Annoncée en exclusivité par But il y a quelques semaines, l’information a été confirmée par l’Equipe hier après l’éviction de Laurent Batlles : Thierry Laurey serait en pôle pour lui succéder sur le banc des Verts.

Ancien milieu de terrain de l’ASSE dans les années 90, Thierry Laurey pourrait faire son grand retour dans le Forez. Après le Gazelec Ajaccio, Strasbourg et le Paris FC, l’ASSE viendra-t-il s’ajouter au CV de cet entraîneur au caractère bien trempé ?

Il s’est récemment exprimé dans le podcast Dessous Des Verts. Retranscriptions par nos soins de plusieurs passages qui permettent d’en savoir plus sur le potentiel futur entraîneur de l’ASSE :

Son passage en tant que joueur

Thierry Laurey :  » « J’étais à Sochaux de 1988 à 1990. J’avais une clause qui m’avait permis de quitter le club. Plusieurs clubs se sont montrés intéressés dont Saint-Etienne. Le PSG aussi. J’avais un copain dans l’équipe et ça m’a fait rêver. J’ai tenté de connaitre Paris. Sportivement, cela a plutôt bien fonctionné, mais ça ne me plaisait pas.

Saint-Etienne (André Laurent, Président de l’époque) m’a recontacté. Ils avaient fait un très mauvais début de championnat. Ils étaient derniers. […] On s’en est sorti à la fin de la saison. L’année suivante se préparait, mais une semaine avant le début du championnat, on m’a mis un joueur dans les pattes. Je n’ai pas trouvé ça très cavalier. On ne me faisait pas rentrer. Montpellier m’a contacté par le biais de Robert Nouzaret. »

Laurey aime Saint-Etienne

Thierry Laurey :  » Une histoire express, mais très sympa. J’ai adoré la vie là-bas. Les gens étaient extrêmement gentils. Que ce soit par le football ou à l’école où j’emmenais mes enfants à Saint-Just Saint-Rambert. Les gens étaient adorables.

Saint-Etienne était vraiment la première épopée qui a transporté tout le monde, toute la France. Dans toute la France, il y avait des supporters. On était soutenu partout. C’était extraordinaire. Et malgré des résultats très modestes.

Son retour dans le Chaudron

Thierry Laurey : « Je suis revenu à Geoffroy-Guichard à l’occasion des 90 ans du club. L’ASSE recevait le PFC. C’était très sympa. J’ai pu croiser Aimé Jacquet, Yvan Curkovic, Roland Romeyer, et tant d’autres.

Le Stade et l’ambiance étaient fantastiques. C’est quand même un grand avantage pour l’ASSE d’avoir ces supporters derrière eux. J’ai trouvé qu’ils étaient très cool, car malgré la défaite, ils ont continué à applaudir et à encourager. Ce qui m’a rappelé par certains côtés le public strasbourgeois.

Faire un petit break fait du bien dans la tête. On analyse les choses complètement différemment. Il n’y a pas cet instinct de survie que vous pouvez avoir quand vous arrivez dans la peau de l’adversaire, quitte à être un peu de mauvaise foi.

Je regarde le championnat de Ligue 2. J’avais vu Saint-Etienne plusieurs fois déjà. Ils sont spécialistes de la maison BeIN avec Bordeaux.

Avec un peu de recul et de distance, on arrive à voir les choses différemment. » 

Le métier d’entraîneur comme vocation

Thierry Laurey : ‘J’ai passé mes premiers diplômes quand j’étais joueur à Valenciennes. Quand j’ai signé mon dernier contrat à Montpellier, j’avais 3 ans en tant que joueur et 3 ans en reconversion. On ne savait pas encore dans quel rôle.

Il s’avère que lorsque j’ai terminé ma carrière de joueur, Jean-Louis Gasset est passé numéro 1. Ils cherchaient un adjoint et cela a débuté comme ça. Il y avait aussi Ghislain Printant comme entraîneur des gardiens. Trois anciens stéphanois.

Jean-Louis Gasset m’a inspiré dans sa façon de faire. Je ne veux pas faire un copier-coller, mais Jean-Louis était inspirant : la stratégie, la tactique. Tout comme Victor Zvunka que j’ai eu à Sochaux : la discipline, la rigueur. »

Le foot d’aujourd’hui

Thierry Laurey :  » Le foot a évolué à une vitesse phénoménale. Beaucoup de choses sont arrivées dans le football et pas que des bonnes. Le foot s’est amélioré, mais sur plusieurs plans, il s’est détérioré : les mentalités, les environnements des joueurs. C’est complexe. On peut vite avoir des joueurs à dos.

Les collectifs étaient beaucoup plus solides quand j’étais joueur. On partageait bien plus de choses ensemble. Aujourd’hui, nous sommes dans un sport qui se joue à onze avec onze individualités. C’est toujours embêtant. Pour nous, l’objectif, c’est d’empêcher cela en créant des relations. […]

Le discours et les séances doivent être différentes. »

Sa vision des Data

« On peut avoir des Data, des stats qui viennent enfoncer le clou. Capter l’attention des joueurs dans certains domaines. Pour autant, je ne fonctionne pas qu’avec ça. Avec humilité, ma carrière me permet d’avoir une connaissance suffisamment bonne pour savoir ce qui est bon pour mes joueurs.

J’estime que mes yeux voient, mais également ceux de mon staff, Directeur Sportif, voire Président. On peut avoir des opinions divergentes. On peut en discuter. Aucun problème. Même si les choix sont toujours faits par l’entraîneur.

Les chiffres peuvent corroborer. On utilise parfois. […] Sur le recrutement, ça peut être intéressant aussi. »

Recruteur sous Galtier !

 » En 2011, j’ai eu cette opportunité. Ce fut une bonne initiative qui a duré neuf mois. J’ai eu une offre d’un club de Ligue 2. Arles Avignon a appelé Christophe. On s’est quitté sans aucun problème. J’avais mon bureau à l’Etrat. Je dormais là-bas. Je partais beaucoup en déplacement. J’ai fait l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas, L’Italie, Le Danemark, la Belgique, le Portugal, la Roumanie. 

Je cherchais des joueurs bon marché. C’était toujours assez complexe. Stéphane Tessier se chargeait ensuite des négociations avec Roland Romeyer. 

On a fait Max-Alain Gradel à Leeds. Un agent en avait parlé à Bernard Caïazzo. On a fait Banel Nicolita de Bucarest. On a fait Paulao. Un Brésilien de Braga. On pensait vraiment que c’était une bonne affaire. Mais il a eu un gros problème d’adaptation. On l’avait eu gratuit.[…]

Je voyais énormément de matchs. Je partais le jeudi pour l’Europa League. Les week-ends en France. Le lundi pour la L2. Je partais du jeudi au mardi. Je voyais plus souvent les membres de l’ASSE que ma famille. J’ai pu rencontrer beaucoup d’agents et de personnes intéressantes.

Thierry Laurey veut rebondir

« J’ai fait de bonnes choses, mais pas que, en dix ans. On compare le métier d’entraîneur avec le fait de mettre la tête dans une machine à laver. Aujourd’hui, avec le recul et l’âge, on prend les choses avec un peu plus de détachement.

Quand les rencontres se multiplient, on n’a pas le temps de souffler. Aujourd’hui, j’ai le temps d’analyser les choses. J’écoute beaucoup de choses, beaucoup d’analyses. Ce qui peut m’apporter beaucoup.

J’ai envie de retourner dans la machine à laver, ça commence à me manquer tout doucement. J’espère retrouver un projet dans les semaines à venir (interview réalisé le 12 novembre). Il y a une logique avec beaucoup de demandes pour très peu d’offres. Il ne faut pas être impatient.

Aujourd’hui, on le sait. Tu perds trois matchs de suite et tu es en danger. On le sait. C’est parfois compliqué. […] Il faut avoir des gens qui vous font un minimum confiance. Qui ont un minimum de moyens pour que ça fonctionne.[…]

Il faut aussi tomber sur des Dirigeants qui ne sont pas des fous du bouton rouge. C’est facile d’appuyer sur le bouton, mais ce n’est pas toujours la meilleure des solutions…

Au PFC, ça s’est bien passé la première année et la seconde moins bien, mais nous terminons 6ᵉ. Correct malgré tout. Il y a une confiance à installer. […]

Aujourd’hui, nous sommes plus manager qu’entraîneur. On passe plus de temps à discuter avec des gens en dehors que sur le terrain. L’aspect tactique et physique m’intéresse beaucoup. Si on travaille bien sur le terrain, on n’a pas besoin de faire des tonnes de vidéos. Un peu oui. […]

Je suis avant tout un formateur. Il n’y a rien de plus beau que lancer et former un joueur. Pour moi, c’est très valorisant. C’est ma récompence. »

Sa relation avec la presse

 » J’ai eu quelques tiraillements avec la Presse. Les gens sont tous persuadés d’avoir raison. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. Si vous savez mieux que moi, ce n’est pas la peine de me poser des questions. Si vous me posez la question, je sais que je ne vais pas aller dans votre sens.

Pas par esprit de contradiction, mais moi, je vis au quotidien avec les joueurs. Votre vision n’est pas la réalité. Après, vous pouvez écrire ce que vous voulez, mais ça ne correspond pas à la réalité ! »