Au coup de sifflet final à Annecy, les mines des supporters stéphanois étaient une nouvelle fois déconfites. Leur inquiétude a sûrement été décuplée après le multiplex de la L2. En effet, Saint-Étienne a 7 points de retard sur le premier non-relégable Dijon. Un retard qui commence à être conséquent et inquiétant. Replongeons-nous dans les archives et regardons si des équipes ont déjà réussi à se maintenir dans les mêmes conditions que celles de Sainté aujourd'hui.
Un début de saison handicapant
Le début de saison cauchemardesque des Verts est dans la continuité de la saison précédente. Les Verts traînent dans leur dos le lourd fardeau des sanctions infligées par la Ligue après les incidents face à Auxerre. Et notamment les 3 points de pénalité infligés. Après la 16ème journée, les Verts sont bons derniers de Ligue 2 avec 11 points et à 7 points du premier non-relégable, le Dijon FCO.
Alors oui, il reste 22 matchs à disputer pour l'ASSE, mais le visage affiché par l'équipe de Laurent Batlles au Parc des Sports d'Annecy est inquiétant. On nous a répété que la trêve hivernale avait fait du bien aux têtes et que l'équipe est revenue avec une tout autre motivation et la tête à l'endroit. Force est de constater que lundi soir, ça n'a pas été le cas. Nous verrons si vendredi, dans un Chaudron qui devrait sonner creux, les stéphanois sauront relever la tête.
Une mission quasi impossible ?
Ce mardi matin, au réveil, une question nous est venue à l'esprit : "Est-ce qu'une équipe a déjà réussi à se maintenir en Ligue 2, en ayant seulement 11 points après la 16ème journée ?". En plus, une donnée non négligeable est à prendre en compte cette saison : les 4 dernières équipes du championnat sont reléguées en National. Cela rend la tâche des Verts encore plus ardue.
Nous sommes remontés jusqu'à la saison 1998/1999, saison où le championnat de 2ème division est passé à 20 équipes. 24 saisons épluchées et analysées. Nous avons retenu uniquement les saisons où le dernier de D2/L2 avait 12 points ou moins au compteur après la 16ème journée. Nous avons également convenu de ne pas considérer la saison 2019/2020, interrompue avant son terme, pour cause de pandémie.
À la sortie de ces critères de sélection, 19 saisons correspondent à notre recherche. Nous rappelons ici que selon les saisons, le maintien était acquis à la 17 ou 18ème place (après barrage), voire la 16ème comme c'est le cas cette saison. En effet, avec le passage de la L1 à 18 clubs à la fin de saison, 4 clubs de première division vont descendre à la fin de la saison, et il faut répercuter la chute aussi en L2. Comme c'est la situation des Verts qui nous intéresse aujourd'hui, nous allons prendre comme critère de réussite de la remontée, une 16ème place ou au-dessus à la fin de la saison.
Elles étaient 20ème après la J16 et y sont restées jusqu'à la fin du championnat
- Saison 2006/2007 : Après la 16ème journée de L2, Tours est bon dernier avec 11 points. Le 16ème à ce moment-là est Niort avec 15 points. À l'issue de la saison, les tourangeaux termineront à la même place 26 points.
- Saison 2007/2008 : les voisins départementaux de Gueugnon sont en bien mauvaise posture après la J16, puisqu'ils sont 20ème avec seulement 11 points, comme les Verts aujourd'hui. Le 16ème à l'époque (et donc premier non-relégable dans le système de la saison actuelle) est un certain Dijon (comme aujourd'hui) avec 18 points (comme aujourd'hui aussi). Les forgerons ne réussiront pas à remonter la pente et termineront derniers avec 27 points.
- C'est également le cas de Bastia (saison 2009/2010, 10pts après la J16), Grenoble (saison 2010/11, 11pts après la J16), Bastia CA (saison 2013/14, 9 pts après la J16), Arles-Avignon (saison 2014/15, 10 pts après la J16), Tours (saison 2017/18, 5 pts après la J16), Red Star (saison 2018/19, 9 pts après la J16) et Nancy la saison passée (12 pts après la J16). Toutes ces équipes étaient 20èmes après la 16ème journée et n'ont jamais réussi à sortir de cette place.
Les équipes qui sont remontées mais pas assez haut (18ème ou 19ème place) pour se sauver
Que ça soit Cannes (2000/01), Créteil (2001/02), Besançon (2003/04) ou Sedan (2013/14), ces équipes étaient 20ème après la J16 (avec entre 10 et 12 points), ont réussi à s'en extirper durant la suite de la saison, mais sont restées dans la zone rouge et ont été reléguées à la fin du championnat.
Auxerre et Nimes : des maintiens de justesse dans des configurations passées
Saison 2008/2009. Le Nimes Olympique, 3ème de National la saison précédente, retrouve la deuxième division du football français pour la première fois depuis 2003. Le début de saison est très compliqué pour les nîmois entraînés par Jean-Luc Vannuchi. Après la 16ème journée, Nimes est dernier du championnat avec seulement 9 points. Après la J17, l'entraineur est limogé, Jean-Michel Cavalli prend la suite. S'en suivent une belle remontée et une folle course au maintien. Les crocos terminent la saison 17ème avec 44 points et se maintiennent donc. Dans la configuration actuelle, les nimois auraient été malheureusement relégués.
Moins d'une décennie plus tard, Auxerre a pris exemple sur Nimes. 20ème après 11 points, les auxerrois ont réalisé une très belle deuxième moitié de saison pour se sauver in extremis en accrochant la 17ème place avec 43 points. À l'époque encore, seuls les 3 derniers du championnat descendaient en National.
Saison 1998/99 : Le sauvetage de l'OGC Nice par les Italiens
Après une saison 1997/1998 où les niçois ont effectué un beau parcours en Coupe de France (1/8ème de finale) mais ont dû en même temps batailler pour se maintenir en D2, l'équipe du sud de la France a une nouvelle fois joué le bas de tableau. La saison 98/99 débute très mal malgré l'arrivée de l'entraineur Victor Zvunka et un changement d'effectif.
Après la 16ème journée, les niçois sont bons derniers de 2ème division avec 11 points. Le 10 décembre 1998, le club est racheté par Francesco Sensi, alors président de l'AS Roma. Il arrive avec dans son bagage un nouvel entraineur : Guy David et l'objectif de remettre Nice sur le devant de la scène du football. Grâce à ce rachat, Nice réalise une deuxième partie de saison spectaculaire et termine à la... 14ème place avec 46 points. Performance majuscule.
Saison 2011/12 : La remontée spectaculaire de l'AS Monaco
Le Club de la principauté débute sa première saison en 2ème division depuis 1977, de forte mauvaise manière. Auteurs d'un début de saison catastrophique, les monégasques sont 20ème du classement après 16 matchs, avec 11 points. Le 13 décembre 2011, le club est vendu à Dmitri Rybolovlev (homme d'affaires russe) qui devient actionnaire majoritaire.
Afin de redresser la barre, l'entraineur Marco Simone voit arriver 9 recrues dans son effectif lors du mercato hivernal. L'AS Monaco va réaliser une deuxième partie de saison extraordinaire et finira à la... 8ème place du championnat avec 52 points. Exceptionnel. La saison suivante, les rouges et blancs termineront premier du championnat et accéderont à la Ligue 1. Un modèle à suivre pour les Verts, eux qui évoquaient un projet sur 2 ans au début de saison ?
Saison 2015/2016 : Nimes ou la définition de "quand on veut on peut"
Les Nimoîs connaissent un été 2015 mouvementés. Sanctionné de 8 points de pénalité (!!) pour une affaire de matchs truqués lors de la saison 2013/2014, les crocos débutent le championnat avec un handicap considérable. L'objectif du club est clair : se maintenir en L2. Les nîmois débutent la saison avec José Pasqualetti comme entraineur, mais ce dernier décide de quitter le club. Il est alors remplacé en nombre 2015 par Bernard Blaquart, qui deviendra le héros de tout un peuple.
Après 8 premiers matchs poussifs et sans victoire, les efforts payent enfin et les nimois relèvent la tête. Après la J16, les nimois qui trainent encore le fardeau des 8 points de pénalité, sont derniers avec seulement 8 points au compteur.
Auteurs d'une deuxième partie de saison extraordinaire, les joueurs du Nimes Olympique ont obtenu avec brio un maintien à la fin de la saison en se permettant de même finir à une belle 14ème place 43 points. Preuve que rien n'est impossible pour les Verts.
Des raisons d'y croire pour les Verts ?
Vous me direz que oui, chaque saison a son contexte, ses péripéties, son organisation. Que peut-être que ces 3 clubs étaient mieux armés et structurés. Vous pourrez aussi me dire que les 9 équipes mentionnées au début de l'article, n'ont jamais réussi à sortir de cette 20ème place.
Mais il reste maintenant 22 matchs aux Verts pour aller chercher ce maintien crucial pour l'avenir du club. Le retard sur le premier non-relégable Dijon commence à être conséquent (7 points), mais rien n'est impossible. De plus, il reste un mercato hivernal. Cette fois, vous pourrez me dire que les derniers mercatos ne sont pas de franches réussites. A cela, on pourra aussi vous rétorquer que l'arrivée d'un buteur d'expérience comme Charbonnier est un bon signal envoyé. Reste maintenant à voir les prochaines recrues, et si les résultats suivent.
N.B : Sont pris en compte dans cette analyse, uniquement les équipes classées 20ème à la J16. En effet, si on décide de considérer les équipes qui avaient également 11 points mais en étant 19ème et qui se sont sauvés. On peut compter Grenoble (2003/04), Grenoble (2006/07) et Nancy (2018/19).