L'AS St-Etienne a reçu avec une forme de "soulagement" les sanctions infligées par la commission de discipline de la Ligue de Football Professionnel. Le résultat d'un changement de braquet en interne. Les dirigeants semblent vouloir sonner la fin de la récréation avec ses Ultras et seraient déterminés à prendre des mesures radicales.

En étant frappée de 6 matches à huis-clos dont deux avec sursis et du retrait de 6 points dont 3 avec sursis, l'ASSE est ressortie des locaux de la LFP en poussant un ouf de soulagement. S'il n'y a pas de quoi sauter de joie, loin de là, la maison Verte aura tout de même senti le vent du boulet passant très proche de ses oreilles... C'est que les faits qui étaient reprochés aux supporters, et donc à l'ASSE en tant qu'organisatrice de la rencontre, sont graves : envahissement de la pelouse, puis jets de fumigènes en direction des gradins et bousculade générale. Bilan : une quarantaine de blessés légers. La régie commerciale de l'ASSE a estimé le montant des dégradations à 500.000 euros et la métropole stéphanoise, propriétaire du stade, a évalué les dégâts à plus de 80.000 euros.

La commission de discipline aurait pu avoir la main encore plus lourde sans les mesures prises par le club avant son passage devant l'instance présidée par Sébastien Deneux qui confirmait : "Les dirigeants stéphanois ont démontré qu'ils avaient déposé des plaintes nominatives contre certains de leurs supporters. Ils ont aussi annoncé avoir pris conscience de la nécessité de changer leurs relations avec leurs leurs ultras et être en discussion avec la préfecture de la Loire pour trouver des solutions. On en a tenu compte mais pour que le club parvienne vraiment à prendre une nouvelle orientation dans ses relations avec ses supporters, les pouvoirs publics vont devoir l'aider."

la préfecture pourrait dissoudre les associations de supporters !

Fans of Saint Etienne during the Ligue 1 match between AS Saint-Etienne and Stade Reims at Stade Geoffroy-Guichard on February 23, 2020 in Saint-Etienne, France. (Photo by Pierre Costabadie/Icon Sport) - --- - Stade Geoffroy-Guichard - Saint Etienne (France)

C'est du côté de la préfecture qu'une mesure radicale pourrait être prise selon les information d'Evect. En effet, les autorités publiques envisageraient sérieusement de dissoudre les différents groupes de supporters ultras stéphanois. Une réponse étonnante quand on sait que les Green Angels sont toujours actifs malgré une auto-dissolution de leur association il y a maintenant 9 ans. Redevenus simple "groupement de fait", le groupe existe toujours. Tom, l'un des représentants du groupe, témoignait en 2018 sur le site Evect :

"Il faut comprendre qu’il faudra toujours faire avec nous. On a un fonctionnement démocratique avec dix personnes qui tournent, prennent les grandes décisions et assument le quotidien du groupe: les tifos, le matos et les déplacements. Il n’y a pas de hiérarchie, de président, de vice-président ou un seul capo. Il y a juste un moteur. Le choix de la dissolution a été compliqué à faire. C’était un moyen de dire aux autorités : 'Le dialogue n'est qu'à sens unique. Quand il y a des problèmes vous tapez sur le bureau, mais pour faire avancer le débat vous ne tenez pas compte de ce que l'on dit. On est les Green Angels, on le sera toujours, on existera toujours. Et votre bout de papier qui vous permet de nous faire porter des responsabilités qu'on n'a pas forcément, on le déchire. Ça en devenait risible. On est dans une tribune de 9.000 personnes. Tu as quelques fumigènes, t’es directement convoqué le lundi. OK, tu es responsable du groupe mais pas des 9.000 personnes. Tu ne peux pas les contrôler."

Également dans le viseur de la préfecture, les Magic Fans 91. Ces derniers sont quant à eux toujours organisés sous la forme d'une association de type Loi 1901. 

Le référent supporters sur la sellette !

Illustration during the Ligue 1 Uber Eats match between Saint Etienne and Angers at Stade Geoffroy-Guichard on October 22, 2021 in Saint-Etienne, France. (Photo by Hugo Pfeiffer/Icon Sport)

Il semblerait que Roland Romeyer et Jean-François Soucasse, s'ils oeuvrent pour trouver des solutions, soient quant à eux beaucoup plus circonspects sur les répercussions que pourraient avoir une dissolution des groupes Ultras. Cela s’apparenterait pour eux à rendre encore moins lisibles ces groupes qui, ne nous voilons pas la face, resterons actifs dans les tribunes à l'image des GA92 depuis 9 ans.

Un temps envisagé, le remplacement du supporter liaison officier (SLO ou référent supporters) de l'ASSE n'a pas eu lieu. Le club qui avait déposé une annonce de recrutement pour pourvoir ce poste cet automne n'a semble-t-il pas déniché l'oiseau rare, capable d'entretenir des liens de confiance suffisamment forts avec les groupes de supporters. Pourtant, malgré ce qui a été évoqué à l'époque, de nombreuses candidatures avaient été réceptionnées par le club... qui cherchait certainement un profil bien particulier. Il l'a trouvé en recrutant Romain Ducarre, diplômé de la Toulouse Business School. Florian Merle, ex-SLO de l'ASSE évoquait les missions et qualités essentielles du poste il y a quelques mois :

"On ne voulait pas se précipiter dans le recrutement, on a voulu prendre le temps et notre dévolu s’est porté sur Romain Ducarre, un supporter du club. Il est là pour mener un projet complet. Le SLO a un rôle de médiateur, il est là pour dialoguer, établir une relation de confiance avec les groupes et organiser des rencontres avec eux lorsque c’est nécessaire. Il est aussi là pour contribuer à l’organisation des déplacements des supporters à l’extérieur, collaborer à l’organisation des activités à domicile, par exemple la préparation des tifos. Il est en quelque sorte le trait d’union entre le club et les supporters en général."

Romain Ducarre, sur la sellette il y a quelques semaines, est finalement resté en place. Il était pourtant le bon fusible... Il faut croire que le problème n'aurait pas été réglé avec une autre personne à sa place...

La préfecture ira-t-elle au bout de sa logique ? Pour quel résultat ? Le club va-t-il hausser le ton avec ses groupes de supporters au sortir d'une semaine qui lui fait payer cher les débordements de ces derniers ? La possible vente du club va-t-elle marquer une rupture dans la gestion des Ultras stéphanois ? une chose est certaine : le dialogue doit être renoué entre les autorités publiques, les instances du football, le club et les supporters.