les Verts jouent pour une place de leader dès la 5ᵉ journée à Auxerre. Malheureusement, il se blesse sérieusement dans une rencontre que Saint-Etienne finit par perdre 4-3.

La journée suivante, lors du derby face à l’OL (2-2), Jean-Michel Aulas qui a appris que les passeports des deux Brésiliens étaient faux. Il exige qu’Alex ne joue pas. La fameuse affaire du même nom est enclenchée et elle emportera tout sur son passage, Aloisio étant, lui aussi, impliqué.

Il ne fera ses retours sur le terrain en D1 que le 7 avril 2021. Le 14 avril, l’ASSE mène 3-1 à Monaco pour l’une des dernières chances de se maintenir. Mais pour une raison incompréhensible, l’un des deux coentraîneurs, Rudy Garcia, fait sortir son attaquant. Les Verts sont emportés par les déferlantes monégasques (5-3).

La relégation devient dès lors une quasi-certitude. Comme il est impensable pour lui de jouer en D2 la saison suivante, il peut monnayer ses talents au Paris SG qui est ravi de l’accueillir.

Le taureau de Goias (à cause de son physique imposant) a laissé une trace remarquable à Saint-Etienne en n’ayant joué qu’une saison et demie en Vert. Il n’a participé qu’à 42 rencontres (tout un symbole) pour 10 buts marqués, mais son aura dépasse ces statistiques modestes.

Il a formé un duo avec son compère Alex qui a marqué toute une génération de supporters. Le retrouver parmi les 50 meilleurs de l’histoire de l’ASSE n’a donc rien de surprenant.

By Albert Pilia