Aujourd’hui, conseiller en gestion de patrimoine, notamment auprès de sportifs professionnels. Stéphen Vincent est un ancien attaquant formé à l’AS Saint‑Étienne (ASSE). Il s’est exprimé sur son passage à l’Étrat pour Dessous des Verts. 

Stephen Vincent a évolué en équipes de jeunes et réserve de 2001 à 2006. Après une carrière en divisions inférieures (Gueugnon, Cannes, Paris FC, Rouen…), il termine au Mans FC, qu’il conduit comme capitaine jusqu’à la Ligue 2, avant de prendre sa retraite en juin 2020 à 33-34 ans.

Son arrivée à l’ASSE

"J’avais été pris pour aller à Clairefontaine. Néanmoins, c’est vrai que Saint-Étienne avait dit que, pour mes parents, c’était plus simple de rejoindre mon frère au centre de formation. Donc c’est comme ça que ça s’est fait.

Et je suis arrivé à l’âge de 13 ans. C’est vrai que ça s’est plutôt très bien passé au départ au centre de formation à Saint-Étienne. On passe les étapes au fur et à mesure. J’ai gardé quelques contacts (avec d’autres joueurs de la génération 86)."

Les joueurs qui l’ont marqué

"C’est vrai qu’on arrive à garder quand même un petit peu de contact, mais pas non plus tout le temps et tous les jours. Il y avait un joueur, Samy Houri, que je trouvais vraiment très fort en jeune. Et c’est vrai que, mine de rien, lui, il n’a pas eu de chance parce que le rôle de numéro 10, passé un moment, était un peu réduit d’arrière.

Après, il y a Bafé (Gomis) qui m’a vraiment marqué pendant ma jeune carrière au niveau de Saint-Étienne. En fait, il avait des qualités intrinsèques qui étaient vraiment très fortes. Et il y a un joueur en particulier : Loïc (Perrin), qui est arrivé petit à petit. Il a toujours été dans les points de passage, et mine de rien, à un moment donné, il est arrivé, je crois qu’il avait 17 ou 18 ans, où là il a débuté justement avec les pros. Là, on s’est dit « waouh », et il a passé un cap qui était quand même assez fulgurant. Voilà, ce sont ces joueurs-là qui m’ont marqué au centre de formation."

Son parcours dans le Forez

"J’avais signé un contrat élite déjà sur cinq ans. C’est vrai que c’était un contrat qui était sur la durée. Mes trois années de professionnel au départ, c’était Ivan Hasek qui était justement aux manettes. C’est vrai qu’il venait d’arriver au club, ce n’était pas lui qui m’avait forcément fait signer.

Il y avait des joueurs qui étaient au club, notamment en professionnel, qui étaient quand même plutôt très intéressants et très bons. C’est vrai que j’ai senti, déjà aux entraînements, qu’il y avait une qualité et une rigueur qui étaient un peu différentes de ce qu’on pouvait avoir en formation.

On a pu côtoyer des joueurs comme Julien Sablé, Piquionne, Feindouno ou d’autres. On voit qu’il nous restait encore une marge de progression. En tout cas, ce que j’ai aimé, c’est que l’exigence de Saint-Étienne m’a également permis de me développer dans les différents clubs. C’était une marche qui était plutôt haute, mais très intéressante en tout cas.

Je me souviens de cette période-là. Ivan Hasek vient nous voir, on fait les tests physiques notamment. Il apparaît que j’étais plutôt dans les meilleurs, notamment en vitesse, détente – peut-être moins en endurance, on ne va pas s’enflammer non plus – mais sur d’autres aspects. Et il me dit : « Stéphane, potentiellement latéral », parce que moi, j’étais milieu offensif de formation. Il m’a demandé s’ils voulaient qu’on me forme à ce poste. Et moi, jeune et un peu naïf, je voulais forcément rester offensif."

Des prêts à répétition

"À ce moment-là, on fait la première préparation en juillet et août. Je devais être prêté à Angers, avec Olivier Pickeu, avec qui j’avais été au téléphone.

Finalement, il y a Raon-l’Étape qui vient. Samy Houri s’était mis d’accord avec eux. Ils recherchaient un milieu offensif qui pouvait éventuellement jouer attaquant.

Le club de Saint-Étienne et Raon-l’Étape se sont mis d’accord pour que j’aille en National en prêt. Au départ, ce n’était pas forcément ma volonté première, mais malgré tout, ça s’est fait comme ça.

Après, suite à ça, j’ai fait une année qui était quand même plutôt cohérente. Puis je reviens au club, et là je vais en Ligue 2 à Gueugnon, en prêt également. Ça se passe plutôt bien, sauf qu’en fin de saison, j’ai une petite blessure à la mâchoire.

Suite à ça, la troisième année, je reviens et j’essaye éventuellement de m’imposer. Sauf que là, le président m’a fait comprendre que finalement, il voulait tenter autre chose. Donc c’est là que je signe à Cannes par la suite.

Néanmoins, j’en garde quand même que du positif, parce que ça m’a permis de côtoyer un peu le haut niveau. On parle du haut niveau, mais ça peut être du footballistique, et également au niveau du business, parce que mine de rien, le football reste un business. Ça m’a permis d’avoir un accélérateur d’apprentissage, et j’ai trouvé que c’était plutôt pertinent. Ça m’a servi par la suite."

Son ressenti sur cette expérience à l’ASSE

"Il y a Ivan Hasek la première année, qui part tout de suite. Puis Laurent Roussey reprend le relais. Je crois qu’après, il y a Alain Perrin qui arrive. Finalement, c’est Galtier qui prend le relais. Il y a eu des successions de coachs également. Le timing n’était pas forcément bon.

Éventuellement, peut-être sur ma troisième année, après Gueugnon, où je pense que je m’étais aguerri – j’avais fait une saison en National puis une saison en Ligue 2 – c’est là que j’aurais pu éventuellement accélérer. C’était ma dernière année de contrat et, là, je vais parler de valeur marchande. Ce qui est une certitude, c’est que pour le club de Saint-Étienne, l’idée n’était pas forcément de me valoriser sur cette troisième année, ce que je comprends tout à fait.

Plutôt que cela, c’était de trouver un terrain d’entente pour pouvoir éventuellement aller ailleurs. Sur le moment, un peu déçu, forcément, parce qu’en plus, à l’ASSE, on ne va pas se cacher, quand on voit Geoffroy-Guichard et qu’on y va depuis tout petit, depuis l’âge de 13 ans, ça envoie du rêve. Et c’était le club où j’avais envie d’évoluer pendant ma carrière.

Néanmoins, il faut vite passer à autre chose. En fait, l’idée, c’est que dans le football, il y a des temps de passage. Bien entendu, Saint-Étienne, c’est les sentiments. Je ne vais pas vous mentir, encore aujourd’hui je regarde des matchs des Verts. J’étais déçu qu’ils descendent.

J’ai le sentiment que ma carrière est passée en un éclair. Ça fait cinq ans que j’ai arrêté. Mais mine de rien, ça passe vite. Donc si on s’attarde un peu trop sur le sentimentalisme, ça ne fait pas avancer. C’est pour ça qu’il a fallu rebondir et aller de l’avant. Mais bon, ça fait partie intégrante du football. Aujourd’hui, peut-être qu’à l’instant T, ils pensaient que je n’étais pas forcément à même de pouvoir évoluer en Ligue 1. Et peut-être qu’après, par la suite… Mais en fait, ce sont des choix du moment. Oui, je ne me suis pas attardé là-dessus. Parce que sinon, il faut quand même rebondir et avoir cette force mentale aussi."