Dans une longue et riche interview accordée à Colin sur la chaîne Colinterview, Frédéric Piquionne, aujourd’hui consultant pour Prime Video, revient sur la fin mouvementée de son aventure à l’ASSE. Aujourd’hui encore, il avoue ne pas comprendre l’attitude des dirigeants stéphanois à cette époque.

« Les 6 plus gros mois de toute ma carrière »

Frédéric Piquionne sur la fin de son aventure à l’ASSE et l’ambiance hostile du Chaudron : « C’est compliqué à gérer. Moi, il ne faut pas oublier en plus que c’était ma 5ᵉ saison dans le football professionnel. Compliqué à gérer, compliqué de réaliser que tu te fais siffler par tes propres supporters. Compliqué à gérer quand tu commences à lire des banderoles sur toi pendant les matchs, quelle concentration tu peux avoir. On va te dire que tu es professionnel donc que tu dois… Mais avant d’être professionnel, tu es un humain et forcément tu as des émotions. »

« C’est compliqué, c’est dur, cette année-là, avant la fin du championnat, j’avais dit au coach et aux dirigeants : « écoute pour moi, c’est très dur, je n’y arrive pas, commencez à prévoir l’année prochaine un autre attaquant, parce qu’avec mes agents, on va tout faire pour partir, je ne peux pas rester dans ce contexte-là ». Ils m’ont dit « mais non ne t’inquiète pas, ça va s’arranger, tu vas voir… ». Et finalement, après discussions, même si j’avais des clubs et je pouvais partir en Angleterre, je suis resté et finalement, ils ont recruté Ilan et voilà. »

« On est reparti de plus belle, un nouveau coach, une nouvelle dynamique, un nouveau système et c’est reparti de plus belle. Parce que les six premiers mois qu’on fait avec l’ASSE sur la 3ᵉ saison, ce sont les six plus gros premiers mois que j’ai fait de ma carrière dans n’importe quel club. On tapait tout le monde, à domicile en tout cas, on avait un tarif, c’était 3-0. Parfois, même moi je ne comprenais même pas la force qu’on avait à domicile. Déjà quand tu rentrais dans le couloir dans les escaliers, il y avait marqué « Ici c’est le Chaudron », et là déjà, dans le regard des adversaires tu les voyais se dire « ils se la racontent un peu ». Mais non il n’y a pas de se la raconter. Nous on arrivait, première action, profondeur directe. Le match démarre. Paris est venu, on les a tapés. Marseille est venu, on les a tapés.  Il n’y a que Lyon où on n’y arrivait pas. Mais le reste ils sont tous venus prendre leur raclée à domicile. Tranquille. »

Le clash ASSE/Piquionne

« Pourquoi ça ne dure pas toute la saison ? Parce que je pars (sourire). Mais ils ont fait une bonne fin de saison parce qu’à l’époque je me rappelle, quand je pars, on est 3ème du championnat. Je ne vais pas au bout parce qu’il y avait des sollicitations. Tu as un club qui est champion de France depuis 4 ans, qui est premier du championnat et qui te viens te chercher. Tu fais une culbute sur un transfert, alors certes c’est clair que c’est en mercato, je pense qu’on aurait pu avoir une discussion. Il y a eu des mots qui ont été très très durs de ma part et aussi ceux du club. D’où les mots que j’ai pu sortir à l’époque parce que moi je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas aller dans le meilleur club français de l’époque c’est tout. »

« On m’a bien fait comprendre « Tais-toi, reste à ta place ». Et voilà pourquoi moi j’ai sorti des mots qui ont été très compliqués, que les gens ne peuvent pas savoir parce qu’ils se disent « oui mais tu gagnes ci tu gagnes ça… ». Oui mais au fond, autour de la table quand tu vois le regard du dirigeant, qui te regarde et te parle d’une certaine manière, tu te dis « Ah ouais c’est bon d’accord, donc c’est comme ça je dois m’assoir, me taire, rien dire et faire comme vous vous voulez ? » Mais c’est impossible à un moment donné. »

Ni prolongation, ni porte de sortie : l’incompréhension de Piquionne

« C’est une histoire de sous et c’est surtout une histoire qu’ils ne veulent pas discuter. Ils ne veulent pas discuter. Tu as un joueur de ton effectif qui est sollicité, il lui reste un an et demi de contrat. Toi tu es dirigeant d’un club, qu’est-ce que tu fais ? Il y a deux solutions, soit tu vends, soit tu prolonges ton joueur. Cette histoire avec Lyon a débuté avant la trêve en décembre, et jusqu’au 31 janvier donc ça n’a pas été un coup de tête à la dernière semaine. Donc soit tu prolonges en te disant que c’est l’un de tes meilleurs joueurs, on est dans une position idéale, il a envie de partir à Lyon, on comprend mais nous on n’a pas envie de vendre donc on va faire un effort : soit on te prolonge et on te dit que tu auras une revalorisation l’année prochaine parce que moi je faisais partie des attaquants les moins bien payés…»

« Là on m’a dit : « Écoute, tu pars pas, ferme ta bouche, c’est comme ça et si tu n’es pas content tu vas jouer en réserve ». Au final je suis quand même parti. Bon je ne suis pas parti à Lyon mais je suis parti à Monaco. Pourquoi tout ce cinéma pour me laisser partir à la fin ? Parce que c’était Lyon. Alors qu’il y a déjà eu des joueurs qui ont fait Saint-Étienne/Lyon ou Lyon/Saint-Étienne dans des circonstances différentes. Mais quand l’ASSE avait besoin d’argent, ils ont vendu Bafé à Lyon, ça ne leur a pas posé de problème parce qu’il y avait une belle somme, je suis d’accord. »