Devenu un acteur important autour des rencontres de l'AS Saint-Etienne, Clément Grèzes, commentateur pour BeIN Sports, a accepté de répondre à nos questions.
Quel est ton avis sur la L2 après cette première partie de saison ?
Clément Grèzes : " C'est très "Ligue 2" en fait. Encore une fois, on nous a annoncé que les gros seraient au rendez-vous cette fois-ci. Avant le premier match de Bordeaux, tous les indicateurs étaient au vert. Et finalement ça s'effondre. Pareil pour Caen.
Plus ou moins la même chose pour Sainté même si tous les indicateurs n'étaient pas au vert pour eux. On ne s'attendait pas forcément à ce que le début de saison de l'ASSE soit aussi complexe.
La seule équipe qui correspondait à ce qu'on attendait d'elle, c'est Auxerre. Ils sont dans les temps imaginés. Gauthier Hein a été conservé. Le onze n'a pas été chamboulé. Ils sont rapidement repartis sur un cycle positif.
Je suis hyper impressionné par Angers. Très honnêtement, je ne les voyais pas à ce niveau. Je pensais qu'il y aurait trop de mouvements et bazar autour pour que ça performe à ce point. Je les voyais un peu comme Troyes. Ils ont anticipé la descente, mais les recrutements ne sont pas arrivés si tôt que ça. Il y a eu pas mal d'incertitudes.
Puis, il y a des clubs auxquels on ne rend pas suffisamment hommage, comme Grenoble par exemple. Vincent Hognon se traîne une image d'entraîneur très défensif alors qu'ils ont eu de très bonnes séquences.
C'est une Ligue 2 qui se ressemble. Avec un niveau de jeu moins élevé que la saison précédente."
Une L1 bis ou un niveau qui décline ?
Clément Grèzes : "Il y a eu 3-4 saisons où c'était vraiment sympa. Notamment avec Clermont, Troyes de Batlles, le TFC. Il y avait des moteurs par le jeu. Tu avais quatre ou cinq matchs où tu avais de la qualité de jeu.
Déjà l'année dernière, j'ai trouvé que c'était un peu moins bon. Tu avais des projets de jeu un peu moins identifiés. Cette saison, c'est encore un peu plus le cas, je trouve.
Le vrai problème qu'on a, c'est que les clubs qui doivent être les moteurs ne sont pas au rendez-vous ! Le regard que tu portes sur le championnat, tu le portes surtout sur les équipes qui sont les moteurs. Et comme celles-ci sont en vraie difficulté de résultat et de jeu, tu as une vraie sensation de dégradation.
Je ne suis pas certain que le niveau baisse. J'ai vu des choses très intéressantes tactiquement notamment. Mais on a perdu la flamboyance d'il y a 4-5 saisons."
Ton avis sur la saison des Verts ?
Clément Grèzes : " Je pense que le problème fondamental vient des premières journées et donc de la construction de ton effectif. Dans un club où la pression populaire et telle, avec de vraies ambitions affichées, tu ne peux pas te permettre de commencer comme ils ont commencé.
Tout bascule à cause de ça. Tu as un effectif pas construit pour jouer comme tu le souhaites. Tu joues quand même comme ça. Tu perds ton premier match et immédiatement, comme tu es Saint-Etienne, tu es dans l'urgence.
Dans l'urgence, tu modifies ton projet initial. La construction de l'effectif avec le poste de latéral gauche est la meilleure illustration.
Les résultats ont caché la misère. Ils ont caché un jeu qui était insuffisant. Ils tiennent de la réussite. Ils ont pris des points contre le court du jeu. Quand tu ne respectes pas ton ambition, ton projet de jeu, ça ne peut pas fonctionner. Si en plus, tu le fais dans un club dont la pression populaire est telle, ça ne peut pas fonctionner. La chute était presque logique en fait."
Ton avis sur l'arrivée d'Olivier Dall'Oglio ?
Clément Grèzes : " Même s'il a plus entraîné en L1 qu'en L2 ces dernières saisons, c'est un coach qui connait parfaitement bien ce championnat. C'est déjà un avantage.
Je pense que comme tous les coachs au chômage, il connaît très bien Saint-Etienne et qu'il avait identifié que ça pourrait être une opportunité à venir pour lui. Il a assez bien analysé ce qu'il pouvait espérer de cette seconde partie de saison.
Il a un projet de jeu avec une structure qu'il ne devrait pas bouger. Ceci pour donner des repères. Il a une idée claire avec des schémas simples à assimiler. Plus simple que ce que Laurent (Batlles) souhaité faire ou les ambitions de Riera à Bordeaux.
Le problème de Sainté c'est qu'individuellement, ils ont un effectif de qualité. Mais un bon entraîneur doit parvenir à faire jouer ses joueurs ensemble. Réussir à gommer le passé.
L'énorme avantage pour Sainté c'est que l'objectif est de revenir dans le Top 5. Pas délirant sur le papier. Ils sont loin d'être décrochés. Ils doivent s'offrir des barrages. Après, il peut se passer plein de choses !
Revenir c'est faisable. Il y a des qualités. Il y a un coach pragmatique. C'est un bon entraîneur. Honnêtement, je pense qu'ils seront dans le Top 5.
Est-ce que Sainté fait la même saison sans la blessure d'Ibrahima Wadji ? Ton seul joueur de profondeur. Construction de l'effectif, encore une fois… Comment ça se fait qu'il n'y ait pas d'autres joueurs capables de prendre la profondeur. "
Commenter à Geoffroy-Guichard, c'est comment ?
Clément Grèzes : " C'est génial. Mais à l'extérieur aussi. Il se passe toujours quelque chose avec ce club. Tu as la sensation d'être au bon endroit. Tu es suivi. Il y a toujours une ambiance. Pas toujours positive. On a eu des moments un peu pesant à Sainté. Ceci fait aussi partie du foot.
Quand ça se passe bien, c'est génial. Mais c'est aussi à Sainté que j'ai eu le plus de match à huis clos. C'est une immense frustration quand c'est le cas.
Le supportérisme à des côtés fantastiques. Il peut t'emmener avec lui. Puis, il a une partie d'excès qui peut parfois être excessive. J'entends la nécessité de fêter, mais les feux d'artifices je ne comprends pas. Tu connais les sanctions que tu vas avoir. Je ne sais pas… Je ne me rends pas compte en n'étant pas supporter.
Nous, on est super content d'avoir Saint-Etienne en Ligue 2. Il ne faut pas se mentir. Mais quand on a des tribunes fermées, etc. On est déçu. Le spectacle n'est plus le même. On veut un Geoffroy Guichard qui chante et qui danse."
C'est la même chose sur les fumigènes ?
Clément Grèzes : " Mon problème n'est pas les fumigènes. Les fois où j'en ai vu dans les stades, je n'ai pas pu m'empêcher de dire que c'était quand même beau. Il faut régler cette question-là. On y revient doucement.
Ce qui m'embête moi, c'est ce qui s'est passé à Rodez. On a la sensation qu'on est toujours sur un fil. L'instabilité vient d'en haut."