Il y a dix ans jour pour jour, l’AS Saint-Etienne avait l’occasion d’effacer une anomalie vieille de plus de 32 ans : l’absence de trophée majeur pour un club qui a déjà remporté dix titres de champion de France et six coupes de France.

L’ASSE s’est qualifiée pour cette finale de coupe de la ligue en éliminant Lorient (1-1, tab 3-0), Sochaux (3-0), Paris SG (0-0, tab 5-3) et Lille (0-0, tab 7-6), dans une séance de tirs au but devenue mythique !

RIEN N’EST LAISSE AU HASARD

Depuis qu’il a pris les rennes de l’ASSE en décembre 2009, en remplacement d’Alain Perrin, Christophe Galtier doit préparer le match le plus important de sa jeune carrière d’entraîneur. Stéphane Tessier, le directeur général des services du club, le connaît bien et il a constaté que le coach n’a jamais été aussi impliqué pour un rendez-vous qu’il sait capital où rien n’est laissé au hasard.

En étroite relation (une centaine d’appels téléphonique la semaine précédant la finale), tous les deux ont étudié chaque point de détail et une solution a été envisagée avant qu’il ne devienne un problème. Galtier prend conseil notamment auprès de Jacques Crevoisier, qu’il a côtoyé à Sochaux, et dont l’expérience dans ce type de confrontation (il est docteur en psychologie et il a travaillé à Liverpool avec Gerard Houiller de 2000 à 2005) lui a été très utile.

La problématique de la famille des joueurs a été traitée très rapidement afin que chacun d’entre eux soit dégagé de soucis pouvant polluer l’approche du match. Évidemment, il a accepté que Jérémy Clément, victime d’une fracture ouverte tibia-péroné contre Nice le 2 mars 2013,  qui l’a privé de cette finale alors qu’il était un des éléments essentiel du système Galtier, accompagne le groupe afin qu’il vive cette aventure de l’intérieur.

Ce samedi après-midi, il doit d’ailleurs annoncer une des décisions les plus douloureuses qu’il n’ai encore jamais eu à prendre. Une fois déjà, il avait mis Pierre-Emerick Aubameyang sur le banc à Paris le 3 novembre 2012 mais ce dernier avait été le héros du match.

Celle qu’il s’apprête à dévoiler la dépasse dans tous les sens du terme. Il a acquis la certitude que Kurt Zouma, jeune défenseur de 18 ans, sera plus efficace que Moustapha Bayal Sall, qui a pourtant été le héros de cette campagne de qualification, notamment avec son duel homérique avec le Parisien Ibrahimovic. Oui mais comment la révéler aux intéressés sans mettre trop de pression sur Zouma et garder la motivation de Bayal Sall intacte ? Il n’existe pas de recette miracle.

Lorsque Galtier va voir Bayal Sall dans sa chambre, il ne prend pas plus de trente secondes pour lui communiquer sa décision. Il referme la porte et laisse le Sénégalais tout à sa déception ne s’offusquant pas quand il entend le mobilier voler.

UN MATCH CRISPANT, STRESSANT ET CAPTIVANT

Le Stade de France est plein à craquer avec ses 80 000 spectateurs dont plus de 55 000 Stéphanois. Dans le cadre d’un show à l’américaine plutôt déconcertant, Jacques Monty a entonné sa chanson mythique « Allez les Verts » qui a été reprise en cœur par plus de la moitié de l’enceinte. A la présentation des équipes, l’entraîneur rennais Frédéric Antonetti et le Stéphanois Fabien Lemoine ont droit à une belle ovation contrairement aux autres noms annoncés par le speaker et hués par une partie ou l’autre du stade.

Ce sont les Stéphanois qui donnent le coup d’envoi sous les ordres de l’arbitre Ruddy Buquet mais ce sont les Rennais qui tirent les premiers avec Mevlut Erding qui, d’une position excentrée, oblige Stéphane Ruffier, d’une claquette, à dévier en corner, un tir contré par Jonathan Brison après 28 secondes de jeu seulement. Saint-Etienne ne tarde pas à répliquer avec une belle occasion de François Clerc qui reprend un corner du plat du pied droit et qui va mourir à la base du poteau gauche rennais à la 2e minute.

Les Rouge et Noir ont la main mise sur le jeu dans ce premier quart d’heure sans pour autant se montrer vraiment dangereux mais après un excellent pressing forézien côté gauche de la défense bretonne, Aubameyang adresse un centre millimétré, que le gardien adverse ne peut intercepter.

Brandao, en renard des surfaces, est à point nommé pour propulser le ballon dans le but vide à la 18e minute. C’est la folie dans le stade après l’ouverture du score des hommes de Christophe Galtier, un peu, il faut le dire, contre le cours du jeu. Toutefois, Rennes semble affecté par ce coup du sort et à la suite d’un autre corner, Fabien Lemoine décoche une frappe qui passe de peu au-dessus à la 22e minute.

Trois minutes plus tard, Aubameyang déborde côté droit et trouve Brandao qui, de la tête, sollicite une nouvelle fois Costil. La mi-temps intervient sur cet avantage que les Verts ont tout intérêt à faire fructifier s’ils ne veulent pas s’offrir un second acte plus difficile.

Ce sont eux qui sont d’ailleurs les premiers en action 30 secondes après le retour des vestiaires avec un reprise trop enlevée de Renaud Cohade consécutive à un centre en retrait de Yohan Mollo. A la 52e minute, sur un nouveau corner stéphanois, Pitroïpa sauve sur sa ligne une tentative de Clerc, plus prompt que son adversaire direct.

Par contre, la dernière demi-heure est totalement à l’avantage des Rennais à part un tir en déséquilibre d’Aubameyang qui ne cadre pas. Ils se rapprochent de plus en plus de la cage de Stéphane Ruffier (coup de tête  à la 64e, 71e, tir à la 85e). Quelles sont longues ces dernières minutes alors que les Verts n’arrivent plus à tenir le ballon qui revient inlassablement !

Encore un dernier corner à repousser trois minutes au-delà du temps réglementaire avant que l’arbitre ne siffle la fin du match et n’envoie les Stéphanois au paradis. Avec cette victoire crispante 1-0, l’ASSE met fin à 32 ans de disette et ramène un trophée majeur qui viendra garnir le futur musée des Verts !

LES STEPHANOIS FETENT LEURS HEROS

Après avoir longuement communié avec leurs supporters au Stade de France à la fin du match, les joueurs et l’encadrement ont partagé leur bonheur avec la population stéphanoise le lendemain, dimanche après-midi. Installés sur leur bus à impériale, ils ont été accueillis par au moins 50 000 personnes venues les féliciter pour cette victoire. Face à cette incroyable ferveur, ils ont mis plus d’une heure à parcourir les 800 mètres qui les menaient à l’Hôtel de Ville, entre les places Carnot et Jean Jaurès.

Un peu avant 18 heures, les joueurs ont fait une apparition depuis un des balcons et ils ont présenté le trophée, sous les hourras d’une foule enchantée qui a entonné un vibrant « Merci les Verts ». Kurt Zouma, le benjamin du groupe dont la titularisation pour cette finale a été une grande surprise, a ensuite a convié le public à reprendre la célébration du vestiaire pour les victoires de l’ASSE, chanté d’une seule voix par tout le peuple vert.

Ils ont ensuite été reçus par le premier magistrat de la ville, Maurice Vincent, qui a tenu à les remercier pour cette remarquable performance qui a remis en lumière sa ville, de nouveau sous le coups des projecteurs comme aux meilleures heures de la belle époque.

L’ASSE n’avait jamais remporté la coupe de la Ligue, ce qui est désormais chose faite. Les festivités se devaient donc d’être à la hauteur d’un tel événement. Cependant, si tous n’ont pas manqué d’accorder une grande importance à ces festivités, Christophe Galtier et son staff ne pouvaient pas s’empêcher de commencer à se projeter vers les futures échéances à venir et notamment le match en retard contre Ajaccio, le mercredi, suivi du derby à Gerland qui devrait également se jouer dans une ambiance extraordinaire.

Revoir le résumé de la finale de la coupe de la Ligue :