Comme chaque semaine, le magazine de l’AS Saint-Etienne, Maillot Vert, met à l’honneur le parcours d’un de ses joueurs. Après, Sow, Larsonneur… C’est au tour de Jipé Krasso. Extrait.

« J.P., enfant, était mal dans sa peau. Il n’avait pas confiance en lui, doutait mais, pour autant, il n’a jamais lâché. On ne lui a rien donné. Ce qu’il est devenu aujourd’hui, un footballeur de qualité et un homme bien, sain, humble, apprécié du vestiaire, il ne le doit qu’à lui-même et à son entourage, et notamment sa maman. » Ses propos, nous les avons empruntés à son premier éducateur à Chartres Horizon, David Natier, tout aussi modeste que le prolifique buteur et passeur des Verts. « J’ai encore en mémoire sa première séance. En l’occurrence, des exercices devant le but. J.P. réalise un bel enchaînement et frappe dans la foulée au-dessus de la transversale. Il s’écroule en pleurs.« 

« Nous l’avons choyé, avons été très exigeants envers lui. Pour son bien. Et il l’a parfaitement compris. Quelque part, à notre petit niveau, nous avons contribué à le construire, à lui donner une certaine forme de rigueur. Nous avons en somme posé la première pierre à l’édifice.

Alors qu’il était U13, je l’ai accompagné au premier tour de détection afin d’intégrer le Pôle Espoirs. Il avait été bon, voire très bon mais curieusement, il n’avait pas été retenu. Il était frustré, dans l’incompréhension. Il était en avance morphologiquement parlant mais il ne s’agissait pas de son seul atout. Et au final, cela l’a sans doute desservi ce jour-là« , se remémore David Nantier.

Partant du principe que les échecs nourrissent les succès de demain, Jean-Philippe, état d’esprit irréprochable en bandoulière, ne rendit pas les armes et fut incorporé au Sports Études du Collège Mathurin Régnier. « En U14, il évoluait en pointe et portait littéralement l’équipe. Il était attiré par le but. Avec lui devant, on savait que ça allait faire ficelle ! » Le Pôle Espoirs de Châteauroux lui ouvrit alors enfin ses portes, un an plus tard. « C’était incontestablement l’un des meilleurs éléments du groupe. Je me souviens d’un match à Clairefontaine où il avait signé un doublé et délivré une passe décisive. Il y avait pas mal de recruteurs. » Et le portable, comme par enchantement, de vibrer et vibrer encore. « Valenciennes, Tours, Lyon et Lorient avaient jeté leur dévolu sur lui. » Ce sont finalement les Merlus qui l’attirèrent, à 16 ans, dans leurs filets. « Il était encore jeune. C’était le seul 97« . Et l’aventure morbihannaise s’interrompit.

17 Jean-Philippe KRASSO (asse) during the Ligue 2 BKT match between Saint-Etienne and Dijon at Stade Geoffroy-Guichard on February 11, 2023 in Saint-Etienne, France. (Photo by Dave Winter/FEP/Icon Sport)

C’est là que Xavier Colin, son futur coach à Épinal, l’a repéré. « Il avait claqué d’entrée. Doté, d’une belle patte gauche, il jouait sur le côté, était puissant. Il pouvait non seulement représenter un intéressant point d’appui mais également percuter, faire mal, éliminer.

Aussitôt, je me suis dit : voilà l’attaquant qu’il nous faut. Il a le profil recherché. Il a été l’un des artisans majeurs de notre parcours en Coupe de France en 2020 (le club vosgien, engagé en N2, fut éliminé par les Verts, futurs finalistes, en quart de finale, 1-2). On a tous en mémoire son doublé face à Lille qui a servi de révélateur. Il s’appuie, en outre, sur une décontraction bluffante. Son altruisme n’est plus à louer. Il a en lui cette faculté rare à faire jouer les autres.

Jean-Philippe, c’est un grand nounours qui a besoin de se sentir en confiance. Partout où il est passé, il a fait l’unanimité. Attachant, au top dans un vestiaire, il a grandi et passé un cap en Corse et à Sainté. Et je n’en suis pas surpris. Il avait tout pour réussir. Il doit cependant être plus présent dans la surface, plus tueur devant le but« . »