L'ASSE nous a communiqué une bien mauvaise nouvelle ce mercredi après-midi. Absent lors de la rencontre face à Ajaccio, Ibrahim Sissoko souffre d'une lésion musculaire au mollet. Une blessure bien identifiée. Cependant, il s'agit aussi d'un terme assez général. Essayons de comprendre de quoi pourrait vraiment souffrir l'attaquant stéphanois.
Des moyens modernes pour prévenir les blessures
Chez les footballeurs, la blessure est souvent redoutée. Pour faire face aux problèmes musculaires, les sportifs sont suivis tout au long de leur saison. Pour cela, des examens réalisés sur des dynamomètres isocinétiques sont de plus en plus préconisés. Aujourd'hui, la plupart des équipes de Ligue 1 et Ligue 2 ont accès à ces appareils qui permettent à la fois de faire un bilan musculaire (Souvent utilisé pour calculer le rapport ischio-jambier et quadriceps) et d'autre part travailler musculairement à vitesse constante.
Un outil qui permet de s'adapter à la force produite par le sportif, qui va donc travailler en concentrique (il pousse la machine), ou en excentrique (il retient la machine). Ainsi, un travail minutieux peut-être réalisé afin de prévenir les blessures. Mais, malheureusement, le risque zéro n'existe pas et à tout moment cela peut arriver.
Une lésion musculaire, c'est quoi ?
Dans son communiqué, l'ASSE a annoncé la blessure de Sissoko en évoquant " Les examens complémentaires passés en ce début de semaine par l’international malien ont révélé une lésion musculaire au mollet de la jambe droite. La durée de son indisponibilité sera déterminée ultérieurement en fonction de l’évolution de sa cicatrisation. "
Cette blessure s'étant produite lors de l'échauffement, nous n'avons pas pu apercevoir la façon dont cela s'est déroulé. Mais, Olivier Dall'Oglio n'était pas vraiment rassurant après la rencontre. « C’est plus qu’une précaution, il a ressenti quelque chose, donc on va l’analyser médicalement pour voir ce que c’est. Mais au niveau du mollet, il a senti une gêne assez importante qu’il n’a pas d’habitude, donc il était hors de question de le faire débuter, quoi qu’il en soit, ça n’était pas possible. »
Cette blessure peut se produire de différentes manières, comme lors d'une accélération, suite à un choc ou lors d'un étirement trop important. Encore une fois, nous n'avons pas d'informations sur la manière dont cela s'est produit.
Mais, une lésion musculaire correspond bien à un déchirement plus ou moins important des fibres musculaires. Suivant le grade le la lésion, le ressenti et le temps de récupération sera différent. Chez les sportifs notamment, les lésions les plus probables sont au niveau des ischios-jambiers. Mais, d'autres muscles comme les mollets peuvent bien évidemment subir ces traumatismes. C'est le cas de Sissoko.
Le muscle, une structure bien particulière
Entouré par le tissu conjonctif, le muscle va agir en se contractant et en s'étirant pour produire un mouvement. Ces derniers sont insérés sur les différents os, au niveau des tendons. Le mollet appelé "triceps sural" est composé des soléaires et des gastrocnémiens. Alors que le premier cité s'insère au niveau de la partie arrière de la tête du péroné, ainsi qu'au niveau de l'arrière du tibia, le second part directement des condyles fémoraux. Ces deux muscles s'insèrent donc au niveau du tendon d'Achille.
Ainsi, le gastrocnémien en plus de la flexion plantaire va être indispensable pour réaliser une flexion de jambe ,en collaboration avec les ischios-jambiers.
Au sein du muscle, on retrouve plusieurs couches, l'épymisium, le périmysium et l'endomysium. Ces dernières vont respectivement recouvrir le muscle, les faisceaux musculaires et les fibres musculaires. Ce sont ces fibres qui vont permettre la contraction musculaire, par l'action des filaments fins et épais, l'actine et la myosine. Le maximum de la force sera produit, lors de la contraction à longueur moyenne, car c'est là qu'on a le plus de liaisons entre ces deux protéines.
Cependant, il est possible que parfois une rupture survienne, quand l'ensemble du muscle est sollicité trop brusquement, à froid, ou avec de la fatigue, ou pour une autre raison. Cela peut aussi survenir lors d'un échauffement avec des phases d'accélération. C'est peut-être le cas de Sissoko
Les grades de lésions musculaires
- Le premier stade, nous le connaissons tous, c'est la courbature. Celle-ci survient 24 à 48h après un mouvement que nous avons peu l'habitude de faire. Des douleurs apparaissent au niveau des muscles sollicités. Rien de grave, ce sont simplement des micros lésions nécessaires au renforcement musculaire.
- Le second stade, c’est la contracture. Atteinte irréversible de quelques fibres musculaires, sans atteinte du tissu conjonctif de soutien.
- Le troisième stade, c’est l’élongation. Atteinte irréversible d’un nombre réduit de fibres musculaires et atteinte minime du tissu conjonctif de soutien.
- Le quatrième stade : c’est le claquage. Atteinte irréversible de nombreuses fibres musculaires, atteinte marquée du tissu conjonctif de soutien et formation d’un hématome intramusculaire localisé
- Le cinquième stade : c’est la rupture ou désinsertion musculaire partielle ou complète. Ce stade n'est sans doute pas celui atteint par le joueur stéphanois.
Quel temps de récupération pour Sissoko ?
Suivant la gravité de la blessure, le temps de récupération est bien différent. Tout d'abord, il y a bien sûr des facteurs inter-individuelles. Toutes personnes ne cicatrisent pas de la même façon. Les conditions de prise en charge vont tout de même influencer le temps de la récupération.
Dans tous les cas, une approche préventive est faite avec notamment de la glace, et une compression effectuée sur le muscle touché. Ce dernier se reformera en suivant d'abord une reconstitution conjonctive, puis musculaire. On a une phase inflammatoire, tissulaire et ensuite un remodelage.
Le sportif va ainsi suivre un protocole bien spécifique avec des exercices réalisés en passifs, si la lésion est trop importante, puis en isométrique et concentrique, voire pliométrique à la fin de son protocole. Cela permet de retravailler les exercices d'explosivité et la sollicitation des muscles agonistes et antagonistes.
Le temps de récupération peut ainsi varier de quelques jours à une soixantaine de jours. En cas de blessure grave, cela peut nécessiter une intervention chirurgicale. Cependant, cela ne semble pas être le cas d'Ibrahim Sissoko qui pourrait ainsi revoir les Verts dans un maximum de trente jours ? Cela nous rendrait potentiellement à la dernière journée. Mais, encore une fois, nous ne savons pas quelle est la vraie nature de sa blessure. Il est possible que les examens médicaux aient révélé une lésion avec un grade plus faible, qui permettrait au joueur d'être présent dans moins longtemps.
Quoi qu'il en soit, une véritable course contre-la-montre est lancée pour Ibrahim Sissoko. En attendant, Olivier Dall'Oglio devra trouver un moyen de palier à cette absence. Un retour potentiel de Wadji est possible, mais le joueur lui-même victime de lésions musculaires depuis le début de la saison, est-il capable d'assumer pleinement ce rôle ? Réponse ce vendredi lors de l'annonce du groupe stéphanois !