À l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 774 qui, depuis 1933, ont un jour porté le maillot vert.
De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.

PASCAL FEINDOUNO
(150 matches, 37 buts de 2004 à 2008)
Le prince de Geoffroy-Guichard

 

A SAINT-ETIENNE, DANS LES VALISES D’ELIE BAUP

L’ASSE est remontée en L1 en 2004 grâce à Frédéric Antonetti qui a ramené sa formation parmi l’élite en moins de trois ans. Mais comme à Saint-Etienne, on ne fait rien comme ailleurs, le club n’a pu s’empêcher de vivre un psychodrame qui a conduit au départ de son entraîneur corse qui a été remplacé par Elie Baup.

Ce dernier, qui connait bien la maison verte pour avoir été l’adjoint de Jacques Santini avant d’en devenir l’entraîneur principal de 1994 à 1996. Il fait des pieds et des mains pour obtenir la signature de l’attaquant Pascal Feindouno qu’il a fait débuter à Bordeaux.

Il lui apporte la caution technique dont il a besoin pour obtenir un maintien serein avant d’envisager d’autres objectifs plus prometteurs. Le Guinéen n’a pas hésité longtemps avant de suivre son mentor dans le Forez qu’il rejoint le 18 août 2004 après avoir engagé un bras de fer avec les Girondins qui ne voulaient pas le laisser partir.

Il est prêté une saison avec option d’achat à l’AS Saint-Etienne qui fait là une très belle affaire.
Rapidement, Geoffroy-Guichard s’aperçoit que Pascal Feindouno est un artiste qui devrait apporter de la joie à un public médusé par la facilité qu’il a de manier le ballon. Il ne tarde pas à marquer son premier but en Vert le samedi 18 septembre 2004 à Ajaccio (1-1) puis son premier dans le Chaudron le 3 octobre 2004 face à l’OL dans l’un des plus beaux derbies de l’histoire malgré la défaite (2-3).

Et que dire de son lob astucieux sur Fabien Barthez à Marseille le 17 octobre (1-1) ! Que des actions de grande classe qui laissent les spectateurs pantois. Son premier doublé face à Nice le 6 novembre permet aux Verts de l’emporter (2-1) et de signer douze rencontres consécutives sans défaites en L1 marqués par un but, extraordinaire, encore un, à Geoffroy-Guichard le 16 mars 2005, contre Ajaccio, d’un extérieur du droit en pleine lucarne (3-0).

Pari gagné, les Verts réalisent une première saison enthousiasmante, bien aidés par les 14 buts de Feindouno, avec une demi-finale de coupe de la ligue et une 6e place en championnat qui leur donne le droit de participer à la coupe Intertoto.

L’INTERTOTO, LE PARFUM DE L’EUROPE

Évidemment, avec de telles prestations, Pascal Feindouno est transféré définitivement dans le Forez où il va découvrir la folie de la coupe d’Europe.

Même si ce n’est que par l’intermédiaire de la coupe Intertoto, cette fois-ci, les dirigeants stéphanois ne vont pas commettre l’erreur de la bouder comme en 2000 avec Robert Nouzaret qui l’avait trouvé inutile.

32 000 spectateurs ont pris place dans les travées de Geoffroy-Guichard le 2 juillet 2005 pour voir les siens concéder un match nul (1-1) dans une ambiance indescriptible contre le Neuchatel Xamax d’Alain Geiger qui a joué à l’ASSE de 1988 à 1990. Le retour est encore plus magique avec pas moins de 10 000 fans stéphanois qui ont fait le court déplacement à Genève pour voir les Verts l’emporter et se qualifier avec un nouveau but de Pascal Feindouno (2-1).

Malheureusement, l’AS Saint-Etienne sera éliminée au tour suivant contre la modeste équipe romaine de Cluj, un aperçu somme toute fidèle d’une saison finalement décevante qui voit l’attaquant guinéen n’inscrire que trois autres buts.

D’ailleurs, une défiance commence à s’installer entre le joueur, dont la régularité n’est pas le point fort et le public qui en attend désormais plus de son joyau africain qui a été surnommé le « Zidane africain ». Il faut dire que ce dernier est réputé pour aimer faire la fête, une hygiène de vie peu compatible avec des performances de haut niveau répétées tous les week-ends. A tel point qu’on a vu fleurir des banderoles vengeresses de la part du Kop nord telles que « Feindouno, les bars de Sainté te regretteront, pas nous ».

2008, LA COUPE UEFA EN APOTHÉOSE

Heureusement, Pascal Feindouno a plus d’un tour dans son sac pour se mettre les spectateurs dans sa poche, capable de marquer des buts venus d’ailleurs comme à Monaco le 12 août 2006 où son retourné inattendu a fait mouche (2-1). Témoin aussi, son chef-d'œuvre réalisé le 8 décembre 2007, à domicile contre Metz, un lob délicieux à la 94ᵉ minute qui a scellé le résultat du match (2-0).

Cette saison 2007-2008 est d’ailleurs particulière, car sous la conduite de Laurent Roussey, les Verts vont connaître une première partie houleuse avec une défaite à Strasbourg (0-3) en plein mois de février 2008 qui semblait précipiter le départ du nouvel entraîneur.

Mais par la grâce du destin, ils ne vont connaître plus qu’un seul revers pour terminer en apothéose face à Monaco à Geoffroy-Guichard où le Guinéen se permettra le luxe d’inscrire le dernier but du match à un quart d’heure de la fin face à un infortuné Stéphane Ruffier, le monégasque, qui ira chercher quatre fois le ballon au fond de ses filets (4-0).

Ce résultat fera le bonheur de tout un peuple qui envahira la pelouse au coup de sifflet final, heureux de la qualification des Verts à la coupe de l’UEFA, vingt-six ans après leur dernière participation à cette compétition.

Rien ne laissait présager alors que Pascal Feindouno, à l’orée de la saison suivante, cèderait à la proposition alléchante d’Al Saad, un club du golfe persique qui l’a séduit avec ses pétrodollars. Il n’a pas résisté à l’offre mirifique (on parle d’un salaire de 240 000 euros par mois, plus une prime à la signature qui s’élèverait à 1 500 000 euros, sans compter les autres avantages) qui l’ont convaincu de rejoindre le Qatar.

Avant de partir, il a néanmoins tenu à qualifier l’ASSE pour la phase de groupe de la coupe de l’UEFA le 18 septembre 2008, en marquant son 37ᵉ et dernier but pour les Verts à Tel Aviv au match retour (2-1).

Comme cadeau de départ. Malgré lui, son transfert s’est retrouvé au cœur d’un imbroglio. Il est parti à Doha en même temps que le Brésilien, Nivaldo, un subterfuge pour éviter à l’ASSE de payer à Bordeaux les 50 % de la plus-value généré par cette transaction comme l’exigeait un accord passé entre les deux clubs.

Évidemment, la supercherie a été éventée et Saint-Etienne a bien réglé la part qui revenait aux Girondins.
Par toutes ses actions d’éclat qui ont laissé un immense souvenir dans le Forez, Pascal Feindouno, le prince de Geoffroy-Guichard, a largement mérité de figurer parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire de l’ASSE.

 

By Albert