19 novembre 1967
Les débuts de la « Panthère noire »
UNE ARRIVEE A SAINT-ETIENNE LEGENDAIRE
Un supporter des Verts, d’origine libanaise et vivant au Mali, Charles Dagher informe l’ASSE qu’il a décelé un jeune prodige, Salif Keita, qui doit absolument jouer à Saint-Etienne. Intrigué, les dirigeants stéphanois envoient un billet d’avion à cet espoir de 21 ans pour qu’il effectue un essai dans le Forez mais sans réelle conviction. Le Mali refusant de libérer son footballeur, il part du Mali clandestinement via Monrovia, la capitale du Liberia (où on lui vole tout son argent) pour se rendre à Paris par avion.
Son arrivée à Saint-Etienne fait partie de la légende de l’attaquant africain. Il Atterrit à Paris le 14 septembre 1967 et bien que les témoignages divergent, une chose est sûre, personne ne l’attend. Soit selon les uns, il s’est trompé d’aéroport (Orly au lieu du Bourget ou le contraire) soit aucun membre de l’encadrement stéphanois n’a fait le déplacement. Qu’à cela ne tienne ! Après avoir essuyé plusieurs échecs, il persuade un chauffeur de taxi de le conduire à Saint-Etienne. C’est un trajet de 500 km dont le montant demandé s’élevait alors à plus de 1 000 francs : Un investissement que le club a réglé, mais que, bien sûr, personne n’allait regretter.
Salif Keita, un taxi pour la gloire
LE MEILLEUR JOUEUR DE L’HISTOIRE DE L’ASSE
Salif Keita est accueilli par René Domingo, un ancien joueur de l’ASSE et responsable de l’équipe réserve qui lui fait visiter les installations. En le questionnant, le capitaine emblématique de l’AS Saint-Etienne apprend ainsi avec amusement que l’espoir africain était surnommé « Domingo » au Mali. Dès les premiers entraînements, le jeune attaquant impressionne tellement qu’il participe au lever de rideau du match de coupe d’Europe entre les Verts et les finlandais de Kuopio le 20 septembre 1967. L’équipe junior de l’ASSE affronte sa voisine l’Olympique de Saint-Etienne. Elle gagne 8-1 avec six buts de Keita. Les spectateurs présents ce soir-là ont eu le privilège d’avoir assisté à la naissance d’un futur champion.
Albert Batteux, le nouvel entraîneur stéphanois, est sous le charme du talent de Salif Keita. Il sent qu’il tient là une pépite et il précipite les démarches pour la qualification de son attaquant. Le Malien débute en championnat dès le 19 novembre 1967 à Monaco. Il ne lui faut que sept minutes pour trouver le chemin des filets, une victoire facile à la clé, 3-0. Avec Rachid Mekloufi, Batteux a deux éléments offensifs de classe internationale et pourtant il n’arrivera pas à les faire jouer ensemble. D’ailleurs, le jeune malien va connaître sa première désillusion. Lors de la finale de la Coupe de France contre Bordeaux en 1968, c’est Rachid qui sera titularisé à sa place, Batteux lui expliquant, qu’en raison de sa jeunesse, il a tout son temps.
Salif Keita marque son premier but en D1 dès son premier match
à Monaco le 19 novembre 1967
UNE CARRIERE EXCEPTIONNELLE A L’ASSE
De 1967 à 1972, les spectateurs de Geoffroy-Guichard pourront admirer un joueur qui aurait pu, s’il était né Brésilien, être sélectionné avec la « Seleçao » tellement il était capable de réaliser des gestes techniques incroyables. Il est ainsi considéré, sans quasiment aucune contestation possible, comme le meilleur joueur de l’histoire de l’ASSE. Son allure féline l’apparente à une panthère noire, qualificatif qui lui convient parfaitement et qui devient d’ailleurs l’emblème du club.
En 1969-1970, Salif Keita participe activement à la conquête du deuxième doublé en trois ans. Il est un des artisans de la qualification historique face au Bayern Munich (0-2 et 3-0) et des raclées infligées à Lyon (7-1 et 6-0). C’est donc sans surprise qu’il se voit décerné par le magazine France Football le premier ballon d’or du meilleur joueur africain qui paraît avoir été créé pour lui. Et que dire de la saison 1970-71 où il marque pas moins de 42 buts en championnat pour devenir le soulier d’argent européen avec un sextuplé contre Sedan ! Un record pour un attaquant stéphanois en D1 et qui n’est pas prêt d’être battu.
Le 31 mars 1971 à Paris, « une entente ASSE-OM » dans laquelle figure Salif Keita joue un match amical contre l’équipe brésilienne de Santos du Roi Pelé. On ne voit que lui sur le terrain à tel point qu’il vole la vedette au triple champion du monde en réalisant un match énorme.
En hommage à cette carrière exceptionnelle sous le maillot vert il est nommé le 26 juin 2013 ambassadeur à vie du club stéphanois.
Salif Keita, premier ballon d’or Africain en 1970
Revoyez l’exploit de l’AS Saint-Etienne contre le Bayern Munich (3-0) en 1969 avec Salif Keita par l’intermédiaire de notre partenaire ASSE Memories :
Article signé Albert Pilia