C'est une sortie médiatique aussi attendue qu'inespérée. Celle d'un gardien qui a fait les beaux jours de l'AS Saint-Étienne pendant près d'une décennie. Celle d'un gardien qui a été remercié brutalement ou plutôt même viré à l'hiver 2021 par Claude Puel, avec l'aval des actionnaires Roland Romeyer et Bernard Caïazzo. Alors qu'il est dans l'attente du verdict du procès qui l'oppose à son ancien employeur, Stéphane Ruffier sort du silence pour la première fois, dans une longue et riche interview accordée à So Foot, que nous vous recommandons.
Stéphane Ruffier sur son procès qui l'oppose à l'ASSE : "On attend le verdict qui devrait tomber début janvier 2024. Il a été écrit dans certains aricles que je réclamais cette somme (7,12 millions d'euros) pour pouvoir finir ma maison, mais vous êtes là, vous voyez que je n'en ai pas besoin. Ce que je veux, c'est uniquement que les dégâts soient réparés, que justice soit faite, car j'ai vécu un an de harcèlement de la part d'un homme (Claude Puel) qui a monté une entreprise de démolition contre ma personne."
Ruffier s'en prend frontalement à Puel et ne mâche pas ses mots !
"Des gens à la tête du club, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, ndlr) ont décidé de nommer un homme (Claude Puel) au directoire, donc de quasiment lui donner la main sur le club. Ils ont fait un choix et ça a eu les conséquences que l'on connaît. Dès qu'il est arrivé, cet individu a voulu dégraisser et a choisi de taper dans le gros. En dégageant Ruffier, il s'est offert de la crédibilité pour la suite, sauf qu'il a décidé d'employer la manière très forte, en me faisant passer pour un moins que rien, un mec qui n'avait rien à faire dans un groupe et qui semait la terreur dans le vestiaire."
"C'est passé par un harcèlement quotidien, des humiliations publiques dans la presse.... Mais est-ce que je dois rappeler que j'ai joué plus de 400 matchs de ligue 1 (428), que je n'ai eu de problème dans aucun groupe, que je suis resté longtemps à l'AS Monaco, dix ans à l'ASSE, que j'ai eu plusieurs entraîneurs et que ça s'est toujours bien passé ? Jamais un coach n'a pointé du doigt mon professionnalisme ou mon comportement et je ne crois pas avoir entendu beaucoup de coéquipiers parler de moi en mal."
"Il (Claude Puel, qu'il ne cite jamais explicitement dans l'interview) m'a reproché mon salaire. Ce n'est pas un problème de vouloir dégraisser les gros salaires d'un effectif, mais il y a une façon de le faire. Vouloir le faire quand tu touches 225 000 euros net par mois, c'est un petit peu contradictoire...
Il n'était pas dérangé par son salaire, mais beaucoup plus par le fait que des joueurs internationaux touchent le même que lui. Si la politique du club était vraiment de dégraisser, il fallait que ça concerne tout le monde."
"Il faut bien rappeler ce qu'il s'est passé : je n'ai plus eu d'accès au centre d'entraînement d'un club ou j'ai joué pendant dix ans, un huissier m'a bloqué l'entrée, et ce alors que quelques mois plus tôt, le club voulait me prolonger. Au final, cette histoire avec Sainté a fait beaucoup plus de mal à mon entourage qu'à moi. Quand tu as un individu qui te lynche en permanence publiquement, qui te harcèle et ne s'en cache pas..."
Romeyer et Caïazzo en prennent aussi pour leur grade
"Pendant dix ans, Roland Romeyer m'a appelé "fils" tous les matins et me faisait la bise. Tous les matins. Et bah, j'espère qu'il ne se comporte pas comme ça avec son propre fils... Il ne m'a jamais soutenu, mais je n'ai pas été totalement surpris vu comment je l'ai parfois entendu parler d'anciens joueurs qui avaient fait de belles choses au club.."
"Bernard Caïazzo, lui... Il faut savoir qu'il a un jour envoyé un message à des journalistes en écrivant : "Quand est-ce que vous allez le détruire, lui ?". Sauf que dans les destinataires, malheureusement, il y avait mon agent. Comment un président peur faire ça ?
Je ne dis rien depuis trois ans, mais quand je vous dis qu'ils m'en ont fait, c'est qu'ils m'en ont fait. On m'a souvent dit que j'avais une carapace, mais dans le foot, tu es obligé d'en avoir une pour te blinder. C'est un vrai monde de requin."
Crédit photo : ASSE.fr