En entretien chez colinterview, Mathieu Debuchy s'est livré sur plusieurs sujets dont son aventure stéphanoise. De son arrivée à son départ en passant par l'objectif de l'équipe de France, il raconte tout !

Sur les circonstances de son arrivée à l’ASSE à l’hiver 2018

« Oui le facteur X c’est clairement Jean-Louis Gasset. Il m’a appelé début janvier, avec Ghislain Printant qui était son adjoint. Ils m’ont appelé en voiture et ils m’ont dit « nous, on te veut. On veut que tu viennes nous aider », parce que Sainté était dans une galère. Le club était un peu en perdition et du coup ils avaient besoin de renforts pour le mercato. Et Jean-Louis m’a dit « Moi je te veux ». Et à partir de là, dès que j’ai eu le coach et que j’ai entendu son discours, je l’avais côtoyé aussi en Equipe de France (adjoint de Laurent Blanc), je sais comment il fonctionne. De là, j’étais ravi et j’ai pu rejoindre Saint-Étienne. »

Un pincement au cœur de quitter l’Angleterre ?

« Oui un peu, parce qu’en fait il y a un peu deux sentiments. J’ai vécu quelque chose d’incroyable en Angleterre. J’ai réalisé encore un de mes rêves de pouvoir jouer en Angleterre. À Newcastle c’était incroyable, j’ai adoré. Mais Arsenal ça laisse un peu un goût amer parce que j’aurais voulu réaliser plus de choses. Je suis un peu déçu par rapport à ça. Mais en aucun cas j’ai de regrets encore une fois, parce que j’ai découvert un club incroyable, un coach qui est Arsène Wenger, qui est incroyable et quand tu le côtoies au quotidien tu comprends vite. Des structures formidables, un style de vie. Mes enfants allaient aussi à l’école là-bas, ils ont grandi à Londres. Il y a eu un tout et j’ai adoré l’expérience anglaise, même si j’avais préféré que sur le terrain parfois ça se passe un peu mieux, mais c’est comme ça. »

« Mais je suis ravi aussi d’un autre côté de revenir en France à un moment donné. Parce que quand tu ne joues pas le week-end, tu es frustré, tu perds de la confiance aussi. C’est important ça. Tu peux t’entraîner toute la semaine, mais ça ne remplace pas le match du week-end. Et moins tu joues, moins tu as de confiance. Et j’avais besoin de ressentir ça, de retrouver cette sensation-là du match du week-end. »

L’état des lieux quand il arrive à l’ASSE

« C’est dur hein, c’est dur. Le club est en crise. On connaît l’amour des supporters pour ce club. Il y a une pression qui commence à augmenter. Mais moi ça ne me fait pas peur d’y aller. Et l’objectif clairement, c’était sauver le club. Je l’ai toujours répété, c’était ma priorité, sauver le club. Et ensuite essayer de participer à la Coupe du Monde. »

joie Mathieu Debuchy (Saint Etienne) apres son but avec equipe

Ambition de rester aussi longtemps à l’ASSE quand il arrive ou pas ?

« Quand j’arrive, sur le coup, pas forcément. Ce que je veux c’est reprendre du plaisir, jouer le week-end. Ensuite c’est sauver le club, et après on verra, on fera un bilan à l’été. Et c’était convenu comme ça en fait. »

Après mon objectif encore si tu veux être complet, c’était la coupe du monde en Russie. Et je suis réserviste en fait. Ça a été pour moi aussi une déception de ne pas être dans ce groupe qui part en Russie. Parce que j’avais tellement donné, mais après c’était les choix du sélectionneur et c’était comme ça. »

CDM 2018

« En fait il (Deschamps) ne m’en parle pas. Je vois la liste à la télé comme tout le monde. Je me vois réserviste. Tu es un peu déçu mais tu te dis que tu es quand même réserviste. J’étais à Sainté, j’ai fait le maximum, on s’est sauvé. J’ai mis 5 ou 6 buts, j’ai fait le maximum pour y être. Donc j’ai tout donné, pas de regret. Mais c’est vrai que tu as envie d’y être, et quand tu vois l’issue derrière (victoire), c’est sûr que tu aurais aimé y être. Et j’aurais pu y figurer parce que le sélectionneur m’a appelé. Parce qu’il y avait un joueur qui était incertain. Et jusqu’à la veille du premier match, ils peuvent appeler un joueur. Et du coup la sélection m’avait contacté pour me dire « tiens-toi prêt au cas où ». Je ne sais pas exactement, il y avait un ou deux joueurs qui étaient incertains. Et la veille, j’avais préparé mes valises, on me l’avait demandé, d’intensifier ma prépa physique aussi. Et puis la veille le coach m’a appelé et me dit «  écoute merci pour tout, mais au final on va rester comme ça. » Vois il faut l’accepter, c’est comme ça. Après tu coupes, tu te reposes sur tes enfants, ta femme, ta famille derrière. Mais je n’ai pas eu de regret parce que j’ai tout fait pour y figurer. »

Un destin lié à celui de Gasset ?

« Les gens ne peuvent pas s’en rendre compte, mais le coach quand il veut me faire venir, il m’appelle tous les deux jours. Il me laisse des textos. Il me veut absolument. Et quand j’arrive je retrouve le Jean-Louis Gasset que j’ai connu en Equipe de France. Pour moi, continuer à évoluer à Saint-Etienne c’était avec Jean-Louis Gasset. Et ça s’est super bien passé pour moi. »

Son rapport avec Gasset

« Oui des rapports un peu privilégiés par rapport aux autres (joueurs) peut-être. Par rapport à mon statut, mon vécu, il me fait énormément confiance. Par contre il ne faut pas le décevoir sur le terrain. Mais le coach est comme ça avec tous les joueurs. C’est aussi ce qui fait sa grosse force. Au-delà du tacticien, c’est quelqu’un qui emmène un groupe, qui est super important dans la vie de groupe, et il le fait au max. Et c’est ce qui permet de faire des résultats aussi. »

« On essayait de faire abstraction de tout ça si tu veux (crise, direction…). On avait cet objectif-là du maintien, on a fait plus que ça, on a un groupe incroyable honnêtement. En plus avec les recrues qu’avait fait venir le coach, on avait un groupe qui vivait au top. C’était des moments incroyables, on se battait tous les week-ends pour gagner ces matchs. Et du coup ça amenait une ambiance et un collectif qui était très fort. Mais en fait en externe on entendait un peu des bruits, on lisait… Il faut dire qu’à Saint-Étienne ça n’est pas de tout repos. Il y a beaucoup de choses tous les week-ends qui sortent, qui sortent, qui sortent... Et par moments c’est un peu néfaste pour le club. Mais on sentait qu’il y avait un peu de tension avec le coach, avec la direction, avec les présidents : un président qui habite ici, un président qui n’habite pas là. La gestion était compliquée.
Non cette gestion ne me fait pas peur. Moi je suis focus sur moi, mais sur le collectif aussi. On était dans notre bulle et on savait ce qu’on devait faire. Et ce qu’il y a autour, ça n’est pas à nous de le gérer. Donc on avait cette force aussi, de rester focus sur notre travail. »

Jean Louis Gasset headcoach of Saint Etienne during the Ligue 1 match between Strasbourg and Saint Etienne on April 14, 2018 in Strasbourg, . (Photo by Sebastien Bozon/Icon Sport)

Sur le départ de Gasset

« Ça a été difficile de perdre le coach. On l’a su un peu avant. On s’était réuni, on a fait une soirée tous ensemble avec le coach. On avait bien profité, et on savait qu’il allait partir. Il est tellement proche des joueurs, avec certains encore un peu plus. Donc on discutait naturellement plein de choses, et il nous l’avait dit quand même. Et c’est vrai que ça a été une grosse perte pour l’équipe, pour le collectif mais pour le club aussi je pense. »

Idée à ce moment-là (2020/2021) de terminer sa carrière à l’ASSE ou pas ?

« Oui. J’avais soumis l’idée, l’envie. Le président était ok avec ça. J’ai une bonne relation avec Romeyer, avec Roland. Et c’est vrai que l’idée de me prolonger, pour lui il était favorable à 100%. Mais j’ai su dans cette deuxième partie de saison, à peu près au mois de février (2021) où le coach me dit « on verra un peu plus tard, on attend de se maintenir et on voit après ». Et plus les semaines passaient, j’avais toujours pas ce rendez-vous. Et je ne voulais pas aller voir le coach pour demander l’entretien. Et en fait l’entretien s’est fait avant l’avant-dernier match à domicile. Et avant de rentrer dans le bureau j’avais compris en fait, j’avais compris. Et le coach nous l’a dit droit dans les yeux. Ça a été pour moi un coup dur, parce que je me voyais bien finir ma carrière à Saint-Étienne. J’ai pris beaucoup de plaisir, j’ai donné le maximum pour ce club. Ça s’est bien passé pour moi. J’y ai été performant et j’ai eu une bonne relation avec les supporters. Donc c’est vrai que ça m’a fait de la peine de quitter ce club. »