On l'avait quitté abattu, la mine déconfite, du côté de Bastia où son équipe venait de subir une défaite aussi logique que déprimante. On l'a retrouvé hier soir souriant et rassuré par la prestation de ses joueurs. Laurent Batlles allait mieux au coup de sifflet final, et il n'y a pas que la victoire qui l'a rassuré. Son vestiaire ne l'a pas lâché !
Avant cette rencontre face à Annecy, Laurent Batlles jouait gros. Une défaite l'aurait inévitablement catapulté sur le banc des entraîneurs sans club. Roland Romeyer a joué la patience en novembre dernier, mais cette dernière n'est pas infinie. Les défaites face à Sochaux, après un coaching très approximatif, et à Bastia, à l'issue d'une rencontre sans saveur, avaient provoqué une série de réunions ce mercredi. Si tout le monde s'est accordé à ne pas précipiter en milieu de semaine, un nouveau revers aurait condamné Batlles ce samedi.
Il n'en fut rien. Pourtant, lorsque l'ex-stéphanois Vincent Pajot a ouvert la marque d'une somptueuse frappe en lucarne après une erreur de Larsonneur et une relance hasardeuse de Sow, on a bien cru que l'allant de l'équipe stéphanoise allait être douché par un énième coup du sort. C'était sans compter sur Ibrahima Wadji, bien lancé par un intenable Nkounkou, qui allait battre une minute plus tard le portier annécien.
Le capitaine et les absents... bien présents !
Une réaction stéphanoise rassurante. le signe que cette équipe ne lâche rien, et ce malgré l'absence d'Anthony Briançon sur la pelouse, mais pas dans le vestiaire... En effet, sollicité par Bein Sports, Briançon a rapidement lâché le micro pour s'engouffrer dans le tunnel des joueurs et encourager ses coéquipiers avant cette rencontre cruciale ! Et il n'était pas seul, Pavlovic (trop juste physiquement) et Charbonnier (blessure au dos) étaient également présents en tribune pour supporter leurs coéquipiers. Une unité qui a rassuré ceux qui doutaient. Les joueurs stéphanois sont toujours animé par le même projet : le maintien.
Laurent Batlles, qui n'a jamais douté de son vestiaire, a loué les qualités mentales de ses hommes en fin de rencontre : "C’est ce que j’ai dit aux joueurs-là juste après le match. Ce qui a été important pour nous aujourd’hui, c’est les qualités mentales et morales qu’on a mis dans le match. On a aussi mis beaucoup d’intensité et c’est vrai qu’à partir du moment où on joue comme ça, qu’on a le public avec nous et qui pousse, même si on a encore fait quelques petites erreurs parce qu’on prend des beaux buts… On savoure une victoire qui sur l’ensemble du match est méritée."
Pourtant, en effectuant des ajustements tactiques audacieux, Laurent Batlles ne s'est pas facilité la tâche hier après-midi. Un choix qui fut payant et le fruit d'une analyse fine des forces et faiblesses d'Annecy. Toutefois, une nouvelle fois, l'équipe s'adaptait à de nouvelles consignes et un schéma pour le moins hybride qui auraient pu complètement déstabiliser les joueurs.
Laurent Batlles au centre de l'union sacrée avec un groupe qui ne le lâche pas !
Autre changement hier, Laurent Batlles n'a pas assuré la traditionnelle causerie. Il s'est contenté de passer aux joueurs une vidéo dont le contenu reste pour l'heure un mystère. Technique gagnante puisque ce sont des stéphanois transcendés qui ont entamé la rencontre. Voilà de nombreuses semaines que nous n'avions pas vu autant d'entrain et d'allant offensif dès le coup d'envoi d'un match !
Une fois n'est pas coutume, les changements en cours de rencontre n'ont pas affaibli l'équipe. Tout le monde a continué d'avancer et la panique ne s'est pas invitée lorsque Bosetti a inscrit l'égalisation annécienne.
En fin de rencontre, la communion ne s'est pas terminée face aux kops. Si cette dernière fut un moment important entre l'équipe et ses plus fidèles supporters, l'union qui s'est poursuivie dans le vestiaire marque la cohésion d'un groupe bien décidé à aller chercher beaucoup mieux qu'un simple maintien.
Laurent Batlles a évoqué cet après-match et les mots des joueurs : "Ce qui m’importait ce soir, c’est ce que j’ai entendu surtout à la fin du match de la part de mes joueurs. C’est quelque chose qui est important pour un entraineur. Je vais le garder pour moi et pour eux, parce que ce sont des choses qu’on a vécu depuis notamment quelques jours ensemble en mettant des choses en place avec eux. Je pourrai peut être le dire un peu plus tard, mais pour l’instant il faut avancer avec beaucoup d’humilité parce qu’on sait d’où l’on vient. On construit les victoires dans les moments difficiles, on construit un groupe dans les moments difficiles. Par moment quand c’est trop long c’est aussi difficile de pouvoir mettre des choses en place. Mais bien sur qu’on construit de l’humain avec ces gens-là et c’est ce qu’on aspire à avoir tout le temps."
Qu'on se le dise, le vestiaire marche derrière son entraîneur. Avec cet état d'esprit, les hommes de Batlles peuvent enfin voir le ciel se dégager. Il s'agira maintenant de confirmer face à Dijon dès samedi prochain. A défaut, les doutes resurgiront à nouveau mettant en danger Laurent Batlles, fusible incontournable dans ces moments-là...