L’ASSE, rétrogradée en Ligue 2, souhaite tourner la page d’un fiasco annoncé depuis déjà quelques saisons. La politique sportive de ces dernières années a mené à la descente de son équipe professionnelle et un dégraissage de l’effectif est en cours. Il semblerait toutefois que le sportif ne concentre pas toutes les attentions…

C’est une descente qui n’a finalement pas étonné grand monde, observateurs comme supporters, lorsqu’elle est survenue le 29 mai dernier. La déception et le dégoût on rapidement laissé place à une forme de lucidité. La dégringolade du club ne date pas d’hier. Elle s’apparente à une suite logique de mauvais choix opérés depuis le départ de… Christophe Galtier. C’était en mai 2017. Se sont alors succédés comme chefs d’orchestre Oscar Garcia, Julien Sablé, Jean-Louis Gasset, Ghislain Printant, Claude Puel, Julien Sablé (pour un intérim d’une rencontre) et Pascal Dupraz. Tous ont participé à faire de cette mélodie une bouillie musicale !

Oscar Garcia l’inconnu dont on a trop vite imaginé qu’il ferait jouer l’ASSE comme le Barça et dont la seule trace laissée au club fut un système de caméras dont aucun staff ne se plaint aujourd’hui. Lui a succédé Julien Sablé. Celui qui présente son premier passage sur le banc d’entraîneur comme un simple intérim nourrissait le fol espoir de terminer la saison comme numéro un… accompagné de Jean-Louis Gasset comme adjoint « mentor »… Un choix discutable puisque à cette époque Laurent Batlles entraînait la réserve, était titulaire du diplôme d’entraîneur de football professionnel et avait déjà intégré le staff professionnel aux côtés de Christophe Galtier. Roland Romeyer en a décidé autrement et a préféré installer son fils spirituel, Julien Sablé, alors directeur du centre de formation. Cinq défaites et deux matches nuls plus tard, il a fallu se résoudre à intervertir les responsabilités et positionner l’expérimenté Gasset en numéro un.

Finances plombées et crise d’autorité à tous les étages !

Roland ROMEYER / Ghislain PRINTANT – 06.12.2014 – Saint Etienne / Bastia – 17eme journee de Ligue 1 –
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S’est alors organisée une opération sauvetage avec une philosophie prémonitoire de quoiqu’il en coûte devenue à la mode depuis dans notre vie politique… Les arrivées aussi précieuses sportivement qu’onéreuses se sont succédées. Cabella, M’Vila, Subotic, Kolodziejczak, Khazri, Debuchy… Des cadres, des vrais, qui ont non seulement sauvé le club, mais lui ont également permis de retrouver des couleurs dans le paysage d’une Ligue 1 où St-Etienne occupait le premier tiers du classement. 31 victoires, 14 nuls et 17 défaites plus tard, le druide Gasset cooptait son adjoint Ghislain Printant pour le fiasco que l’on connaît. La fameuse période des peignoirs-claquettes comme la presse aimait à les appeler. Ces joueurs qui ont commencé le couteau entre les dents avant de lentement desserrer la mâchoire… Un management responsabilisant qui fonctionnait à la perfection avec Jean-Louis Gasset, mais beaucoup moins sous les ordres de Ghislain Printant que les joueurs surnommaient « Cruchot » dans le vestiaire… Un manque de respect à la hauteur de leur démotivation ! Les dirigeants ont alors eu la faiblesse de croire que l’élève serait capable de tenir la classe que le maître avait façonné selon ses principes et tenait au bénéfice d’un charisme que ne possédait pas son ami Ghislain. Il faut dire que les joueurs, Yann M’Vila en tête, avaient clairement marqué leur soutien au montpelliérain en conditionnant leur présence à l’ASSE à celle de l’adjoint de Gasset. Et l’institution se coucha… et paya ! Le quoiqu’il en coûte atteignait sa limite en entretenant une armée d’ex-internationaux aux salaires mirobolants ne remportant plus aucune bataille !

A l’automne 2019, exit le maréchal des logis « Cruchot », dégradé au profit de l’Oberkommandant (ndlr : chef suprême des armées en allemand) Puel ! Fini les claquettes, déposés les peignoirs, le Castrais promettait du sang et des larmes… et pas mal de sueur ! Ce sont finalement les supporters qui eurent à supporter la sueur… Elle fut froide à la fin de la saison conclue prématurément à cause de l’épidémie de Covid où les Verts se sauvaient aux portes de la L2. l’année suivante, malgré une finale de coupe de France, le maintien ne se joua que durant les toutes dernières journées de championnat et la 11ème place occupée par les Verts fut flatteuse… Pendant ce temps, Claude Puel occupait également la place dans la coulisse du club. Super recruteur aux côtés de Xavier Thuilot ou Frédéric Paquet (ex-directeurs généraux), installé au conseil de surveillance… Le manager général des Verts avait obtenu les clés d’un camion qui finira par se crasher à la fin de l’automne 2021, un soir de « giflada » face à Rennes (0-5). A trop avoir voulu changer son image de main molle dans une moufle de papier crépon, l’ASSE imaginait Puel comme un sauveur capable de proposer une main de fer dans un gant de titane. De quoi réaffirmer l’autorité des dirigeants ! Gravissime erreur. Les actionnaires avaient au contraire affaibli davantage le club en y installant un calife à leur place. La crise d’autorité débutée sous Printant dans le domaine sportif avait fini par s’étendre au sein de toutes les composantes du club.

L’arrivée de Soucasse pour remettre l’église au centre du village !

40 Etienne GREEN (asse) – Jean-Francois SOUCASSE (Directeur general des services Saint-Etienne ASSE) during the Ligue 1 Uber Eats match between Saint Etienne and Brest at Stade Geoffroy-Guichard on April 16, 2022 in Saint-Etienne, France. (Photo by Christophe Saidi/FEP/Icon Sport) – Photo by Icon sport

La reprise en main des affaires par Roland Romeyer était alors de nature à perturber les opérations en cours. Thuilot ou Paquet n’y ont pas résisté. L’arrivée de Jean-François Soucasse s’est faite dans ce contexte. Il fallait que les actionnaires reprennent la main et le Toulousain, dont le professionnalisme était mis en avant par les présidents, arrivait pour remettre de l’ordre mais également travailler en totale transparence avec les propriétaires.

La première décision de JF Soucasse fut d’écarter Philippe Lyonnet, le directeur de la communication du club. Si les motivations de ce choix restent obscures, les solutions de repli furent étonnantes : des actionnaires qui confiaient leur communication à la société privée dirigée par Patrick Chêne et un directeur général qui installait les jeunes collaborateurs de Lyonnet comme responsables, sous sa coupe, de la communication du club. Pourquoi pas…

Plus étonnante fut la promotion de Samuel Rustem. Sans que ne soit remise en question sa compétence, il est rare de voir un stadium manager promu directeur général adjoint dans un club de l’envergure de l’ASSE, ou dans un club tout court… Il expliquait sur france Bleu en janvier dernier en quoi consistait sa mission : « C’est une grosse implication. La tâche est simple c’est de faire en sorte que tout se passe bien. C’est une coordination entre la direction administrative et la direction sportive. Ainsi qu’une coordination générale au niveau des différents services pour que la performance collective soit au rendez vous. »

Les supporters : l’échec permanent de l’exécutif !

Entree des Joueurs – illustration – Tribune – Supporters – fumigenes during the Ligue 1 Uber Eats match between Saint Etienne and Bordeaux at Stade Geoffroy-Guichard on September 18, 2021 in Saint-Etienne, France. (Photo by Christophe Saidi/FEP/Icon Sport) – — – Stade Geoffroy-Guichard – Saint Etienne (France)

Il faut donc que tout se passe bien ! Problème majeur et grosse épine dans le pied de l’exécutif : la relation avec les groupes ultras du club. Avec les mauvais résultats depuis plusieurs saisons, la grogne monte pour se muer en colère. Point d’orgue de cette dernière, la rencontre face à Auxerre le 29 mai dernier (1-1, défaite aux tirs aux buts). Des violences sans précédent ont émaillé les fin de la rencontre, comme pour conclure une saison où Green-Angels 92 et magic Fans 91 ont finalement pu déployer toutes les banderoles qu’ils ont souhaité, tirer des feux d’artifice en plein stade et festoyer à coups de pétards et autres feux de Bengale. A tel point que la LFP a pu imaginer une conivence du club… Il n’en était rien a priori. Samul Rustem aurait donc décidé de faire sauter un fusible qu’il avait lui-même installé comme stadium manager adjoint : Florian Merle. L’ancien administrateur et rédacteur pour le site Evect était entré en 2018 au club comme « référent supporters ». Chargé des bonnes relations entre l’ASSE et ses groupes de supporters, il endossa ce rôle jusqu’en 2021, la cumulant avec la fonction de référent Covid dès mai 2020. Dès l’été 2021, il fut propulser « stadium manager adjoint » et directeur de la sécurité à l’ASSE (!). Un cumul de casquettes étonnant ! Si la compétence n’attend pas l’âge, le choix de confier à un stadium manager adjoint les clés de la sécurité d’un club comme l’ASSE laisse perplexe, surtout lorsqu’on connaît la complexité du dossier à St-Etienne. Davantage victime que coupable, Florian Merle qittera ses fonctions le 31 août prochain comme nous l’apprend L’Equipe ce jour. Une « évolution » pas forcément attendue pour celui qui venait d’intégrer la promotion 2022-24 du Diplôme Universitaire Stadium Manager du CDES Limoges ! Il faut avouer que la longue recherche d’un référent supporter à l’automne dernier ainsi que les relartions rompues avec les groupes ultras depuis quelques semaines étaient des indicateurs laissant peu d’espour à Florian Merle d’être reconduit. Il est étonnant toutefois qu’il porte seul cette responsabilité.

Sportivement, l’ASSE va également dégraisser et faire table rase du passé. Si 15 joueurs sont partis alors qu’ils étaient en fin de contrat, d’autres sous contrat devraient encore suivre. C’est en tout cas la volonté du club. Ainsi, après Gourna et bientôt Bouanga, Neyou, Moukoudi et Adil Aouchiche sont des départs espérés. Les deux premiers symboliseraient l’échec des saisons passées alors que le dernier représente un trop gros poids dans la masse salarial du club. L’ASSE n’en a pas terminé d’un nettoyage de printemps qui pourrait s’éterniser jusqu’à la fin de l’été…