A l’occasion des 90 ans de l’ASSE dont la date de naissance officielle est le 26 juin 1933, nous vous proposons de vous faire découvrir le Onze de chaque décennie des années 1930 aux années 2010 parmi les 764 joueurs stéphanois qui ont, un jour, revêtu le maillot vert.
Evidemment, cet exercice est tout ce qu’il y a de plus subjectif et nous ne prétendons pas détenir « la vérité ». Nous nous contentons juste de présenter « notre vérité ».
Chaque semaine, nous publierons un Onze par décennie. 6e chapitre : la décennie 1990
Après avoir repris l’ASSE et stabilisé en D1, le président André Laurent est débarqué en 1993 et remplacé par Yves Guichard, petit-fils de Pierre qui a constitué un duo éphémère et mortifère avec Jean-Michel Larqué. L’attelage n’a même pas duré un an et l’ASSE s’est retrouvée en D2 en 1996 pour remonter en 1999 avec un nouveau triumvirat : Alain Bompard, Gérard Soler et Robert Nouzaret. Pendant cette période, un certain nombre joueurs se sont illustrés constituant le XI de légende de la décennie 1990.
Bell – Sagnol, Cyprien, Blanc, Potillon – Despeyroux, Pagal, Moravcik, Passi – Wohlfarth, Witschge
Entraîneur : Nouzaret
GARDIEN
JOSEPH-ANTOINE BELL (Né le 8 octobre 1954, 108 matches de 1991 à 1994)
Le départ de Jean Castaneda en 1989 a laissé un vide immense à l’ASSE car ni Jean-Pascal Beaufreton, ni Gilbert Ceccarelli n’ont réussi à le remplacer. Il a fallu attendre l’arrivée du Camerounais Joseph-Antoine Bell en 1991 pour lui trouver un digne successeur. Pendant trois saisons, il fera le bonheur d’une équipe qui ne parviendra jamais à confirmer les espoirs suscités par un recrutement alléchant. Il participe néanmoins à un certain nombre de coups d’éclat comme la victoire à Gerland face à l’OL, le 26 février 1993 (2-0) ou celle en quart de finale de la coupe de France contre Marseille à Geoffroy-Guichard, le 11 mai 1993 (2-1). Il termine sa carrière en Vert sur un triomphe contre l’OL à domicile, le 6 avril 1994 (3-0), un match resté dans les mémoires.
DEFENSEURS
WILLY SAGNOL (Né le 18 mars 1977, 49 matches, 1 but de 1995 à 1997)
C’est dans une de ses périodes les plus noires que l’AS Saint-Etienne voit débuter l’un des meilleurs arrières droits de son histoire. Willy Sagnol connait sa première titularisation le 27 février 1996 lors d’un derby contre l’OL à Geoffroy-Guichard (1-1) où il parviendra à contenir le Lyonnais Ludovic Giuly, bien plus expérimenté que lui. S’il ne parvient à éviter la relégation avec son équipe à la fin de la saison, il devient un des tauliers de sa formation et on lui prédit un brillant avenir. Mal en point financièrement, l’ASSE ne peut retenir bien longtemps son joyau qui est transféré à Monaco puis au Bayern Munich où il connaitra la consécration, magnifiée par une finale de coupe du monde avec la France en 2006.
JEAN-PIERRE CYPRIEN (Né le 12 février 1969, 140 matches, 2 buts de 1990 à 1994)
Lorsqu’il débarque à Saint-Etienne en provenance du Havre en 1990, le stoppeur, Jean-Pierre Cyprien, ne sait pas qu’il va devenir un des meilleurs défenseurs centraux du championnat de France avec le maillot vert. Il forme un duo redoutable avec Sylvain Kastendeuch, un parfait mélange entre la glace et le feu. En 1992-93, il répète des performances de très haut niveau tout au long de la saison à tel point qu’il décroche l’Etoile d’Or France-Football, de meilleur joueur de champ du championnat.
En 1993-94, Au côté de Laurent Blanc, son nouveau partenaire, il est tout aussi étincelant, ce qui lui ouvre les portes de l’équipe de France. Aimé Jacquet, nouveau sélectionneur, fait appel à lui le 16 février 1994 pour un match amical contre l’Italie (1-0). Malheureusement, le 11 mars 1994, il se blesse gravement au talon d’Achille contre Caen, une blessure dont il ne se remettra jamais totalement.
LAURENT BLANC (Né le 19 novembre 1965, 73 matches, 18 buts de 1993 à 1995)
En obtenant la signature du libéro Laurent Blanc en 1993 pour trois ans, le duo Yves Guichard-Jean-Michel Larqué s’offre la tête d’affiche rêvée pour ramener l’ASSE aux sommets de la hiérarchie française. Son arrivée oblige Sylvain Kastendeuch, qui avait pourtant toujours donné satisfaction, à émigrer sous d’autres cieux.
Pendant ses deux saisons passées à l’ASSE, il porte l’équipe sur ses épaules, notamment en 1994-95 où il est le meilleur buteur de son équipe avec 13 buts marqués. Devant le manque d’ambition d’un club miné par les soucis financiers, il préfère partir à Auxerre où il s’octroie un doublé coupe-championnat, plus conforme à son talent qui va le mener jusqu’à la victoire en coupe du monde en 1998 avec l’équipe de France d’Aimé Jacquet.
LIONEL POTILLON (Né le 10 février 1974, 206 matches, 11 buts de 1994 à 2001)
Pendant la décennie 1990, un joueur a tout vécu avec l’ASSE, le club qui l’a révélé. Il s’agit de Lionel Potillon, lancé dans le grand bain à Geoffroy-Guichard, face à Rennes le 24 février 1994 (1-1). Il est descendu avec les Verts, connu les années de galère en D2 dans un environnement marqué par les risques de relégation en Nationale et de dépôt de bilan. Il a été un des éléments moteurs du renouveau de l’ASSE sous les ordres de Robert Nouzaret, regoûté aux joies des joutes de la D1 avec notamment un but de la tête lors de la rencontre mémorable contre l’OM le 12 décembre 1999 (5-1) avant d’être emporté à nouveau par l’affaire des faux passeports et un retour à la case D2. Il termine sa carrière en Vert contre Guingamp le 19 mai 2001 à Geoffroy-Guichard (2-2), le brassard de capitaine sur le bras, une fin bien injuste pour un joueur si fidèle.
MILIEUX
PASCAL DESPEYROUX (Né le 17 novembre 1965, 107 matches, 2 buts de 1992 à 1996)
Pascal Despeyroux est l’exemple type du joueur dont on a absolument besoin dans une équipe. Milieu de devoir, capable d’harceler le meilleur joueur adverse, souvent sans solutions face à son pressing, il est issu de la génération championne d’Europe espoir en 1988 avec Cantona, Laurent Blanc, Christophe Galtier et Thierry Gros.
Doté de gros moyens physiques, buteur providentiel lors du derby face à Lyon remporté 3-0 le 6 avril 1994 à Geoffroy-Guichard, il a terminé capitaine de sa formation pour sa dernière saison sous le maillot vert même si celle-ci a été tronquée par une blessure récurrente au genou. Son absence s’est alors fait cruellement sentir dans une formation trop handicapée qui n’a pu éviter la descente en D2.
JEAN-CLAUDE PAGAL (Né le 15 septembre 1964, 61 matches, 5 buts de 1990 à 1993)
Arrivé en même temps que Lubomir Moravcik et Sylvain Kastendeuch à l’ASSE en 1990, le Camerounais, Jean-Claude Pagal, aurait dû permettre à son club, de franchir un palier supplémentaire et de venir tutoyer les équipes de tête du championnat de France. Il a constitué avec Pascal Despeyroux, Moravcik et Gérald Passi, un quatuor très performant mais qui n’a pas obtenu les résultats espérés, en particulier en 1993 lorsque les Verts ont terminé 7e du championnat à égalité de point avec Auxerre, dernier européen, et éliminés de la coupe de France en demi-finale à Geoffroy-Guichard contre Nantes le 6 juin 1993 (0-1), résultats fatals au président André Laurent.
LUBOMIR MORAVCIK (Né le 22 juin 1965, 212 matches, 35 buts de 1990 à 1996)
Alors qu’il était courtisé par un grand nombre de clubs au sortir d’une belle coupe du monde 1990 en Italie (Arsenal, Dortmund, Glasgow Rangers…), le Tchécoslovaque, Lubomir Moravcik signe à l’AS Saint-Etienne. Il s’agit, ni plus ni moins, que du meilleur joueur stéphanois de la décennie 1990, élu meilleur étranger du championnat de France 1992.
Il reste six ans dans le Forez avec le numéro 10 dans le dos comme Michel Platini son idole où il fait étalage de toute sa classe malgré d’incessantes sollicitations, notamment de l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie qui a voulu le recruter à plusieurs reprises. Malheureusement, il a sévi chez les Verts dans une période peu faste et il n’a pas eu un palmarès à la hauteur de son génie. Il se retire en 1996 n’ayant pu empêcher la descente de son club en D2.
GERALD PASSI (Né le 21 juin 1964, 69 matches, 9 buts de 1992 à 1995)
Le milieu de terrain, Gérald Passi, technicien hors pair, meneur de jeu gaucher d’une précision redoutable, s’engage avec l’ASSE en 1992 avec la ferme intention d’offrir à son entraîneur Jacques Santini, les moyens de viser l’Europe. Buteur à Lyon (2-0) et face à Marseille en coupe de France (2-1), il participe pleinement à une saison (6 buts) où les Verts échouent d’un rien dans leurs objectifs.
Mais l’éviction d’André Laurent et la venue d’une nouvelle direction, estampillée Casino, loin de ramener de l’ambition dans un club, va tuer dans l’œuf la dynamique enclenchée. Gérald Passi, handicapé par les blessures, quitte l’ASSE en 1995 permettant ainsi d'alléger la masse salariale d’un club en grave difficulté financière.
ATTAQUANTS
ROB WITSCHGE (Né le 22 août 1966, 56 matches, 14 buts de 1989 à 1991)
Quand le Hollandais Rob Witschge signe à l’AS Saint-Etienne en 1989, il a déjà un palmarès enviable obtenu avec l’Ajax Amsterdam, son club formateur. Il a, en effet, remporté la coupe des Pays-Bas 1986 et 1987, et la coupe d’Europe des Vainqueurs de coupe en 1987.
Il fait valoir sa technique et sa puissance ainsi que de réelles qualités de buteur lors de sa première saison sous les ordres de Robert Herbin avec 12 buts inscrits dont un doublé contre Auxerre le 23 septembre 1989 (4-1) qui se termine par une demi-finale de coupe de France malheureusement perdue face à Montpellier le 24 mai 1990 (0-1). L’année suivante, il ne s’y retrouve pas avec le remplacement de l’entraîneur par Christian Sarramagna qui ne l’apprécie guère et il préfère retourner aux Pays-Bas dès le mercato d’hiver, au Feyenoord Rotterdam avec succès.
ROLAND WOHLFARTH (Né le 11 janvier 1963, 40 matches, 21 buts de 1993 à 1995)
L’AS Saint-Etienne était à la recherche d’un avant-centre, chasseur de buts de calibre international en raccord avec l’objectif de se qualifier en coupe d’Europe. Jacques Santini a espéré la signature du Suisse Stéphane Chapuisat mais ce sera finalement Roland Wohlfarth, le canonnier allemand issu du Bayern Munich qui pose ses valises dans le Forez.
Dès les premiers matches, le buteur allemand va démontrer sa redoutable efficacité malgré une condition physique précaire. Il va décanter un nombre considérable de rencontres par ses buts, étant toujours placé au bon endroit. Pourtant, les résultats n’étant pas au rendez-vous et souffrant du mal du pays, il retournera en Allemagne dès la saison suivante, peu motivé à rester dans un club qui n’a pas les moyens de ses ambitions.
ENTRAINEUR
ROBERT NOUZARET (Né le 29 septembre 1943, 89 matches de 1998 à 2000)
A la suite de la défection de Guy Lacombe, pressenti pour venir entraîner l’ASSE, Gérard Soler se tourne vers Robert Nouzaret qui est l’un des rares, en 1998, à vouloir se risquer à venir dans un club en sursis qui a évité de justesse la descente en National la saison précédente. Mais contre toute attente, grâce à sa faconde, ses qualités de meneur d’homme, ses coups de gueule mémorables, il parvient dès sa première année à faire remonter les Verts parmi l’élite.
De retour en D1, il a réalise encore des miracles terminant le championnat à une brillante 6e place. Toutefois, en refusant de jouer l’Intertoto, et miné par les premiers développement de l’affaire des faux passeports, il est remercié par Alain Bompard, ce dernier convenant bien plus tard que cette décision a été plus que malheureuse.
A venir le XI de la décennie 2000
By Albert Pilia