A l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 773 qui depuis 1933, ont un jour porté le maillot vert.
De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.
(360 matches, de 1976 Ă 1989)
« El Gato » fidèle à Saint-Etienne
REMPLACANT A GLASGOW
Jean Castaneda est né à Saint-Etienne le 20 mars 1957 et est donc un pur Stéphanois. Formé à l’Olympique de Saint-Etienne, le club voisin dont Roger Rocher a été le président avant de prendre les destinées de l’ASSE en 161, il rejoint les Verts en 1972 à l’âge de 15 ans. Gardien de but, il va apprendre le métier dans l’ombre de son modèle, son maître, Ivan Curkovic dont il va surveiller tous les faits et gestes pour s’en inspirer. Profitant de la blessure du remplaçant habituel, le Yougoslave Esad Dugalic, il est même sur le banc aux côtés de Dominique Rocheteau lors de la finale de la coupe d’Europe des clubs champions 1976 à Glasgow contre le Bayern Munich et ses maudits poteaux carrés.
Jean Castaneda progresse sereinement dans l’ombre de son mentor et en 1978, il devient le numéro deux profitant de la coupe Intertoto (une compétition européenne semi-officielle de fin de saison) pour faire ses premiers pas dans la cage stéphanoise. Sa première apparition a lieu contre l’AS Roma (1-0) le 9 mai 1978 et on retiendra qu’il a débuté sa carrière à l’ASSE par un clean sheet. Il est ensuite aligné le 12 mai contre le Bayern Munich (2-6) du grand Gerd Muller qui lui plante cinq buts (douloureux apprentissage !) puis il termine de nouveau contre l’AS Roma au Stadio Olimpico où il concède une autre défaite (0-3).
LE SUCCESSEUR D’IVAN CURKOVIC
Ivan Curkovic ne lui laisse que des miettes Les deux premières saisons. Il ne joue que quatre matches dont deux 32e de finale de coupe de France. Mais on notera tout de même qu’il n’encaissera aucun but dans les quatre rencontres disputées. L’été 1980, l’AS Saint-Etienne entame son championnat de manière poussive avec deux revers lors des trois premières journées et sept buts encaissés. La relève a sonné et le mythique gardien yougoslave lui cède sa place, conscient qu’il est grand temps de passer le flambeau. Jean Castaneda devient titulaire dès le match suivant à Geoffroy-Guichard contre Nancy qui se solde par une belle victoire même s’il est allé cherché le ballon une fois dans ses filets (4-1).
Sa carrière est lancée et il intègre une équipe dans laquelle sa présence légitime rassure une défense composée de Gérard Janvion, Bernard Gardon, Christian Lopez, Patrick Battiston ou Gérard Farison, soit ce qui se fait de mieux en France à l’époque. Avec un gardien au niveau de son arrière-garde, l’ASSE remporte le 10e titre de son histoire dès sa première saison, en 1981. Jamais les Verts n’avaient été champions avec si peu de buts encaissés (26) dont seulement 19 pour Jean Castaneda. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, il honore sa première sélection avec l’équipe de France le 18 février 1981 en Espagne (0-1). Il est seulement le troisième joueur né à Saint-Etienne, passé par l’ASSE, à être appelé en bleu après Antoine Cuissard et Georges Bereta. La voix semble toute tracée pour un gardien qui a gagné un surnom « El Gato » pour son agilité et ses réflexes sur sa ligne.
UNE CRISE AUX CONSEQUENCES FUNESTES
Malheureusement, l’ASSE est frappée par l’affaire de la caisse noire révélée le 1er avril 1982 qui va tout emporter sur son passage. La saison se termine pour les Verts par la perte du titre à la dernière journée malgré un 9-2 contre Metz à Geoffroy-Guichard, une défaite en finale de la coupe de France contre le PSG aux tirs aux buts (2-2) et Jean Castaneda perd sa place de titulaire en équipe de France à la coupe du monde où il ne joue que la finale pour la troisième place contre la Pologne (2-3).
Le bateau stéphanois est en train de couler, ce qui se confirmera en 1984 avec la descente en deuxième division après les barrages contre le Racing Paris avec une défaite au match retour (0-2) à Geoffroy-Guichard devant 45 000 spectateurs qui quittent le stade en pleurs. Tous les joueurs champions de France en 1981 ont quitté le Forez et malgré des propositions alléchantes, notamment en provenance de l’étranger, Jean Castaneda décide de rester à Saint-Etienne où il a ses attaches, malgré la D2 pour aider une nouvelle direction à reconstruire le club.
Avec la venue d’un entraîneur polonais, Henryk Kasperczak, les Verts vont mettre deux saisons à retrouver l’élite grâce à des joueurs comme Roger Milla, Didier Gilles et Bernard Pardo. Jean Castaneda fait office de grand frère pour les Jean-Luc Ribar, Jean-François Daniel ou Patrice Ferri, ces jeunes qui vont se révéler dans l’adversité. Capitaine de l’équipe, le gardien stéphanois sert de guide à une nouvelle génération capables d’exploits comme un 5-1 à Lyon, entraîné désormais par Robert Herbin ou d’atteindre les quarts de finale de la coupe de France en 1985 contre Lille (club de D1) avec en particulier le match aller à Geoffroy-Guichard devant 47 747 spectateurs, le record dans le chaudron.
UNE FIN DE CARRIERE A L’ASSE CONFLICTUELLE
Le retour en D1 n’est pas de tout repos pour Jean Castaneda. Il n’est plus indiscutable et il est mis en concurrence avec François Lemasson, transfuge de l’été en provenance du Red Star qu’Henryk Kasperczak fait débuter. Mais après cinq matches, il retrouve sa place pour ne plus la quitter. Cette première saison est stressante et l’ASSE ne se maintient qu’à la dernière journée et un nul contre Sochaux à Geoffroy-Guichard (1-1) alors qu’une défaite l’aurait condamné. Les Verts ne s’en sortis que grâce à une défense de fer (32 buts encaissés), la deuxième du championnat menée de main de maître par le gardien expérimenté et par l’arrière central bulgare Georgi Dimitrov.
Pour ne pas connaître une telle frayeur, le président André Laurent, conseillé par Casino, fait revenir Robert Herbin. 1987-88 se déroule à la perfection pour Jean Castaneda qui joue tous les matches avec une très belle quatrième place qui n’est, exceptionnellement pas qualificative pour l’Europe. Sa chance est passée car la saison suivante, l’entraîneur stéphanois lui préfère sa doublure, Pascal Beaufreton, qu’il intronise numéro un. Une décision qui passe mal auprès des supporters et ce d’autant plus que le nouveau gardien ne réalise pas des prestations impressionnantes. Coupable de plusieurs erreurs grossières, Herbin lui maintient tout de même sa confiance de manière difficilement compréhensible. Voyant qu’il ne peut retrouver sa place, la mort dans l’âme, Jean Castaneda, qui rêvait de finir sa carrière à l’ASSE, quitte son club de cœur, pour lequel il aura tout sacrifié, et il rejoint l’OM en 1989.
Jean Castaneda, c’est tout de même 360 matches avec les Verts, quatrième gardien derrière Jérémie Janot (386), Ivan Curkovic et Stéphane Ruffier (380), le goal du dernier titre de champion de France et une fidélité à toute épreuve. Toutes ces raisons, cumulés à ses qualités, justifient qu’il puisse être considéré comme un des cinquante meilleurs joueurs de l’histoire de l’ASSE.