Eric Roy est à la tête de Brestois qui déjouent tous les pronostics cette saison en Ligue 1. Au moment d'évoquer ce qui fait la force de son club dans Le Télégramme, il rappelle qu'un trop-plein d'assurance et un budget confortable peuvent mener à la désillusion... Comme à St-Etienne...

"Je rabâche à mes joueurs, quitte à passer pour un sénile, qu’il faut garder, dans l’approche de notre métier, cette exigence, cette humilité, cette volonté de travailler. Le piège est de se prendre pour ce qu’on n’est pas. On a un effectif assez mature, qui a souffert par le passé et qui apprécie d’autant plus ce qui lui arrive. Notre rôle, avec le staff, est d’être le garde-fou de tout ça. Le métier d’entraîneur est un métier de rappel.

Notre objectif est que le Stade Brestois devienne un club ancré en Ligue 1. Le projet club, qui dépasse mes compétences, vise à l’y installer durablement. Ce sont les moyens, le budget, qui font dire que Brest peut être plus en difficulté que d’autres. Mais personne n’est à l’abri de rien, on le voit avec des clubs comme Bordeaux ou Saint-Étienne, mais ici, les choses sont faites de façon prudente, pour parer à ce genre d’éventualités."

"Un pied de nez au foot-business ? J’aime assez l’idée !"

"Au Stade Brestois, chacun est à sa place et laisse l’autre travailler : c’est ce que j’ai tout de suite ressenti en arrivant. L’entraîneur est là pour entraîner, le directeur sportif gère la politique sportive, le président est dans son rôle, mais ne s’immisce pas au quotidien. C’est fluide. Tout est à peu près normal, ici, et c’est devenu rare. Ça me plaît beaucoup. Et c’est surtout l’idée que je me fais d’un club de foot.

Est-ce qu'on peut aussi y voir un pied de nez au foot-business ? J’aime assez l’idée en tout cas. On parle beaucoup des financiers, des fonds d’investissement, des milliardaires ou des États, même, qui achètent des clubs. Et le fait de voir que Brest, avec sa manière de fonctionner et son président, Denis Le Saint, qui est du coin, ait sa place là-dedans est valorisant. C’est un modèle à défendre.

Il faut apprécier à sa juste valeur cette 3e place. Mais c’est ce que j’aime aussi ici : j’ai connu des villes où, dans cette situation, les gens se seraient projetés sur des choses qui ne sont pas pour nous. Ici, les gens sont réalistes, et si on arrive à faire des choses, tant mieux, mais si ça ne se passe pas, je pense qu’ils ne seront pas déçus. Malgré tout, vu notre situation, on aimerait finir au minimum dans les 10 premiers, ce qui serait déjà bien pour Brest."