Ce jour, Le Progrès oriente les projecteurs sur ce qui rythme les rencontres des Verts mais dont nous parlons peu, voire jamais : les chants des supporters stéphanois. Inspirés de musiques souvent célèbres, ils contribuent à faire de Geoffroy Guichard et des parcages visiteurs des lieux uniques, offrant des expériences extraordinaires.

Lorsqu'on arrive pour la première fois dans un kop à Geoffroy Guichard, on est pris d'une sorte d'émotion. Au milieu de milliers de supporters, écharpe au cou ou au poignet, sagement assis ou debout une heure et demie avant le coup d'envoi, on se dit que c'est déjà impressionnant. Un murmure monte lentement à mesure que les minutes passent. Et puis tout le monde se lève, se rassemble, la messe footballistique va pouvoir débuter. Elle n'est vouée qu'à un seul Dieu, ou devrions-nous parler d'une Déesse : l'ASSE.

Les frissons sont bien présents et désormais, afin de ne pas créer de dissonance, il va falloir suivre le rythme effréné des chants qui vont se succéder pendant toute la rencontre. Les plus célèbres sont faciles à reprendre, les moins connus donnent l'occasion d'écouter, de savourer et d'apprendre les paroles... Elles vous transportent dans une autre dimension, vous ouvrent les portes d'une rencontre de football comme vous ne l'avez jamais vécue...

Cette fois-ci, vous ne regardez pas un match de l'ASSE, vous le vivez, il vous transporte, vous en êtes l'acteur et pas n'importe lequel : vous incarnez, vous et plusieurs milliers d'hommes et de femmes, le treizième homme. Celui qui sera toujours là, celui qui chantera que "s'il ne reste plus que toi, Et que tu aies encore la foi, N'oublie jamais de chanter, Pour tes couleurs, pour ta fierté...". Celui qui promet que "Dans tous les stades on chantera, Le chant des Stéphanois, Unis sous les mêmes couleurs, Nous on chante tous en chœur".

L'inspiration de ses chants se retrouve dans une multitude de courants artistiques musicaux. De la Marche triomphale d'Aïda de Verdi en passant par la Marseillaise, le Yellow Submarine des Beatlles, Ce n'est qu'un au revoir et même le générique du dessin animé Popeye !

L'hymne du film "L’épopée des Verts" sorti en VHS -  United Nations de Graham Preskett et repris un temps dans le kop Sud.

 

https://www.facebook.com/assememories/videos/1275109765988613/

Le progrès nous explique que ces mélodies "ont une longue histoire, entre culture musicale et échanges de cassettes".

Les observateurs notent une similitude entre ce qui rassemble lors d'un match de football et d'une messe. Comme pour rappeler que les supporters également vouent un amour infini à leur club de cœur, ils font du chant une prière tout autant qu'une déclaration.

Théophile Bonjour, en cours de rédaction d'une thèse portant sur les chants de supporters de football en France, explique dans Le Progrès : "Les jeunes qui voulaient s’exprimer avant 1968 étaient soit aux Jeunesses communistes, soit à la paroisse. Ces deux institutions ont perdu du poids en 1968 et ce chant-là montre cette transition. Certains chercheurs estiment que le stade a pris le relais, qu’il y a vraiment une similitude entre une messe et un match en ressentant des émotions très puissantes par le chant. D’ailleurs, c’est la méthodologie des monodies qui font toute la liturgie catholique qui est utilisée : une seule voix a cappella."

Les échanges de cassettes, dans les années 80/90, la parution de fanzine, vont permettre aux chants de voyager et d'être repris d'un stade à un autre, toujours en adaptant les paroles. "Le répertoire français est particulièrement varié car il y a les influences ultras et britanniques" précise Théophile Bonjour.

En 1984, les Fighters naissent dans le kop Nord de Geoffroy Guichard. Le site Mouvement Ultra précise que "le nom s'inspire des Fighters, un groupe ultra de la Juventus de Turin. Le mouvement supporter est déjà fort à Geoffroy Guichard, notamment depuis l'épopée de 76, mais le modèle anglais est dominant. Un "fan-club" est créé en 1983 dans le kop nord pour l'animer mais le résultat est mitigé. C'est pour cette raison que les Fighters sont créés.

Ils tentent d'implanter le mouvement ultra dans les travées du kop nord avec l'organisation des premiers tifos (ballons, cierges, drapeaux). Après 3 saisons et n'ayant pas réussi à développer le mouvement, 5 étudiants décident de créer un nouveau groupe : les Magic Fans. Ils ont été membres des Fighters auparavant.

La première bâche est posée le 20 juillet 1991 lors du match contre Toulon. Lors de cette saison, les deux groupes cohabitent dans le kop nord mais les Fighters s'essoufflent et disparaissent. Quelques mois plus tard, un second groupe est créé dans le kop nord : les Greens Angels. La bâche est posée pour la réception du Havre."

Depuis, ce sont des dizaines de chants qui ont été créés, dont certains perdurent et sont les plus connus, au moins tout autant que le "Allez les Verts" de Monty qui, s'il était à l'époque un hymne voué à rassembler mais surtout à faire vendre des 45 tours, est désormais repris avant chaque rencontre à domicile.

L'hymne de Monty repris dans le Chaudron avant un Derby

Les chants qui font l'ambiance durant les rencontres sont toutefois issus de chansons et de musiques parfois insoupçonnées comme "Ring of fire de Johnny Cash, Minha Galera de Manu Chao, L’Oiseau et l’enfant de Marie Myriam ou encore le When Johnny comes marching home, audible dans Die Hard 3, voire, pour les habitués du Kop Sud, du chant corse L’Assassini" comme le rappelle Le Progrès. Il y a aussi La Marseillaise, Bella Ciao, la Kalinka russe et puis des reprises d'artistes comme Aznavour ou encore Mike Brant.

On le constate, les chansons actuelles n'ont pas réellement droit de citer dans le répertoire des supporters stéphanois. Cela ne veut pour autant pas dire que cela n'arrivera pas. On s'attache toutefois à des airs connus de tous qui vont permettre de mettre en musique des paroles toujours vouées à la gloire d'un seul club : l'ASSE. Ce week-end encore, à Grenoble, puis le suivant à Geoffroy Guichard face à Metz, ces chants seront repris par des habitués des kops et par d'autres qui, intrigués par cette ferveur, s'y seront invités et se seront, à n'en pas douter, laissés prendre par cette belle "messe" à la gloire des Verts !