Nous attendions Jean-François Soucasse, mais c'est finalement Loïc Perrin, jouissant d'une plus forte popularité, qui a été invité par Le Progrès à s'exprimer sur la crise sportive que traverse l'ASSE. Le chef du recrutement revient sur le recrutement mais également les performances de l'équipe, de son coach et se projette sur l'avenir...
La situation sportive de l'AS St-Etienne n'est pas enviable et Loïc Perrin l'a admis sans détour. "Ce n’est clairement pas la place de Saint-Etienne. Mais il n’y a pas de hasard, si on est là, c’est qu’on le mérite. [...] On savait que ça allait être compliqué mais on n’imaginait pas à ce point-là. [...] Je prends bien sûr ma part de responsabilité dans cet échec"
S'il endosse une part de la responsabilité, Loïc Perrin explique qu'il ne regrette pas les mouvements du dernier mercato, expliquant que le club avait recruté juste en attirant des " joueurs confirmés qui connaissaient la Ligue 2, des joueurs de caractère sur qui s’appuyer." Il faut toutefois l'admettre, malgré leur expérience, les joueurs recrutés n'apportent pas la stabilité sportive et psychologique escomptée. Perrin ose toutefois une explication en avançant qu'il "faut aussi que les joueurs assimilent le fait de jouer à Saint-Etienne. Ce n’est pas un club comme les autres. Il faut en prendre la mesure. Porter le maillot de l’ASSE, ça engendre de l’attente."
"Quand je vois notre effectif et celui des autres équipes de Ligue 2, on n’a pas grand-chose à leur envier."
Une attente que les supporters commencent à trouver longue. Alors que le responsable de la sécurité vient d'être nommé, les tensions avec les groupes ultras sont toujours très palpables et ce, alors que tous les groupes ne sont pas encore revenus dans un stade Geoffroy Guichard qui ne fait plus vraiment figure de forteresse. "Les supporters n’ont pas cessé de nous encourager. Ils nous ont tourné le dos à la fin ? Ils ont le droit de ne pas être contents. C’est à nous d’aller les chercher."
Pour aller les chercher, il va falloir montrer davantage de qualité. Cela passe par la construction d'une équipe équilibrée, ce que n'a pas réussi à faire Perrin cet été malgré sa satisfaction. "Je ne regrette pas notre mercato de cet été. On a fait venir onze joueurs tout en étant conscient qu’on aurait des manques à certains postes. [...] Il y a un mois et demi, certains joueurs ne se connaissaient pas. Quand je vois notre effectif et celui des autres équipes de Ligue 2, on n’a pas grand-chose à leur envier." L'ASSE n'a peut-être pas grand chose à envier aux autres équipes de Ligue 2, sauf peut-être le nombre de points qu'elles ont engrangé. En ayant remporté seulement 11 pts (ndlr : 8pts au compteur du fait des 3 pts de retrait infligés par la LFP) en 12 rencontres, les Verts adoptent le rythme d'un futur relégué. "Ça serait la catastrophe" admet Loïc Perrin.
"Si on lui dit merci au bout de deux mois, c’est qu’on est fou."
Pour améliorer les résultats, l'une des questions qui se pose du côté des observateurs est de savoir s'il faut se séparer de Laurent Batlles qui ne semble pas trouver la bonne recette sportive. Ses atermoiements tactiques révèlent un manque de confiance en ses principes et certitudes. Cela s'est notamment vu face au Paris FC. Le directeur sportif tente une explication, "en voulant se rassurer, on a fait un non-match. On n’a ni bien défendu, ni bien attaqué par rapport à ce qu’on avait vu jusqu’ici. [...] La solution viendra du terrain. On est là pour aider les joueurs. À eux cependant de trouver les leviers pour rebondir." Au coach de trouver les solutions également... De quoi menacer sa présence à l'ASSE ? Perrin répond sans hésitation : "Il n’en a jamais été question. Laurent a présenté un projet sur deux ans. Si on lui dit merci au bout de deux mois, c’est qu’on est fou." Il poursuit et assure qu'il va accompagner son coach. "Mon rôle est de l’accompagner. Dimanche, il était passé à autre chose, projeté sur le déplacement à Amiens (samedi 15 heures). Il faut rester sur ce qu’on a fait de bien et gommer nos erreurs. La moitié des tirs cadrés que l’on subit se transforment en but. C’est trop. [...] On souhaite juste sortir au plus vite de la zone rouge. Et rester soudé en interne. On a longuement échangé dimanche. La solution viendra du terrain. On est là pour aider les joueurs. À eux cependant de trouver les leviers pour rebondir."
A ce sujet, la question de recruter un gardien ou des joueurs susceptibles de renforcer le groupe est-elle d'actualité ? Loïc Perrin ne semble pas tirer la sonnette d'alarme, même si en interne conviction est faite que ni freyer, ni Green ne sont au niveau escompté. "Le poste de gardien est comme un autre, soumis à la concurrence. Par expérience, je sais que ce n’est pas la même chose de jouer en numéro 2 puis d’assumer le statut de numéro un. Encore une fois, on est à Saint-Etienne. C’est le meilleur du moment qui jouera. Recruter ? À l’heure où l’on parle, ce n’est pas d’actualité. Mais d’ici deux à trois mois, je ne peux pas dire…" Une façon de dire que le club cherche mais ne va pas précipiter les choses sur un marché franco-français qui autorise l'arrivée d'un joker qui n'est pas à exclure. "On regarde, avec les contraintes d’un marché franco-français."
Les postes de pistons ou d'ailiers sont également ciblés !
Les postes de pistons ou d'ailiers sont également ciblés. "Il y a des postes qui demandent beaucoup d’activité, notamment les pistons, où on n’a pas assez de solutions performantes. On cherchera aussi à renforcer l’équipe offensivement. On a vu samedi que sans Jean-Philippe (Krasso), c’était plus difficile." Un aveu qui en dit long sur la capacité des autres recrues à créer et apporter le danger. Une sorte de pavé lancé dans la mare des Pintor, Wadji, Cafaro et consors...
La trêve internationale sera-t-elle une période mise à profit pour remettre l'équipe à niveau tactiquement, physiquement et en termes de cohésion ? C'est fort possible. un joker va-t-il arriver ? L'idée n'est pas à exclure et le poste de gardien de but qui ne semble pas une priorité pourrait toutefois nourrir la réflexion très rapidement. Quoiqu'il en soit, Perrin semble s'inscrire dans la continuité et son discours, à défaut de rassurer, va faire patienter les supporters et protéger le bilan global de l'équipe dirigeante... Mais pour combien de temps... ?