Le 27 avril 2020, disparaissait Robert Herbin, l’un des plus grands monuments du football français. Joueur (492 matches) puis entraîneur de l’AS Saint-Etienne (637 matches), il a laissé une marque indélébile dans le Forez. Retour sur un parcours extraordinaire découpé en deux chapitres : le premier sera consacré à sa carrière de joueur, le deuxième à celle d’entraîneur.
UN MONSTRE SACRE DU FOOTBALL STEPHANOIS, ROBERT HERBIN (1939 – 2020)
PREMIERE CHAPITRE : UN DES MELLEURS JOUEURS FRANCAIS
UN TRANSFERT QUI A DEFRAYE LA CHRONIQUE
Robert Herbin est né à Paris le 30 mars 1939 et il a habité (cela ne s’invente pas) au 99, quai de la Loire. La famille déménage à Nice le 1er avril 1947 où le père, musicien trouve un emploi stable à l’opéra de la ville. Junior, au Cavigal de Nice, Herbin est déjà un footballeur qui frappe aux portes de l’équipe de France de jeunes, ce qui lui vaut d’ailleurs un article élogieux dans le journal L’Equipe.
Evidemment, il attire la convoitise de nombreux clubs dont Valenciennes, Lyon, Marseille, le Racing Club de Paris et … Saint-Etienne. L’OGC Nice se tient pour l’instant à l’écart, persuadé qu’en définitive, le jeune Herbin rejoindra ses rangs. Très vite, des sommes conséquentes commencent à circuler pour s’attacher les services de cet espoir prometteur.
Alors qu’il est interdit d’offrir plus de 5 000 francs dans ce type de transaction, Saint-Etienne propose 25 000 francs et le Racing Paris 30 000 francs. Nice, toujours convaincu que cet espoir ne peut leur échapper, ne participe pas aux enchères. En fait, il ne reste plus que deux candidats : Nice, pour la proximité, et Saint-Etienne qui a offert par l’intermédiaire de Jean Snella des garanties sportives attrayantes.
Le 2 juillet 1957, Pierre Garonnaire obtient la signature de la convention qui lie Robert Herbin à l’AS Saint-Etienne. De retour dans le Forez, le recruteur s’attire les foudres de son président, Pierre Faurand car il a proposé une somme supérieure à celle qu’ils avaient convenue (25 000 francs au lieu de 20 000 francs) et ensuite parce que l’acte signé n’a aucune valeur légale. C’est Charles Paret en personne qui s’est déplacé pour officialiser lui-même le transfert en faisant signer le contrat définitif.
Nice se sent floué et le club dénonce les méthodes illégales de l’ASSE auprès des instances nationales. Il reçoit le renfort du Racing Paris qui a également été devancé et par dépit, les Parisiens ont avoué avoir proposé un montant largement supérieur au plafond autorisé. Autrement dit, il n’est pas possible que Saint-Etienne n’ait pas triché pour obtenir la signature du jeune prodige. La sanction est alors inévitable et le néo-stéphanois est condamné à deux mois de suspension.
LES DEBUTS DE ROBERT HERBIN A L’ASSE
Il débute sous le maillot vert à Geoffroy Guichard le 29 septembre 1957… en recevant Nice et dispute son deuxième match officiel contre le Racing Club Paris : curieux hasard du calendrier. Il est plutôt aligné en tant que milieu de terrain où il impose ses qualités techniques et physiques mais il peut aussi bien jouer en défense centrale ou être beaucoup plus offensif. Toutefois, l’ASSE semble mal digérer son premier titre de champion de France acquis en 1957.
Le départ cumulé de Rachid Mekloufi en 1958 et de Jean Snella en 1959, plonge le club dans une spirale négative même si les prestations de Robert Herbin restent convaincantes puisqu’il connaît sa première sélection en équipe de France le 6 juillet 1960. Néanmoins, il se pose la question de savoir s’il doit poursuivre sa carrière à Saint-Etienne s’il veut continuer à progresser. Il effectue d’ailleurs un essai avec le Racing Club de Paris le 7 juin 1960 lors du tournoi de Paris où il affronte le roi Pelé et son équipe de Santos.
Finalement, Robert Herbin demeure stéphanois pour le plus grand bonheur du nouveau président des Verts, Roger Rocher, élu le 17 avril 1961. La descente en D2 est tout de même inéluctable en 1962 à peine compensée par une victoire en Coupe de France, la première du club. Heureusement, la remontée est immédiate et Robert Herbin y aura largement contribué, avec le retour de Rachid Mekloufi, en étant le meilleur buteur stéphanois avec 15 buts inscrits.
Jean Snella revient également dans le Forez en 1963 et avec l’entraîneur de ses débuts professionnels, L’international français complète son palmarès en ajoutant ses premiers titres de champion de France en 1964 et 1967.
ROBERT HERBIN AU SOMMET DE SON ART
Albert Batteux remplace définitivement Jean Snella en 1967. Il attribue le brassard de capitaine à Robert Herbin qui coïncide avec une période d’hégémonie de l’ASSE sur le football français. Les Verts réussissent le doublé en 1968, le premier de leur histoire et remportent à nouveau le championnat en 1969. Toutefois, l’épouse de Robert Herbin se plaît de moins en moins à Saint-Etienne et elle veut partir sur la Côte d’Azur.
Il n’en a pas envie mais il est sur le point de céder à des propositions de Monaco, Nice ou Marseille pour faire plaisir à sa femme. Tout se joue sur la rencontre de Coupe d’Europe ASSE-Bayern du 1er octobre 1969. Si les Verts sont éliminés, Roby part, s’ils se qualifient, il reste. Il convient de préciser que les hommes d’Albert Batteux ont été battus 2-0 au match aller en Bavière mais ils auraient pu en prendre cinq. Inutile de vous dire que le milieu de terrain stéphanois sera l’un des plus motivés et contre toute attente grâce à deux buts d’Hervé Revelli et un de Salif Keita, Saint-Etienne réalise l’exploit de se qualifier pour le tour suivant grâce à sa victoire 3-0.
L’aventure avec l’AS Saint-Etienne peut continuer, cette saison 1969-70 se terminant avec un nouveau doublé avec une finale de coupe de France historique face au FC Nantes (5-0). Après les tempêtes médiatiques qui touchent le club avec les affaires Carnus-Bosquier en 1971 et l’année d’après celle qui oppose Keita et Rocher, Albert Batteux, en désaccord avec les décisions de Roger Rocher, reprend sa liberté en 1972. Ce dernier doit donc lui trouver un successeur.
Il pense naturellement à Robert Herbin qui est en train de passer ses diplômes d’entraîneurs même si à 32 ans, il n’a pas encore l’intention d’arrêter sa carrière professionnelle. Il vient en effet d’obtenir sa 2e étoile de meilleur joueur du championnat de France après 1965. Il faut tout le pouvoir de persuasion du président pour arriver néanmoins à obtenir son accord. Herbin s’engage alors vers une nouvelle direction qui l’amènera à côtoyer des sommets encore plus vertigineux.
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A suivre : 2eme chapitre, une carrière d’entraîneur exceptionnelle.
Article rédigé par Albert Pilia.