Anthony Mounier, formé à l’OL et passé par Nice, signe en janvier 2017 à l’ASSE pour y être prêté six mois. L’aventure ne durera finalement que… 3 jours. Le temps pour Mounier d’effectuer un entraînement et pour les supporters de convaincre les dirigeants que l’ex-lyonnais, qui avait insulté le club dans des propos captés après un but inscrits face aux Verts, ne pouvait revêtir le maillot de l’ASSE. Anthony Mounier revient pour 90 Football sur ce passage dans sa carrière…

Anthony Mounier : « C’est dommage parce que l’ASSE, c’était une opportunité qui s’était présentée à un moment de ma carrière où j’étais un peu dans le dur en Italie. À Bologne, je suis tombé sur un coach (ndlr : Roberto Donadoni), qui a voulu tout révolutionner dans le club dans lequel il arrivait, notamment en faisant venir des joueurs qu’il connaissait. Christophe Galtier m’appelle à ce moment-là et il m’explique qu’il veut me faire venir pour six mois.

On jouait la Coupe d’Europe contre Manchester United. Il y a un deal 50/50, mais après, il y a des erreurs que j’ai faites en étant jeune. À l’époque de Nice, j’avais eu des propos déplacés sur Saint-Étienne (ndlr : « On baise les Verts », lâché après son but à Geoffroy Guichard). J’étais jeune et c’était à chaud sur un terrain. Malheureusement, il y avait une caméra de OGC Nice TV qui a capté ça, et quand je suis revenu, quelqu’un l’a balancé sur Twitter. On sait, avec les réseaux sociaux, ça va vite. Les supporters n’étaient pas contents. Je peux comprendre la position des supporters, mais j’aurais aimé qu’ils se fassent leur avis, pas sur des propos que j’avais tenus 6-7 ans en arrière, mais plutôt sur mes performances. »

« On voit les banderoles qui sont déployées dans la ville et dans le stade de l’ASSE. »

« C’est dommage parce que ça a été un petit coup d’arrêt. Ça aurait pu me permettre de me relancer et de prolonger ma carrière dans un grand championnat. Ce n’est pas moi qui ai décidé de repartir. Ils (ndlr : les dirigeants) m’appellent et ils me demandent de venir. On arrive à Saint-Étienne et on voit les banderoles qui sont déployées dans la ville et dans le stade. Le Président (Roland Romeyer) me dit de ne pas m’inquiéter, il me dit que c’est une poignée de supporters et que tout va rentrer dans l’ordre.

Je rejoins l’équipe qui est en stage à Toulouse, et je m’entraîne avec eux. Il y avait un match deux jours après. Je récupère mon équipement, et j’ai même encore mon maillot de l’ASSE avec le numéro 26 et « Mounier » dans le dos. Le coach, Dominique Rocheteau et un responsable de la sécurité, m’appellent la veille du match. Ils m’expliquent que les supporters ne veulent pas me voir jouer avec le maillot. Ils expliquent que les supporters sont décidés à envahir le terrain. Moi, il ne fallait surtout pas que je rentre, car je ne pouvais pas faire trois clubs en une saison. »

« Il y a des supporters qui prennent beaucoup de place »

« Les supporters sont venus très nombreux au centre d’entraînement, et ils ont expliqué qu’ils ne voulaient pas que le deal se fasse. Il a fallu chercher en urgence un club. J’ai signé à l’Atalanta Bergame, avec qui j’ai peu joué, mais où j’ai énormément appris. On finit 4e de Serie A. Deux ans après (ndlr : 5 ans après en réalité), Saint-Étienne descend en Ligue 2. Finalement, moi, je crois beaucoup au karma. Quand tu n’es pas bon à un moment donné, tu le payes. Je ne parle pas pour l’ASSE, parce que tout le monde s’est bien comporté avec moi. Après, dans certains clubs, il y a des supporters qui prennent beaucoup de place. Il faut qu’ils sachent rester à leur place. »