Jean-Marc Mickeler est le président de la DNCG. Le gendarme financier du football français a accordé cette semaine une interview très intéressante au journal L'Équipe. Il revient sur les dépenses des clubs français qu'il estime démesuré. Extraits.

Moins de pertes pour le football français

Jean-Marc Mickeler (DNCG) :  "Au terme de la saison dernière, le football professionnel français affiche une perte de 282 millions d'euros, soit moitié moins qu'à l'issue de la saison 2021-2022 (601 millions d'euros). Les fonds propres continuent à se reconstituer. Ils s'élèvent à 1,2 milliard d'euros contre 814 millions en juin 2022. Et la dette financière poursuit une décrue lente à 952 millions contre 1,05 milliard un an plus tôt.

La Ligue 1 a perdu 273 millions d'euros contre 582 millions un an auparavant. La Ligue 2, quant à elle, a perdu 8,5 millions d'euros."

 

La France dépense mal selon la DNCG

Jean-Marc Mickeler (DNCG) :  "Tous les clubs ont compris qu'il fallait faire preuve de prudence. Cela commence par la construction de budgets crédibles et une exécution disciplinée de ces budgets. Au terme de l'exercice 2022-2023, l'écart entre le résultat d'exploitation budgété et réel a été de 188 millions d'euros en Ligue 1. Il y a 27 % d'écart. [...]

À la DNCG, nous avons la conviction qu'à partir d'un certain niveau, ce n'est pas tant le montant investi dans les effectifs qui compte, mais la qualité des investissements réalisés. Il est utile de rappeler qu'à performance égale, les masses salariales, en France, sont plus élevées qu'en Italie, en Allemagne et même en Angleterre.

 

Les clubs français travaillent-ils mal ?

Jean-Marc Mickeler (DNCG) :  " Le coût des effectifs des clubs français est trop important par rapport à leurs performances.

C'est factuel. Pour atteindre un nombre de points identique à celui récolté par les trois meilleurs clubs des ligues majeures (Angleterre, Espagne, Italie et Allemagne), il faut additionner ceux de six clubs français.

La France n'a atteint qu'une seule finale au cours des cinq dernières années, comme les Pays-Bas et l'Écosse, dont les clubs ont des masses salariales trois à quatre fois moins importantes. Cela montre bien la nécessité de travailler la performance sportive. L'argent n'est pas la solution à tout. [...]

Sans l'effort conjugué des actionnaires, de l'État et de la LFP, la Ligue 1 telle que nous la connaissons aujourd'hui aurait cessé d'exister. »