Anthony Briançon fut la première recrue du dernier mercato. Très tôt, Loïc Perrin et la cellule de recrutement ont pointé les qualités de l'ancien nîmois qui arrivait en fin de contrat chez les Crocodiles et présentait des qualités sportives et humaines en adéquation avec ce que recherchait le club. Maillot Vert, le magazine de l'ASSE, est parti à la rencontre de ceux qui ont vu grandir Briançon...

Lorsqu'on mesure 1m85, on n'était pas petit il y a 10 ou 20 ans. Les standards ont changé et mais la mensuration reste appréciable même en 2022 lorsqu'il s'agit de jouer à un poste de défenseur central. Petit, Anthony Briançon a pourtant rebuté pas mal de recruteur car trop petit...

"C'était un minot que les coaches adoraient"

23 Anthony BRIANCON (asse) during the Ligue 2 BKT match between Saint-Etienne and Grenoble at Stade Geoffroy-Guichard on October 1, 2022 in Saint-Etienne, France. (Photo by Dave Winter/FEP/Icon Sport) - Photo by Icon sport

Nicolas Malaterre qui l'a entraîné durant deux saisons du côté d'Avignon se souvient d'un Briançon, alors en U13, qui compensait par bien d'autres qualités :

"Je l'ai entraîné deux saisons durant en U13 à la MJC Avignon. Anthony a tardé à pousser. Il était petit, ce qui a sans doute refroidi pas mal de clubs. Je pense notamment à Auxerre, Montpellier ou Rennes. Cela me faisait mal au cœur car, techniquement et déjà tactiquement, il avait pourtant énormément de qualités. C'était d'ailleurs mon numéro 10, un leader, un meneur qui fédérait et montrait l'exemple. Mais je crois avoir toujours su qu'il reculerait et finirait derrière. C'était un minot que les coaches adoraient : simple, toujours souriant, enthousiaste, plein de vie, parfaitement éduqué par des parents formidables. Il n'a pas changé d'ailleurs. Il est resté le même : adorable, abordable, n'oubliant pas d'où il vient. Il a toujours sa bonne bouille. C'est bien simple : je n'ai jamais entendu quiconque émettre des réserves à son égard."

Hyperactif et éprouvant un besoin incontrôlable de se dépenser lorsqu'il était petit, Anthony Briançon a toujours regardé devant lui et cherché à avancer, bien aidé par des rencontres qui lui ont apporté ce soutien et cette connaissance qui font de lui l'homme et le sportif qu'il est : "Si j'en suis là aujourd'hui, je le dois à toutes ces personnes qui œuvrent dans l'ombre, ces parents qui s'impliquent, ces éducateurs qui font montre de patience, ces bénévoles qui, avec bienveillance et un évident désintéressement, s'investissent et nous permettent de poursuivre notre rêve. Tous, chacun à leur niveau, m'ont beaucoup apporté, Je leur en suis reconnaissant. Infiniment."

"Il ne supportait pas de perdre"

Anthony BRIANCON of Saint Etienne during the Friendly match between Grenoble and Saint Etienne on July 15, 2022 in Chambon-sur-Lignon, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport)

Ce qui ressort surtout du joueur, c'est cette capacité à aller au charbon, cette grinta que l'on repère lorsqu'il est sur une pelouse. Sa première intervention dans un match officiel sous le maillot Vert reste mémorable. Un tacle engagé qui en disait long sur son excitation à défendre le maillot stéphanois et montrer un visage de guerrier dès ses débuts. S'il en subit parfois les conséquences en termes de cartons jaunes, voire rouges, le capitaine stéphanois reste un moteur et un leader pour ses coéquipiers. Déjà petit, il ne reculait pas et montrait l'exemple comme le rappelle Nicolas Malaterre : "Il avait une autre énorme qualité : sa détermination. En dépit de sa taille modeste, il n'était pas rebuté par les duels. S'il lui arrivait parfois de reculer, il n'hésitait pas à retourner au combat. Il était déjà comme ça, gamin : il avait horreur de la défaite. Il ne supportait pas de perdre, y compris lors des séances, dans des petits jeux. Il a conservé cette grinta. Pas étonnant dès lors qu'il soit devenu l'idole des Costières. Les supporters du Nîmes Olympique, qui aiment les joueurs qui ne renoncent jamais, ne lui en veulent d'ailleurs pas d'avoir signé à Sainté et louent ses vertus de guerrier."

Le coach vauclusien rapporte d'ailleurs une anecdote qui montre à quel point il supporte la pression et peut se transcender dans des situations où d'autres perdraient leurs moyens. Ce jour-là, un scout de l'OM est dans la tribune... "Je lui ai dit qu'il y avait du beau linge dans les gradins, venu tout spécialement pour lui. Vingt minutes après le coup d'envoi, nous menions 2-0. Deux buts inscrits par Antho ! Il avait mis tout le monde d'accord"

S'agissant de sa signature chez les Verts, son ancien coach le confirme, "il est ravi d'avoir rejoint ce club hors norme. Il ne tardera pas à être le chouchou de Geoffroy-Guichard."

Les missions commando, il connaît !

Anthony BRIANCON of Nimes during the Ligue 1 match between RC Strasbourg and Nimes Olympique at Stade de la Meinau on January 6, 2021 in Strasbourg, France. (Photo by Sebastien Bozon/Icon Sport)

La mission à St-Etienne est pourtant un défi avec un collectif reconstruit à 95%, un nouveau coach, des supporters qui grondent et qui ont été interdits de stade pendant deux mois, un retrait de 3 points au classement et un sursis qui plane au-dessus du club... Une situation pourtant moins défavorable que celle qu'il a connue en 2015 du côté de Nîmes. Anthony Briançon raconte comment les Crocos ont pu compenser un retrait de 8 points infligé par les instances du football :

"Au terme des dix premières journées, nous n'étions toujours pas parvenus à gommer cet handicap initial, à revenir à zéro. À la trêve, les dirigeants ont estimé que José Pasqualetti n'était plus l'homme de la situation, qu'il n'était pas en mesure de relever le challenge. Bernard Blaquart a alors pris les rênes de l'équipe. Sa première décision ? Organiser un stage de cohésion de groupe au Grau-du-Roi. Il souhaitait ainsi susciter, créer des affinités. Il voulait que nous nous concentrions sur nous-mêmes, que nous apprenions à nous connaître et à nous apprécier. En janvier, nous avons aligné cinq succès de rang. Mais nous étions encore à dix longueurs des premiers relégables. Nous ne pouvions donc pas nous reposer sur cette série. Tout juste commencer à rêver, à y croire. Nous avons continué à jouer avec détermination et insouciance. Le public est revenu aux Costières. Nous l'avions à nouveau conquis. Les supporters appréciaient notre comportement car on se mettait minables. Toutefois, le chemin était encore long. Je me souviens d'ailleurs des propos que le coach de Bourg-Péronnas avait tenus :"c'est plié pour eux". Au final, nous avons été tout proches de les devancer, assurant un maintien assez tranquille et signant sans doute l'un des gros exploits de l'histoire du foot français. Il s'agit indéniablement de l'un des moments les plus forts de ma carrière avec l'accession en Ligue 1."