Comme chaque semaine, retrouvez notre rubrique historique. Ne jamais oublier d'où vient la Légende des Verts. Cette fois, nous revenons sur un épisode européen de l'AS Saint-Etienne.
22 octobre 1975 : 2e tour de coupe d’Europe des clubs champions - ASSE-Glasgow Rangers
Les Glasgow Rangers, un adversaire d'un autre calibre
Après une qualification aisée face aux Danois du FC Copenhague (2-0 et 3-1) au 1er tour de la coupe d’Europe des clubs champions, les choses sérieuses commencent pour l’ASSE avec l’adversaire désigné pour les 1/8e de finale puisqu’il s’agit des redoutables Glasgow Rangers, vainqueurs de la coupe des Vainqueurs de coupe en 1972. Les Ecossais se rappellent aux bons souvenirs des Stéphanois car ils ont été leurs premiers adversaires européens en 1957 et les Verts avaient frôlé la qualification malgré leur inexpérience à ce niveau (1-3, 2-1).
Surtout, Saint-Etienne a connu une terrible désillusion avec l’autre club de Glasgow, le Celtic, en 1967, éliminés après une défaite 0-4 en Ecosse malgré une victoire probante à l’aller (2-0). Le président Roger Rocher le confirme sans ambiguïté : « nous avons un compte à régler avec les Ecossais et que nous allons tout mettre en œuvre pour que cette fois, il tourne à notre avantage. ».
Néanmoins, l’ASSE n’est pas donnée favorite pour cette double confrontation. Les bookmakers parient sur la victoire des Rangers qui sont donnés gagnants à 5 contre 4, la côte des Stéphanois étant limitée à 3 contre 1. Il n’en reste pas moins vrai que les Verts sont prêts à aller au combat dès le match aller au stade Geoffroy-Guichard sachant qu’on leur promet l’enfer à Ibrox Park au match retour.
Toutefois, Saint-Etienne n’offre pas les meilleurs garanties en ce début de saison notamment à domicile où les Verts viennent de concéder contre Nantes (2-2) sous les yeux Jock Wallace, l’entraîneur écossais, leur 3e match nul consécutif à Geoffroy-Guichard. Ils n’ont plus gagné en Championnat depuis le 27 août et ils restent sur six matches de Division 1 sans victoire.
Mais ils peuvent compter sur un public qui répondra forcément présent, devant les caméras d’Antenne 2, dont les commentateurs vedettes Bernard Père et Thierry Roland feront le déplacement. Robert Herbin, l’entraîneur stéphanois pense, contre toute attente, que Glasgow arrive à point nommé pour relancer son équipe. Une victoire contre les Ecossais serait la bienvenue d’autant que se profile le derby trois jours après.
Le rôle du public du stade Geoffroy-Guichard sera primordial et au fur et à mesure que le match s’approche, la fièvre verte s’installe en ville. 40 000 spectateurs sont attendus dans les tribunes et ils comptent bien pousser leur équipe comme ils en ont le secret.
Bien que prévenus, les Ecossais vont sentir la pression et Roger Rocher leur promet une réception dont ils se souviendront longtemps : « Avant de connaître l’enfer écossais, il faut que demain soir, le stade Geoffroy-Guichard soit l’enfer stéphanois. » souhaite-t-il ! D’ailleurs, les Rangers vont aligner une équipe à tendance défensive et procéder en contres afin de contrecarrer les initiatives des attaquants qu’ils redoutent énormément. Ils surveilleront notamment Dominique Rocheteau, la nouvelle pépite stéphanoise comme le lait sur le feu.
L'ASSE a gagné la bataille du défi physique
Près de 30 000 spectateurs sont venus encourager leur équipe créant une ambiance surchauffée qui a porté les Stéphanois qui arborent un inhabituel short noir pour ne pas être confondu avec leur adversaire à la télévision. Ils ont attaqué le match tambour battant, se créant 3 actions dangereuses dès les dix premières minutes sans malheureusement arriver à les convertir. Les Ecossais sortent néanmoins la tête de l’eau n’hésitant pas à utiliser des moyens peu licites, témoin le coup de poing que reçoit Osvaldo Piazza en milieu de première mi-temps dans le dos de l’arbitre.
Peu avant la demi-heure de jeu, les Verts ont repris le contrôle du ballon et ils sont récompensés par l’ouverture du score de Patrick Revelli qui a repris un centre de Rocheteau à la 28e minute. Plus rien ne sera marqué jusqu’à la mi-temps malgré une tête de Piazza à la 30e minute détournée magnifiquement par le gardien écossais ou un tir de Rocheteau qui frôle la transversale à la 43e.
But de Patrick Revelli
La deuxième mi-temps commence sous un brouillard qui s’intensifie mais qui n’empêche pas les 22 acteurs de se rendre coup pour coup. Globalement, les Stéphanois sont dominateurs et il en faut de peu pour qu’ils ne doublent la mise. Les Ecossais font de la résistance et ils pensent repartir avec cette courte défaite qui leur laisse beaucoup d’espoir pour le match retour. Mieux, ils espèrent égaliser à l’occasion d’un contre surtout dans cette fin de match où les Verts prennent tous les risques. Ivan Curkovic doit ainsi s’employer pour éviter à sa formation d’encaisser un but.
Ivan Curkovic vigilant
Toutefois, parce qu’il existe une justice, à la 89e minute, Dominique Bathenay s’échappe sur le côté droit, entre dans la surface de réparation et décoche un tir imparable qui fait chavirer de bonheur tout d’un stade dont l’explosion s’entend à des kilomètres à la ronde. C’est un but qui vaut de l’or et qui offre à l’ASSE une avance conséquente avant le match retour (2-0). Mais attention, 1967 est passé par là et toute confiance excessive ne saurait être de mise.
Le résumé du match avec notre partenaire ASSE Mémories