Nous venons d’apprendre le décès de l’attaquant André Fefeu (1938 – 2023) qui a joué à l’AS Saint-Etienne de 1966 à 1969, trois fois champions de France (1967, 1968, 1969) et un doublé coupe-championnat en 1968. Portrait d’un joueur qui s’est imposé dans une équipe qui dominait le football français.

ANDRE FEFEU, UN ATTAQUANT VOULU PAR SAINT-ETIENNE

André Fefeu a débuté sa carrière professionnelle à l’âge de de 22 ans au Stade Français en 1960 dans une équipe qui, chaque année, jouait le maintien en Première Division. Toutefois, son activité sur l’aile droite de l’attaque parisienne a attiré l’attention de l’AS Saint-Etienne.  C’est notamment lui qui marque le seul but du match à Geoffroy-Guichard le 28 mars 1964 pour l’unique victoire du Stade Français dans le Forez (0-1). Il récidivera six mois plus tard, le 20 septembre 1964, au Parc des Princes permettant à sa formation de mener 2-1 et même si cette fois-ci, les Stéphanois réussiront à s’en sortir avec une victoire à l’arraché grâce à deux buts dans les dix dernières minutes (3-2), il a tapé dans l’œil de Jean Snella qui le veut dans son équipe.

En 1966, Roger Rocher et Snella veulent reconquérir le titre de champion de France qui était la propriété du FC Nantes depuis deux saisons. Pour réaliser cet objectif, ils comptent s’en donner les moyens et recruter des joueurs confirmés capables de tirer vers le haut un effectif qui a échoué à rivaliser avec les Nantais. En défense centrale, arrive l’international Bernard Bosquier qui remplace Richard Tylinski, vieillissant et en attaque, les Verts ont jeté leur dévolu sur l’ailier droit André Fefeu qui est chargé de faire mieux que son prédécesseur, Maryan Wisnieski, un des héros français de la coupe du monde 1958 en Suède, mais qui a globalement déçu à l’AS Saint-Etienne depuis son arrivée en 1964. Il est transféré à Sochaux, justement pour laisser le champ libre à Fefeu, qui atterrit à l’ASSE avec l’objectif de franchir un palier et avec le secret espoir d’être appelé en bleu.

ANDRE FEFEU UN TITULAIRE INDISCUTABLE PENDANT TROIS SAISONS

Le néo-attaquant stéphanois a été très bien accueilli dès le départ par ses partenaires. Il les a rapidement conquis avec sa capacité à déborder sur son flanc droit et à offrir des centres dangereux pour ses attaquants. Il est titulaire dès le début de la saison et la première journée du championnat 1966-67 à Toulouse dans une attaque qui comprend également Frédéric N’Doumbé et Hervé Revelli. Jean Snella lui a fait confiance les yeux fermés et il a disputé 36 rencontres toutes compétitions confondues cette année-là avec neuf buts à la clé.

Il est exact au rendez-vous le 9 octobre 1966 à Geoffroy-Guichard pour la 10e journée contre le leader, Nantes qui vient marquer à nouveau son territoire. Il ouvre le score à la 22e minute profitant d’une grosse mésentente entre le défenseur nantais et son gardien pour sa première réalisation en Vert. Même si l’ASSE ne parvient pas finalement à l’emporter (3-3), l’équipe de Jean Snella reste en embuscade, troisième, à un point derrière les Canaris.

Il inscrit deux doublés le 5 février 1967 contre Strasbourg à domicile (2-1) et le 3 mai 1967 à Sochaux (3-0) ce qui lui permet de prendre une part considérable dans le nouveau titre de champion de France (le troisième pour Saint-Etienne) à la fin de la saison, l’ASSE finissant première avec quatre points d’avance sur Nantes. Cerise sur le gâteau, il est titulaire pour le challenge des champions contre Lyon balayé 3-0 au stade Geoffroy-Guichard. Sa première année en Vert est une réussite parfaite avec ses deux premiers titres.

La succession de Jean Snella, qui a décidé de partir, par Albert Batteux sur le banc stéphanois en 1967, ne change rien au statut d’André Fefeu, toujours aussi indispensable. Il joue 37 matches pour 12 buts inscrit en 1967-68, un de plus que Rachid Mekhloufi. Il fera d’ailleurs cruellement défaut le 30 novembre 1967, en Huitième de finale retour de la coupe d’Europe des clubs champions à Geoffroy-Guichard à l’ASSE qui avait deux buts à remonter contre le Benfica d’Eusebio (0-2). La victoire 1-0 (but de George Bereta) est insuffisante pour se qualifier face au futur finaliste de la compétition.

C’est l’apothéose pour l’ailier droit qui participe pleinement au premier doublé coupe-championnat de l’histoire des Verts en 1968, titulaire pour la finale de la coupe de France contre Bordeaux (2-1) mais aussi pour le challenge des champions contre cette même équipe contre laquelle, il marque son troisième doublé (5-3).

Sa troisième saison sous le maillot stéphanois est moins abouti malgré ses 25 matches et ses six buts (tout de même) et un troisième titre consécutif de champion de France. Son grand regret : ne pas avoir obtenu de sélections en équipe de France alors qu’il a été seulement remplaçant contre l’Espagne le 17 octobre 1968 (1-3) sans être entré en jeu. A l’issue de la saison, il est transféré à Ajaccio où il a poursuivi sa carrière.

A Saint-Etienne, pendant trois saisons, il aura été un attaquant de grande valeur, efficace, qui a réussi à s’imposer dans un effectif prolifique, en particulier en attaque et pourvoyeur de nombreuses passes décisives pour ses partenaires à une époque où elles n’étaient pas comptabilisées.

Article rédigé par Albert Pilia