Dominique Rocheteau continue sa tournée médiatique afin de promouvoir la sortie de son livre sorti cette semaine : Foot sentimental. Après une apparition dans C à Vous, l'Ange Vert s'est confié aux journalistes du Parisien.

Dominique Rocheteau : "Je ne m’épanouirais pas dans le foot d’aujourd’hui. Il y a tellement d’argent aujourd’hui que ce n’est plus le même sport ni le même état d’esprit. Il y en avait à mon époque et cela ne me gêne pas d’évoquer l’affaire de la caisse noire de Saint-Étienne dans les années 1980. Mais là, trop c’est trop. Franchement, aujourd’hui, l’image du foot est écornée. Beaucoup de gens continuent à aimer ce sport sans se retrouver dans ce football-là.

Ce qui m'agace, c'est ce fossé grandissant avec le reste des gens. Ils sont dans leur bulle et c’est presque insupportable. C’est un danger pour ce sport. Même s’il y aura toujours des supporters, on est en train de perdre la notion la plus importante du passé : le côté populaire du foot.

Je pense notamment aux grands clubs où le prix des places devient inatteignable. Il ne faut pas oublier ce qu’on appelle « les petites gens. » C’est ce qui s’est passé en Angleterre et aussi au PSG.

SUPPORTERS SAINT ETIENNE - ENVAHISSEMENT DU TERRAIN - 15.01.2013 - Saint Etienne / Lille - 1/2 finale de la Coupe de la Ligue 2012/2013

J’aime des clubs comme Saint-Étienne, Lens ou Brest pour le côté encore accessible et populaire avec des places abordables. Mais ces racines-là sont en train de s’en aller dans le foot pro et cela m’inquiète. Il n’y a pas que le PSG en Europe mais c’est vrai que les supporters sont désormais vus comme des clients. Alors qu’il faudrait avoir plus de considération pour eux.

J'ai toujours aimé, joueur puis dirigeant, garder le contact avec les supporters. C’est un rapport sain. Dans les tribunes, ce sont ces gens qui donnent de la passion. Le minimum, cela devrait être de leur parler. Au lieu de cela, tout est coupé et ultra-protégé.

Le nombre de matchs de plus en plus grand qu’on demande de jouer, ça me choque. On a beau dire que les effectifs sont larges, ce sont souvent les mêmes qui jouent. On ne cesse de rajouter des matchs sans tenir compte de la santé des principaux acteurs. Où s’arrêtera cette course effrénée ? Si on risque de me prendre pour un naïf ? J’arrive à un âge, 68 ans, où je peux me retourner sur ce que j’ai fait, et m’autoriser à dire des choses que je n’aurai pas exprimées avant. Mais je n’aime pas le terme de « naïf. » Je préfère le mot « idéaliste. » Ça, c’est un joli mot je trouve."

Présent sur le plateau d'Europe 1 ce matin, Dominique Rocheteau a évoqué l'ASSE brièvement :

Aujourd'hui, je regarde les matchs des Verts avec des yeux de supporters. Mais également avec un oeil d'ancien joueur. Je suis stressé. C'est vraiment mon club. Je ne rate pas un match. Parfois, c'est un peu difficile. Je regarde ça de loin maintenant et souhaite évidemment une remontée en L1. Dans la rue, on me parle plus de Saint-Etienne. Sauf sur Paris. Saint-Etienne ressort toujours. 

Je n'ai plus d'activité dans le monde professionnel."