Le 22 mai 2004, l’ASSE reçoit Châteauroux pour la dernière journée du championnat de France de D2 avec comme objectif l’obtention de son 3e titre de champion de France de D2. Récit d’un match qui est entré dans la légende parce que oui… la terre a tremblé à Geoffroy-Guichard !

UN MATCH POUR LE TITRE

L’ASSE de Frédéric Antonetti est déjà assurée de monter en L1 grâce à sa victoire à Niort le 7 mai 2004 (1-0) mais elle est encore à la lutte pour le titre de champion de L2 avec Caen qu’elle devance de deux points (avec un moins bon goal-average) avant la dernière journée du championnat. Les deux équipes jouent à domicile, les Verts reçoivent Châteauroux et Caen affronte Troyes.

Les Caennais mènent déjà 1-0 après quatre minutes de jeu et on s’aperçoit vite que la victoire ne peut pas leur échapper. Les Stéphanois n’ont pas le choix. Ils doivent gagner s’ils veulent être sacrés. Ils comptent sur une certaine forme de démobilisation des joueurs de Châteauroux qui pourraient se préserver car ils sont qualifiés pour la finale de la coupe de France.

L’entraîneur forézien a réservé une petite surprise pour la composition de son équipe. Damien Bridonneau, qui a joué 29 matches cette saison et régulièrement titulaire, est sur le banc. Le technicien corse a préféré Herita Ilunga et Patrice Carteron pour animer les couloirs de sa défense, peut-être pour remercier l’ex-Lyonnais, que l’on dit sur le départ. Carteron récupère pour l’occasion le brassard de capitaine, détenu en son absence par Julien Sablé.

35 000 spectateurs ont pris place dans les tribunes de Geoffroy-Guichard. Ils n’imaginent pas un seul instant que leurs protégés ne leur offrent pas ce 3e titre qui leur tend les bras. A l’entrée des joueurs, ils ont brandi un magnifique tifo à la gloire de la ville de Saint-Etienne où se mêlent la colline de Montreynaud et le puit Couriot, symbole d’un passé révolu. La première mi-temps conforte le public, car Carteron transforme un penalty à la 29e minute qui permet à son équipe de prendre l’avantage et les Verts atteignent la pause avec cette marque de 1-0 qui leur donne virtuellement le titre de champion.

Saint-Etienne est bousculée par Châteauroux au retour des vestiaires qui globalement, domine ce début de seconde période. Antonetti sent le vent tourner et il procède à son premier changement à l’heure de jeu en faisant rentrer Bridonneau à la place de Carteron, à la peine physiquement. Il reçoit une belle ovation de la part du public, mais ce dernier commence à stresser face à la mainmise des visiteurs sur le match. Et à force de pousser, les Castelroussins égalisent à la 65e minute suite à un centre venu de la droite dévié de la tête sur le poteau et repris par un attaquant adverse alors que Bridonneau avait glissé. Jérémie Janot, fusillé à bout portant, est battu.

UN QUART D’HEURE DE FOLIE

Caen, qui mène 2-0 à vingt minutes de la fin (score final 3-0) récupère le titre que l’ASSE doit aller chercher. Mickael Citony et Stéphane Hernandez sont également entrés en jeu afin de changer le cours du match qui est sur le point d’échapper aux Stéphanois. Bridonneau, dans un espèce de va-tout, est alors positionné ailier droit et Antonetti compte sur sa fougue pour dynamiser une équipe en perte de vitesse.

Le dernier quart d’heure est une véritable attaque-défense ou Châteauroux, acculé dans sa surface, rend inlassablement les ballons à son adversaire. A la 74e minute, Bridonneau centre de son aile droite, une balle qui se retrouve sur l’aile opposée et qui atterrit dans les pieds de Frédéric Mendy. Il la renvoie dans la surface de réparation sur la tête de Bridonneau qui fracasse le poteau alors que le gardien était battu. A la 79e minute, Mendy se présente tout seul devant le gardien, mais il préfère centrer plutôt que tirer au but pour le plus grand dépit de tous les supporters qui ont retenu leur respiration.

Surviens la mythique 86e minute. Touche de David Hellebuyck sur Mendy qui est positionné côté droit. Il centre dans le paquet où se trouve Bridonneau qui d’une fantastique reprise de volée du droit en extension, parvient à loger le ballon dans le petit filet gauche de l’infortuné gardien castelroussin qui n’a pas eu le temps d’esquisser le moindre geste. Pendant que le défenseur stéphanois court vers son banc pour partager son bonheur avec ses partenaires, le stade Geoffroy-Guichard entre littéralement en fusion.

35 000 spectateurs font trembler les travées jusque dans ses fondations dans une communion qui accompagne l’arbitre lorsqu’il libère les 22 acteurs à la 92e minute sur une victoire 2-1, longue à se dessiner mais qui conclut une année magique. Une clameur indescriptible s’échappe des différentes tribunes ivres de bonheur et qui fête le 3e titre de champion de L2 acquis par les Verts.

Le chaudron bout comme à ses plus belles heures… La terre a bel et bien tremblé à Saint-Etienne sous les sauts d’un public déchaîné qui est resté féliciter ses joueurs dont le héros du jour, Bridonneau qui se souviendra toute sa vie de ce but qui le fait entrer définitivement dans la mémoire collective des Stéphanois !!

Les joueurs peuvent laisser éclater leur joie et la fête qui a commencé dès le coup de sifflet final, continue plusieurs heures plus tard à l’hôtel de ville de Saint-Etienne où le trophée de ligue 2 est présenté aux supporters encore présents qui chantent à la gloire des Verts. Personne ne veut se quitter tellement la soirée a été belle. Elle se poursuivra pour un certain nombre d’entre eux jusqu’au petit matin en forme d’apothéose sur une saison qui a ramené l’ASSE en ligue 1 alors qu’elle était dernière de ligue 2 un an et demi plus tôt.

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Albert Pilia