Une arrivée à contre-coeur à l'ASSE ?
Niels Nkounkou : "Quand j’étais à Cardiff, mon nouvel agent m’a parlé français. Il m’a dit, la vérité, "écoute frérot, là, tu ne joues pas, faut recommencer à zéro". Quand je te dis zéro, on va reculer pour mieux rebondir. Sachant que moi, j'avais une clause à Everton. Si mon prêt devait se casser c'était avant le 10 janvier. Everton a fait les démarches mais Cardiff a trainé. Moi je voulais résilier.
Un matin je suis à Cardiff, c’est la merde. Tu sais qui m’appelle ? Cafi." Mathieu Cafaro, il était avec moi à Liège. Et là il était déjà à Sainté. Il me dit "frérot, ça fait 2 ou 3 jours à Sainté, ils ne font que me parler de toi. Vas-y, viens à Sainté !". Ils venaient de perdre. C'était le dernier de Ligue 2.
Moi je venais de me réveiller, je dis à mon gars : "Qu’est-ce que tu me racontes ? vous êtes derniers ! Vas-y je vais au foot, on s'appelle après." Je vais jamais le rappeler en vrai. Qu'est-ce qu'il me raconte. Déjà je suis dans un bourbier ici et tu veux m’attirer dans un autre bourbier.
Je raccroche, mon agent m’appelle. "J’ai 3 projets à te proposer : Wigan, Olympiakos et..." Je l’arrête tout de suite et lui dis : "qu’est-ce que tu me racontes ? Tu veux m’envoyer en Grèce, dans des pays bizarres, mon nom va être effacé de la liste et des cartes, laisse tomber !"
Puis il me dit : "J’ai un dernier plan. Moi, je ne suis pas très chaud, mais Philippe (Piola, son second agent), il est chaud de ouf" Je lui dis : "Mais attends, ne me dis pas que tu vas me parler de Saint-Etienne ?" Il me dit : "comment tu sais ?" Je lui dis : "je viens de raccrocher avec Mathieu Cafaro. Il m’a dit que Loïc Perrin il est chaud, tout ça. Mais je lui ai répondu direct, ils sont derniers. Qu'est-ce tu me racontes."
Et là mon agent me dit : "Je t'avais dit qu'il fallait qu'on reparte à zéro. Parle du projet à ton père. Et après tu me rappelles." J’appelle mon daron, je lui explique les projets. Il me dit : "j’ai bien étudié les projets, va à Sainté !" Je lui dis : "T’es sûr ?" Il me dit dit "Oui, je suis sûr. Ils sont derniers. Soit tu y vas, tu coules avec eux et tout le monde t’oublie. Soit tu mets le bleu de chauffe, t'essayes de faire un truc, vous vous maintenez et ton nom sera dans le maintien."
Mon agent me dit la même chose. Ils se sont monté un plan mon agent et mon père."
Les débuts de Niels Nkounkou à l'ASSE
Niels Nkounkou : "Le samedi on joue à Niort. Je suis sur le banc, je rentre. On gagne. Premier match et boum. Tu sentais que l’équipe était bonne mais qu’il manquait un truc. On gagne les deux premiers matches, après on perd contre Sochaux. Et puis on commence à remonter, à gratter des places. Plusieurs joueurs arrivent en même temps que moi. Kader Bamba, Dennis Appiah, Gautier Larsonneur et Charbo. Sachant que sur ces joueurs,, il y en a trois, ils ont les mêmes agents. Appiah, moi et Larsonneur ont est pluggé à Sainté.
La saison se passe. Mais déjà, je suis arrivé à Sainté, ils étaient derniers mais on aurait dit qu’ils étaient premiers, l’ambiance était lourde de ouf. Personne n’avait la tête baissée. Lourd de ouf !
Au début, on joue à quatre, j’ai toujours mes lacunes de défenseur. Un jour, le coach vient et me dit : "Là on va changer de système. Toi, tu vas être comme ça, derrière toi je vais mettre un mec qui va défendre. Toi, je veux que t’attaques. Si t’arrives à revenir pour faire les efforts défensifs, tu les fais. Si t’es KO parce que t’as beaucoup donné offensivement, t’inquiètes, derrière il y aura un mec pour te couvrir."
Une nouvelle saison commence en vrai. C’était Batlles. Il me voulait déjà à Troyes. Il me connaissait déjà, il savait ce que je savais faire. C’est pour ça qu’il m’a donné ces consignes-là. Derrière ça a roulé, frère !
Je ne peux que dire que ça roulait en vrai. Je crois que mon premier but, je l’ai marqué à Nîmes. Fin de saison je finis à 6-6. 6 buts, 6 passes dé’.
Je commence à aller en Espoirs, je fais les deux derniers rassemblements avant l’Euro. Je finis meilleur latéral gauche de Ligue 2. Franchement, j’ai cartonné de fou en Ligue 2. Sans mentir, une fois qu’on a changé de système, tu peux dire tout ce que tu veux, j’étais là, frère ! Le daron m’avait dit "mets le bleu de chauffe". Je l’ai mis mon gars, sauf que là il était vert. J’ai charbonné, j’ai eu ce que je voulais."
Les prémisses des tensions à venir
Niels Nkounkou : "Pourquoi il s’est passé ce qu’il s’est passé cet été là ? Comme je l’ai expliqué, quand je suis arrivé à Sainté, c’était un prêt avec option d’achat. Mais l’option mise par Everton était tellement haute que Sainté ne pouvait pas la racheter, sachant qu’ils ne savaient pas s’ils allaient se maintenir. Ils avaient des problèmes d’argent. Ils m’ont dit : "tu sais quoi ? L’option elle est là, on est obligé de l’accepter, mais en aucun cas on ne va la mentionner ou la lever." Je fais ma saison. Arrivé début avril, on joue le PFC. Le directeur vient me voir : "Niels, fin de saison, on leve l’option." Je leur dis : "Comment ça ?" Ils me disent: "vu ce que t’es en train de faire, on va se le dire, si on ne lève pas l’option, on va passer pour des fous ! Parce qu’on va laisser un joueur partir comme ça." Je crois qu’Everton avait mis l’option à 2,5 M€. Aujourd’hui des clubs de L1 ou des clubs étrangers te la rachètent, normal.
Là, c’était vraiment pour faire une plus-value. Du coup, je dis au directeur : "vous levez l’option, moi je ne joue plus, j’arrête de jouer."
Moi, à ce moment-là, je voulais retourner à Everton. Avant de signer le prêt à Sainté, j’avais prolongé à Everton. Je vais voir le coach, je lui dis : "C’est mort pour le Paris FC, ne comptez pas sur moi." Je lui explique. Le coach ne savait pas tout ça. Il me demande de finir ma saison et de laisser mes agents gérer.
Je fais mon match contre le Paris FC. Doublé. Passe dé au bout de 30 secondes de jeu. Après but du milieu de terrain. Un pétard. Le match il est chez moi, c’est à Paname, il y a toute la famille, tous mes gars. Je finis dans l’équipe type de L2, je finis dans les 5 meilleurs joueurs du championnat. En même pas 6 mois. Ça veut en dire en vrai que j’ai tué ça.
Nkounkou avec les Espoirs
Niels Nkounkou : " Plus tard, j'étais à la CAN de mon quartier. Je jouais avec le Congo. Sylvain Ripoll m'a appelé. Il m'a dit qu'il y avait beaucoup de blessé. Je lui ai répondu que j'étais ok. Je fais ma prépa. Je me suis même entrainé avec les A. On a fait une opposition. [...]
A ce moment-là, je repense à toutes les galères que j'ai rencontrées. A Everton, je ne jouais plus. J'ai été prété partout. Les fruits du travail commençait à enfin payer. On arrive à l'Euro, on avait que des cracks individuellement. Collectivement, on avait pas assez pu se connecter. [...]
Le bras de fer avec l'ASSE
Niels Nkounkou : "Après l’Euro, je fini mes vacances. J'étais sensé revenir le 27 juillet. Je leur dit que je ne rentre pas mais je suis obligé car je suis sous contrat. Je rentre.
J’avais rendez-vous à 9h15 ou 9h30. Je suis arrivé à 9h45 exprès pour leur montrer. Ils m’attendaient sur le parking du centre. Il y avait le directeur sportif et les team manager. J’arrive visage fermé de ouf, lunettes, casquette et tout.
Je passe devant le bureau du coach. Lui et moi, on avait une relation de fous malades. Je fais genre "j’ai pas vu" mais je savais que la porte était ouverte. Il me dit : "tu passes, tu ne dis pas bonjour ? Non non viens ! Il me dit "ça va, ou… ?". Il savait, il rigole. Je rigole avec lui direct.
Quand j'arrive au vestiaire, il y a un enfoiré, Victor Lobry. Lui, il aimait trop amuser le vestiaire. Dès que j'arrive, il dit : "Oh mais les gars, je pense que Niels il ne va vraiment pas venir !". Je rentre dans le vestiaire et il dit : "ah si, il est là !". Moi, je pète de rire. Et là ça commence à me chambrer. " Tu veux pas revenir, t'es bizarre. On avait créé des liens, tu veux déjà nous quitter".
J’essaye de ne pas en parler de tout ça. Ils jouaient le championnat direct là. Quand on me dit quelque chose, j'aime bien que ce soit respecté. On ne peut pas me manquer de respect comme ça. J'ai remplit la part de mon contrat moi. [...]
Je fais mon interview pour l'Equipe. Le lendemain j’ai rendez-vous avec la Direction. Je leur répète tout ce qu’on s'était dit. Ils me disent : "Mais c’est parce que t’as une offre que tu fais ça." Je leur dis : "mais encore heureux, j’ai envie de partir. Si je n’avais pas d’offre, je ne serais pas dans ton bureau en train de parler. Si je n’ai pas d’offre, je ferme ma gueule et je reste à Saint-Etienne. Je joue mon ballon. L'offre je l'ai. Pourquoi vous voulez me bloquer sachant qu’il y a eu des discussions bien avant et vous m'avez dit des choses ?" Si j'avais menti, ils auraient réagi."
"Je n'ai jamais triché à Saint-Etienne"
Niels Nkounkou : "Après, j’ai reçu des messages de la part des supporters, c'est normal. Moi, comme j’ai dit, quand je suis arrivé à Saint-Etienne, je n’ai pas triché. En match, à l’entraînement, envers les fans. J’ai toujours été à 100%. Sur le terrain, on aurait dit que ça faisait 100 ans que j’étais au club.
J'ai jamais triché. Les supporters peuvent m’en vouloir. C’est l’amour du club. Aujourd'hui, il y en a qui comprennent, il y en a qui ne comprennent pas, c’est comme ça. Quand tu sors de Ligue 2, avec la saison que t’as fait, t’espères aller plus haut. 6 buts, 6 passes Dé' en six mois. J’ai fait ce que j’avais à faire, je voulais me tester plus haut. J’ai un club allemand, qui joue l’Europe, qui me laisse cette opportunité-là. Quel footballeur va refuser ? Financièrement, sportivement, personne ne va refuser ?
"Je n’ai pas célébré, je me suis taillé"
Niels Nkounkou : "A Sainté, ça commence à être chaud,. Le mercato commence à être dur. Première offre, ils disent non. Deuxième offre, ils disent non.
Je ne pouvais plus les lire. Il y avait des insultes, des commentaires, des mensonges. J'ai dit au coach que je n'étais pas prêt pour jouer. Physiquement, je ne suis pas prêt. Mentalement, je ne me sens pas bien. J'ai répondu cash à mon coach. J’ai envie de partir. Je suis bloqué.
Le troisième match, on commence à trouver un terrain d’entente. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à jouer. Je me suis fait siffler. J'étais titulaire. Après 20 minutes, je suis cuit. A la mi-temps, je dis au coach que je n’en peux plus. Il me fait jouer les 90 minutes ! 90. Ils restaient sur deux défaites. Je joue, on gagne. Je n'ai rien fait d'exeptionnel. Après ce qui s'est passé, à la fin du match, je suis allé au vestiaire, j'ai pris mes affaires et je me suis taillé. J'ai joué mais ne me demandez pas de célébrer. Je suis rentré en civil, sans mon survet.
Le dernier jour, ils ont accepté le transfert. J’ai dit au club : "soit je taille à Francfort, soit je me rentre à Paris frère !".
Eux, ils voulaient faire un projet autour de moi pour remonter en Ligue 1. Moi je n'étais pas ok vu ce qu'ils m'avaient dit. Francfort faisait le pressing. Ils me voulaient depuis 3 mois. Je ne pouvais pas refuser ça. J'ai taillé à Francfort. Premier match, je rentre à la 75ème. Je marque. 1-1 contre Cologne. Frappe croisée. Là, tu réponds aux gens."