Chaque année, c'est en moyenne 8 joueurs des centres de formation sur 10 qui ne sont pas conservés et voient leur rêve de professionnalisme s'envoler définitivement ou temporairement. Si une grande partie trouve grâce aux yeux de clubs amateurs évoluant en National ou régional, l'épreuve est forcément brutale pour de jeunes joueurs qui ont pour la plupart investi toute leur énergie dans leur rêve de professionnalisation. Parmi eux, Victor Lobry, actuel milieu de l'ASSE, raconte son parcours dans le journal Ouest France.
"Je m’étais préparé à ça. Je savais que je devrais aller voir ailleurs" explique Victor Lobry lorsqu'il apprend que le Stade de Reims ne va pas le conserver. Et commence alors une seconde vie. Celle du jeune joueur qui croit encore en ses qualités et espère rebondir dans une réserve professionnelle en multipliant les contacts avec les clubs, les agents, les intermédiaires, en enchaînant les essais...
Victor Lobry se souvient avoir vécu cette période esseulé : "Mon agent n’a pas été cool, mon agent n'a pas suffisamment défendu mes intérêts. C’est quelque chose qu’il faut avoir en tête quand on est dans le monde du football. Il faut faire attention de qui tu t’entoures."
Ouest-France raconte la réalité parfois cruelle des essais et autres oppositions dans des clubs plus ou moins intéressés par les joueurs qu'ils invitent : "Il faut donc s’armer de patience et multiplier les essais. Lobry est reçu en test à Boulogne-sur-Mer, alors en National. Sans nouvelles du directeur sportif, malgré une prestation qu’il juge bonne, il rallie, quelques jours plus tard, Dunkerque, dans la même division. Cette fois, c’est une opposition où 22 joueurs, tous à l’essai, s’affrontent. "Je ne souhaite à personne de vivre ça", souffle le milieu de terrain. "Ils ont déjà ciblé trois ou quatre joueurs et les autres sont uniquement là pour faire le nombre."
L'école apparaît comme une bouée
Le journal Ouest-France rappelle le parcours de Victor Lobry : "Le parcours de Victor Lobry, 27 ans aujourd’hui, fait figure d’exemple pour de nombreux joueurs en situation d’échec. Après avoir quitté Reims, il a effectué un parcours du combattant dans les divisions inférieures avant d’atteindre le Graal : jouer chez les professionnels. Passé par Limoges (N2), Tours (N) puis Avranches (N), il a signé à Pau, promu en Ligue 2, à l’été 2020. Recruté par l’AS Saint-Etienne lors du mercato estival 2022, il est titulaire dans l’antichambre de l’élite depuis trois saisons."
Une trajectoire singulière ou tout du moins beaucoup plus rare que celles de nombreux joueurs qui doivent franchir des obstacles liés au milieu du football ou aux aléas de la vie. L'herbe n'est pas forcément plus verte à l'étranger, sauf pour ceux qui acceptent de devenir professionnels dans des championnats mineurs.
Au final, il y a ceux qui rebondissent et raccrochent les wagons en se concentrant sur leur scolarité parfois délaissée durant leur cursus de formation et puis tous les autres. Ceux qui ne perdent pas espoir. Toutefois, une carrière professionnelle est courte et le sablier se vide rapidement entre 20 et 30 ans. Cela entraîne souvent de la frustration, de la déprime, voire de la dépression et un sentiment d'avoir déçu. Le centre de formation de l'ASSE figure parmi les meilleurs de France. Malgré un suivi très fin de ses occupants, il ne déroge pas à la règle et laisse chaque année s'échapper des joueurs qui vivront un rebond ou bien une déception... La route vers bonheur, le plaisir et la sécurité financière n'est finalement pas aussi éloignée de chemins bien plus tortueux et semés d'embûches.