Olivier Markarian, ancien sponsor et membre du Conseil de Surveillance de l'ASSE, était l'invité de Carton Rouge TV. Il revient sur la saison des Verts. Il s'exprime notamment sur le projet Kilmer. Extraits.

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "Comme tous les amoureux du club, on a tous vécu une saison éprouvante. On n'a pas aimé ce qu'on a vu sur le terrain. On n'a pas aimé les résultats de notre club. On n'a pas aimé les déculottés. On n'a pas aimé la manière dont, globalement, on s'est fait marcher dessus. C'est malheureux, mais c'est comme ça. Ceci étant, c'est une année qui a été un télescopage d'énormément d'événements simultanés. La reprise du club par des gens qui viennent de l'extérieur, qui ne sont pas forcément empreints de la culture du football français, a peut-être provoqué effectivement cet échec sportif. Moi, je suis certain et je suis aujourd'hui extrêmement content que le club ait été repris par Larry Tanenbaum. Je n'ai aucun problème à le dire."

Un problème de langage à l'ASSE ?

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "Je ne veux pas faire insulte aux Marseillais, mais Larry Tannenbaum a un Frank McCourt dans chaque jambe. Quand tu rachètes un club de football, et je suis bien placé pour en parler puisque j'avais postulé pour racheter l'ASSE, il y a énormément d'ingrédients pour réussir. Un club de football, c'est une entreprise et pour autant pas comme une entreprise. C'est une entreprise parce qu'elle est gérée, et elle doit présenter, au sens commercial et juridique : Un bilan, gagner de l'argent plutôt que d'en perdre, avoir des salariés, avoir des actifs et du passif, des dettes, des emprunts, etc.

La grande différence, et notamment dans des clubs qui ont une identité, on va dire un ancrage assez fort, Saint-Etienne en fait partie. Il faut reconnaître que Larry Tannenbaum et son équipe, aussi compétents soient-ils, sont arrivés dans un club qu'ils ne connaissaient pas. Vous arrivez dans un pays où vous ne parlez pas la langue. Vous avez en face de vous des gens qui tous sont habitués à parler la langue."

Kilmer a sous-estimé la Ligue 1 ?

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "Vous arrivez dans un championnat dans lequel vous n'avez jamais exercé. Et peut-être, que le péché originel de l'ensemble des personnes qui entourent Larry Tannenbaum a été de ne pas tout de suite comprendre ce qu'était vraiment la Ligue 1. La Ligue 1, ce n'est pas un championnat facile. La Ligue 2, ce n'est pas un championnat facile non plus. C'est un championnat qui est le cinquième plus gros championnat du monde. Il y a des gens qui sont habitués avec du talent, avec des joueurs qui coûtent un certain prix, avec du physique, avec de l'impact, avec de la tactique, avec des grosses écuries. Probablement que sportivement, quand ils sont arrivés avec leur modèle, ils ne s'attendaient pas à ce niveau de difficulté. Ils ne s'attendaient pas à ce niveau. Un an, c'est court. Une saison, c'est très court."

"Ils viennent pour gagner à l'ASSE"

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "On va recontextualiser. Il y a un an, l'équipe Kilmer, quand elle arrive, elle sort d'un modèle de fonctionnement de club d'un autre calibre. Quand vous arrivez d'Arsenal ou de Milan, je suis désolé de le dire, mais ça n'a rien à voir à l'ASSE. C'est vraiment important à entendre, l'ASSE a un mode opératoire qui depuis 20 ans qui n'a rien à voir avec Arsenal. Rien.

Il faut l'avouer, ce n'est pas grave. C'est un fait, ce n'est pas un reproche. Qu'ils aient fait des mauvais choix, ça, c'est fort probable. Qu'ils n'aient pour autant pas dépensé, ça ce n'est pas vrai. Ils ont dépensé beaucoup d'argent. Et ils ont aussi mis tout de suite du cash dans le club, ça je le sais. Il y a eu des erreurs, sur la partie sportive, sur les recrutements qui n'ont pas été à la hauteur, parce que peut-être qu'ils ont sous-estimé la Ligue 1. C'est fort probable. Et je me doute bien qu'aujourd'hui, ils en sont tous malheureux. Larry Tannenbaum, le premier. Là, j'en suis intimement convaincu. Ces gens-là, ils ne transpirent pas la loose. Ce sont des gens qui viennent pour gagner."

Kilmer prêt à mettre les mains dans le moteur

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "Kilmer ? Leur CV parle pour eux, leur palmarès parle pour eux. Ce sont des gens qui sont cohérents et compétents. Aujourd'hui, personne n'est content au club. Maintenant que c'est fait, ça ne veut pas dire que structurellement, le club ne va pas entamer sa mue. Je pense très sincèrement que cette année, le club paye les pots cassés de cette année de transition de management. Mais ce qui est sûr, c'est que maintenant, ils ont pris les rênes en main. Je suis convaincu que ces gens-là vont faire quelque chose de ce club qui risque probablement de vous étonner dans quelque temps."

L'ASSE n'a rien à faire en Ligue 2

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "On dit souvent, les gens intelligents ne font pas deux fois la même erreur. S'ils n'ajustent pas leur stratégie, ils ne pourront pas monter. La Ligue 2 à l'AS Saint-Étienne, c'est une erreur. Une erreur économique, Sportive et c'est socio-économique. Le club n'a rien à faire en Ligue 2. La Ligue 2, c'est un mal pour un mal. Il n'y a rien à gagner en Ligue 2. Saint-Etienne n'a rien à faire en Ligue 2. Les supporters ne sont pas contents, les places se vendent moins cher, les partenaires ne sont pas contents, le sponsoring se vend moins cher et tout l'environnement socio-économique de Saint-Etienne en souffre. L'intérêt d'aller en Ligue 2, C'est simple, il est nul. Saint-Etienne n'a rien à faire en Ligue 2. Il faut remonter tout de suite."

Une communication à adapter en France ?

Olivier Markarian (ex-ASSE) : "Le manque de communication ? Je comprends tout à fait qu'on puisse se dire ça, puisque nous, on est habitués, en France, à ces prises de paroles. Allez en Italie, allez en Angleterre, et je vous mets au défi, ne serait-ce que de me citer le nom des présidents des clubs. Je peux comprendre qu'effectivement leur méthode nous ait étonnés ou choqués. Mais, eux, ils arrivent il y a un an, arrivent avec une culture et un mode opératoire qui n'est pas celui de la Ligue 1, qui n'est pas celui de l'ASSE. Ils ont peut-être plus la pression maintenant !"