L’ancien portier de l’ASSE est en conflit avec le dernier club de sa carrière. Après plus de 380 matchs sous le maillot vert, Stéphane Ruffier est le gardien le plus capé de l’ASSE. Malgré tout, l’histoire d’amour entre les deux parties s’est terminé sur une fausse note qui a été le licenciement de son gardien pour faute grave. Un fait que conteste le joueur en justice. Le verdict est tombé.

 

Le 4 janvier 2021, Stéphane Ruffier, qui était arrivé en 2011 à l’ASSE, est licencié par le club qui a donné cette information via un communiqué minimaliste.

Le communiqué de l’ASSE

« Après la procédure disciplinaire engagée à l’encontre du joueur, l’AS Saint-Étienne a décidé de rompre le contrat de Stéphane Ruffier, lequel se terminait le 30 juin 2021.

Stéphane Ruffier se trouve donc libre de tout engagement. 

L’ASSE regrette d’en être arrivée à cette décision, rendue inéluctable par l’attitude du joueur qui portait atteinte à l’institution. »

 

 

Un monument à l’ASSE

Capitaine pendant 29 rencontres et porteur du maillot 383 fois, Stéphane Ruffier a été le meilleur gardien de l’ASSE du 21ᵉ siècle. Atteignant l’équipe de France, mais aussi l’Europe avec l’ASSE, il contribuera grandement à la période faste sous Christophe Galtier.

Décisif à maintes reprises, il a réussi 141 clean sheet avec le maillot vert, soit un clean sheet toutes les trois rencontres. Des statistiques démentielles pour un garçon qui n’a jamais été contesté sportivement tant il faisait l’unanimité au club.

 

L’ASSE condamne l’empereur Ruffier

Claude Puel est revenu sur son altercation et sa gestion du « cas Ruffier » dans son autobiographie. « Le comportement de Stéphane Ruffier, lors de notre première collaboration sur mon deuxième match, à Bordeaux, m’avait pour le moins surpris. Il m’avait interpellé en plein match, me demandant, à mots crûs, de me taire, gestes à l’appui, après une intervention de ma part sur son jeu au pied.

De mon banc, je demandais à Stéphane de mettre plus de rythme dans nos reprises de jeu… « Oh toi, là-bas, tu ne vas pas recommencer, tu vas fermer ta grande g… ! ». Il m’apostrophait à nouveau avec des mots déjà proférés auparavant que je n’avais jamais entendus de la part d’un de mes joueurs en plus de vingt ans de carrière et pour une demande qui ne me paraissait ni désobligeante, ni incongrue. »

L’ASSE s’exprime par son avocat dans les colonnes du Progrès cette semaine :

« Par la voix de Me Olivier Martin, l’ASSE attaquait « le comportement réfractaire (de Ruffier), en parfaite opposition aux directives de l’entraîneur à partir de février 2020

L’empereur Ruffier arrive volontairement en retard à l’entraînement pour montrer qui c’est le patron ». »

 

Un monument touché

Stéphane Ruffier s’est récemment exprimé dans So Foot. Rappel :

« Dès qu’il est arrivé, cet individu (Claude Puel) a voulu dégraisser et a choisi de taper dans le gros. En dégageant Ruffier, il s’est offert de la crédibilité pour la suite, sauf qu’il a décidé d’employer la manière très forte, en me faisant passer pour un moins que rien, un mec qui n’avait rien à faire dans un groupe et qui semait la terreur dans le vestiaire.

C’est passé par un harcèlement quotidien, des humiliations publiques dans la presse… Mais est-ce que je dois rappeler que j’ai joué plus de 400 matchs de ligue 1 (428), que je n’ai eu de problème dans aucun groupe, que je suis resté longtemps à l’AS Monaco, dix ans à l’ASSE, que j’ai eu plusieurs entraîneurs et que ça s’est toujours bien passé ? Jamais un coach n’a pointé du doigt mon professionnalisme ou mon comportement et je ne crois pas avoir entendu beaucoup de coéquipiers parler de moi en mal.

Pendant dix ans, Roland Romeyer m’a appelé « fils » tous les matins et me faisait la bise. Tous les matins. Et bah, j’espère qu’il ne se comporte pas comme ça avec son propre fils… Il ne m’a jamais soutenu, mais je n’ai pas été totalement surpris vu comment je l’ai parfois entendu parler d’anciens joueurs qui avaient fait de belles choses au club..

« Bernard Caïazzo, lui… Il faut savoir qu’il a un jour envoyé un message à des journalistes en écrivant : « Quand est-ce que vous allez le détruire, lui ? ». Sauf que dans les destinataires, malheureusement, il y avait mon agent. Comment un président peur faire ça ?

 

La sanction tombe

Selon les informations de nos confrères d’Evect, la décision du Conseil des Prud’hommes de Saint-Étienne est tombée :
« Il a été décidé d’annuler la mise à pied disciplinaire de Stéphane Ruffier prononcée par l’ASSE le 27 juillet 2020. Le Conseil des Prud’hommes de Saint-Étienne juge que la rupture anticipée du contrat de travail à durée déterminée pour faute grave de Monsieur Stéphane Ruffier, non fondée.

Le Conseil des Prud’hommes a condamné l’AS Saint-Étienne à verser à Stéphane Ruffier les sommes suivantes :

  • 24 923,22€ correspondant la mise à pied des six jours à compter du 16 juillet 2020
  • 2 992,32€ pour les congés payés sur cette somme-là
  • 112 153,28€ correspondant à la mise à pied du 17 novembre 2020 au 26 décembre 2020
  • 11 215,32€ pour les congés payés sur cette somme-là
  • 608 824,37€ de dommages et intérêts pour rupture anticipée du contrat à durée déterminée
  • 90 342,80€ de dommages et intérêts en raison du préjudice lié à la sanction disciplinaire disproportionnée qui lui a été notifiée.
  • 2 500€ au titre de l’article 700 du Code de Procédure civile qui correspond aux frais d’avocat.

L’AS Saint-Étienne va donc, en tout et pour tout, devoir régler la somme de 852 951,31€ à Stéphane Ruffier. »

 

L’ASSE s’en sort donc très bien. Toutefois, il parait évident que le club ne sort pas grandi de cette affaire.