La trajectoire empruntée par Kader Bamba ne s'apparente guère à un long fleuve tranquille. Dans le magazine de l'ASSE maillot vert, son histoire est racontée et elle est très atypique. De l'ombre à la lumière.

"Kader Bamba, c'est l'histoire d'un gamin au talent fou, aux dribbles déroutants, aux inspirations géniales, auquel on promettait un avenir forcément souriant. Son caractère trempé aura longtemps, trop longtemps pris le pas sur ses fulgurances, entamé la patience maintes fois éprouvée de ses coaches successifs et écorné son image. Durablement et quelque part injustement. En dépit d'un potentiel unanimement reconnu, le néo-Stéphanois, auquel on reprocha un temps une tendance agaçante à en rajouter, à privilégier le beau geste à l'efficacité, à tenter des dribbles superflus, aura dû ainsi attendre ses 24 ans avant de parapher son premier contrat pro avec le FC Nantes.

Christophe Le Grall : "Une aisance insolente"

"Je pense qu'il est parti trop tôt, trop loin. Kader, je l'ai eu de 7 à 13 ans. C'était un joueur extra, capable d'éliminer avec une aisance insolente. Il avait cette faculté à enchaîner les dribbles, à changer de rythme, à percuter et à provoquer son vis-à-vis. Je me souviens d'un tournoi à Évian que nous avions remporté. En finale, face au Servette de Genève, nous avions gagné largement : 5-0. Cinq buts inscrits par Kader ! Il avait indéniablement quelque chose en plus. À 10 ans, il signait des autographes".

L'art du rebond

Non conservé au Téfécé, Kader Bamba ne s'est pas résigné et a mis le cap sur les Ardennes. Pour une folle épopée en Gambardella avec Sedan et une finale perdue face aux Girondins de Bordeaux de Gaëtan Laborde, buteur, et d'Enzo Crivelli (1-0). L'histoire était à nouveau en marche. Las, elle bégayera à nouveau. "Il a vraiment joué de malchance car Sedan a été contraint au dépôt de bilan", rapporte Christophe Le Grall. Pire, alors qu'il effectue un essai plutôt concluant avec l'AJ Auxerre, Kader retrouve dans l'Yonne un de ses anciens coaches sedanais, lequel brosse un portrait peu flatteur de l'enfant de Taverny. L'essai tourne court. Retour à la case départ.

Alors qu'il a troqué son costume de footballeur pour celui de livreur de sushi, Kader reçoit un coup de fil. Un appel qui changera tout et sonnera le premier jour de sa nouvelle vie de footballeur. Le Mans (N2) sera son nouveau port d'attache où il brillera, mettant notamment au supplice un certain Kévin Malcuit à l'occasion d'un match de Coupe de France, en janvier 2018, face au LOSC de Christophe Galtier (4-2). "Il n'a rien lâché, a vécu des moments compliqués mais il s'est accroché à ses rêves. Cette réussite, il la doit à son entourage. Il aurait pu sombrer. Il a fini par s'imposer et susciter à nouveau de l'intérêt. Il a longtemps pâti de cette étiquette de joueur caractériel. Je me souviens en effet avoir souvent pris sur moi, me refusant à le sanctionner", rappelle Christophe Le Grall.

Buteur enfin dans le chaudron ?

À l'instar de Kader Bamba, que Christian Gourcuff n'a pas hésité avec le FC Nantes à lancer dans le grand bain de la Ligue 1 avec le succès que l'on sait. Un Kader Bamba, prêté par le club de Loire-Atlantique après avoir été convaincant du côté d'Amiens, qui aimerait bien débloquer son compteur buts dans le Chaudron, lui qui a offert le point du nul à Rodez (1-1). Face à Guingamp, ce samedi ? On n'est pas contre !