L'ancien portier de l'ASSE est en conflit avec le dernier club de sa carrière. Après plus de 380 matchs sous le maillot vert, Stéphane Ruffier est le gardien le plus capé de l'ASSE. Pour autant, l'histoire d'amour s'est terminé sur une fausse note avec un licenciement pour faute grave. Un fait que conteste le joueur en justice.

D'idole à paria

Comment évoquer Stéphane Ruffier sans se rappeler le monument qu'il a été sous le maillot Vert. 383 fois titulaire dans les buts stéphanois, le dernier rempart des Verts a remporté tant de points à l'AS Saint-Etienne qu'il est impossible de compiler ses parades dans une seule vidéo.

141 clean sheet et des statistiques incroyables pour la Ruff qui a pleinement marqué l'esprit des supporters.

Malgré tout ça, l'histoire s'est très mal terminée. Les rapports entre Stéphane Ruffier et Claude Puel n'ont jamais été excellents. Le torchon a brûlé jusqu'à atteindre un point de non-retour. Suivi par ses dirigeants, l'ex-manager général de l'ASSE s'est séparé du portier.

« Après la procédure disciplinaire engagée à l'encontre du joueur, l'AS Saint-Étienne a décidé de rompre le contrat de Stéphane Ruffier, lequel se terminait le 30 juin 2021, indique ainsi le club dans un communiquéStéphane Ruffier se trouve donc libre de tout engagement. L'ASSE regrette d'en être arrivée à cette décision, rendue inéluctable par l'attitude du joueur qui portait atteinte à l'institution. »

Le club a appuyé sa décision en reprochant au gardien des insubordinations, des retards à l’entraînement, un départ du club sans autorisation et le non-port du masque pendant le Covid.

Justifié ou non, la Justice tranchera, mais cette  fin qui fait tache encore aujourd'hui.

Stephane RUFFIER of Saint Etienne during the Ligue 1 match between Saint Etienne and Marseille on February 5, 2020 in Saint-Etienne, France. (Photo by Anthony Dibon/Icon Sport)

Une histoire qui laisse des traces

Licencié par l'ASSE pour faute grave, Stéphane Ruffier a stoppé sa carrière professionnelle. Le joueur conteste ce licenciement qu'il considère comme abusif. Son avocate, Me Dorothée Bisaccia-Bernstein s'est exprimé dans les colonnes du Dauphiné Libéré. Extraits :

Elle plaidera le « harcèlement moral », en dénonçant la volonté de son employeur de « l'isoler » jusqu’à la rupture de son contrat de travail.

Une entreprise de démolition pour l'avocate du joueur

« Un grand type de 1,90 mètre baraqué et tatoué qui se fait persécuter, ça peut surprendre », a convenu Me Bisaccia-Bernstein, en décrivant l’ASSE comme « un employeur tout puissant ».

Une longue période de harcèlement moral auquel se sont livré l’entraîneur Claude Puel et le directeur général Xavier Thuilot, qui avaient la mission de dégraisser la masse salariale et de virer les joueurs qui coûtaient le plus cher.

Stéphane Ruffier a subi « une entreprise de démolition », « une campagne de sape » et il « a fini par arrêter le foot après s’être fait défoncer la tronche ».

Un gouffre financier pour l'ASSE

Olivier Martin, avocat du club, n'est évidemment pas du même avis : « Une condamnation à verser un tel montant serait une catastrophe pour le club. Si la faute grave n'était pas reconnue comme fondement au licenciement, Ruffier ne devrait pouvoir prétendre qu'au versement des six derniers mois de son salaire de base, soit 540.000 euros. Il était à 90.000 euros/mois, mais au terme d’un avenant à son contrat montait à 275.000 euros avec toutes ses primes.

Il a été un très grand joueur, mais le collectif ce n'est pas son truc. Il a stoppé sa carrière en 2021 comme il en avait l’intention .»

La Justice tranchera

Le conseil des prud'hommes devra statuer et rendre sa décision le 15 janvier 2024.

L'Équipe dévoile le détail précis des sommes réclamées par Stéphane Ruffier à son ancien club :

« - 217 558,85 € à titre de dommages et intérêts en raison du préjudice subi du fait des sanctions disciplinaires dont il a fait l'objet.

- 137 076,22 € au titre de ses retenues de salaire pour les périodes de mise à pied.

- 553 476,70 € au titre des salaires pour la période du 26 décembre 2020 au 30 juin 2021, outre congés payés afférents, soit 55 347,67€.

- 120 000 € au titre de la perte de chances du bonus individuel de participation à plus de 25 rencontres en tant que titulaire, outre 12000 € à titre de congés payés afférents.

- 2 613 106,29 € à titre de dommages et intérêts résultant du harcèlement moral subi et de l'exécution déloyale de son contrat.

- 3 252 343 € à titre de dommages et intérêts en réparation de son préjudice professionnel et de carrière, outre 325 523,4 € à titre de congés payés afférents.

- 217 758,85 € en réparation de son préjudice moral, suite aux conditions brutales et vexatoires de la rupture de son CDD.

- 10 000 € au titre de l'article 700 du Code de procédure civil (CPC). »

Stephane RUFFIER of Saint Etienne and Roland ROMEYER President of Saint Etienne during the Ligue 1 match between Saint Etienne and Montpellier at Stade Geoffroy-Guichard on November 24, 2019 in Saint-Etienne, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport)