Un article proposé par Jean Berthier. Merci à lui pour cet excellent billet...
Il fut une époque où les Saint-Étienne-Nantes offraient un spectacle d'élite et promettaient au spectateur la confrontation de deux styles. On a beau savoir que beaucoup de temps a passé, que beaucoup d'argent a coulé sous le pont du football français, que les nouveaux riches d'aujourd'hui ne se vêtent ni de vert ni de jaune, le seul énoncé Saint-Étienne-Nantes ravive tant de souvenirs, qu'on s'abandonne à croire à la magie footballistique du temps retrouvé.
Hélas! Non seulement ce Saint-Étienne-Nantes n'a pas ravivé les ors du passé, mais il a dû ternir l'après-midi des plus de 30 000 spectateurs qui ne devaient pas se douter qu'ils allaient assister sous un soleil printanier au pire match de la saison, non seulement au pire match de Saint-Étienne à domicile, mais peut-être au pire match de l'année en première division. Le concours reste ouvert.
Sans un exploit individuel de Tabanou sur coup franc, le score serait resté vierge. Une immense bronca mêlant la colère à la frustration aurait alors accompagné le retour des joueurs au vestiaire . Mais ces trois points empochés par les Verts ont dû convaincre beaucoup de supporters de modérer leur déception, et le comptable en eux a fait taire l'amateur de football.
Mais au-delà de cette comptabilité positive, au-delà de la satisfaction passagère de constater que malgré ce naufrage, la navette verte n'a pris aucun retard et reste en course pour atteindre le bon port de la quatrième ou de la cinquième place, tout connaisseur de football a compris ce dimanche, à supposer qu'il ne le savait déjà, qu'elle navigue avec des arguments techniques très inférieurs à ce qui est exigé à minima par un prétendant à l'Europe.
Comme s'il s'était fait une raison, son entraîneur semble accuser par ses choix les faiblesses et les traits caractéristiques de son équipe. Saint-Maximin n'était pas sur la feuille de match et Monnet-Paquet avait été préféré à Mollo. Ni l'un ni l'autre titulaire n'aurait évidemment pu sauver ce match dans lequel, même Gradel, le meilleur stéphanois de ces derniers temps, ne parvenait à trouver ses repères. Mollo cependant apporta en vingt minutes plus de rythme que Monnet-Paquet qu'il remplaça en soixante-dix. Gageons que Saint-Maximin n'eût pu être plus pâle que le pâlot Corgnet.
Un joueur pourtant fit le match parfait; ce fut Tabanou. Deux minutes après avoir envoyé son ballon dans la lucarne, il s'évanouit, mais pas trop, juste assez pour que le médecin le délivre de ce cauchemar dominical. Il nous fallut, nous, attendre le coup de sifflet final.