A l’occasion des 90 ans de l’ASSE dont la date de naissance officielle est le 26 juin 1933, nous vous proposons de vous faire découvrir le Onze de chaque décennie des années 1930 aux années 2010 parmi les 764 joueurs stéphanois qui ont, un jour, revêtu le maillot vert.

Evidemment, cet exercice est tout ce qu’il y a de plus subjectif et nous ne prétendons pas détenir « la vérité ». Nous nous contentons juste de présenter « notre vérité ».

Chaque semaine, nous publierons un Onze par décennie. 2e chapitre : la décennie 1950

La décennie 1950

Au début des années 1950, l’AS Saint-Etienne aurait pu disparaître. Heureusement, avec le retour de Pierre Guichard à la présidence, de l’arrivée de Charles Paret, de Jean Snella et de Pierre Garonnaire, l’ASSE s’est stabilisée et est partie à la conquête de ses premiers trophées. Voici les joueurs qui ont marqué la décennie 1950, celle des premiers titres nationaux.

Abbes – Fernandez, R. Tylinski, Wicart – Domingo, Ferrier, Oleksiak, Ferry – Rijvers, N’Jo Léa, Mekloufi.

Entraîneur : Jean Snella

 

GARDIEN

CLAUDE ABBES (24 mai 1927 – 11 avril 2008, 300 matches de 1952 à 1962)

Lorsque Claude Abbes est recruté à l’AS Saint-Etienne en décembre 1952, le club, qui n’a encore gagné aucun titre, entraîné par Jean Snella, est 20e de D1 et a un pied en D2. Quand il repart en 1962, les Verts ont remporté deux coupes Charles Drago (1955 et 1958), le championnat de France (1957), la coupe de France en 1962 et le challenge des Champions (1957 et 1962). On situe alors à quel point, son arrivée a été fondamentale dans l’histoire du club. International français à neuf reprises, il est le premier Stéphanois à jouer une coupe du monde en Suède en 1958 que la France, dirigée par Albert Batteux et son adjoint Jean Snella, terminera à la troisième place.

 

DEFENSEURS

MANUEL FERNANDEZ (1er février 1922 – 9 janvier 1971, 256 matches, 1 but de 1947 à 1955)

Manuel Fernandez est né en Espagne mais il est arrivé à un an dans le Nord de la France, à Lens. Très habile des deux pieds, c’est un défenseur rugueux et qui savait se faire respecter, ce qui ne l’a pas empêché de recevoir par deux fois le challenge du fair-play. Même s’il n’a pas été le plus connu, il a été un élément incontournable de l’arrière-garde stéphanoise pendant les huit ans passés au club. Demi-finaliste de la coupe de France en 1951, il part en 1955 avec le premier titre de l’ASSE, à savoir la coupe Charles Drago.

 

RICHARD TYLINSKI (18 septembre 1937, 312 matches, 2 buts de 1954 à 1966)

Richard Tylinski fait partie de ses jeunes qui ont été promus chez les professionnels par Jean Snella après leur titre de champion de France amateur en 1956. Intraitable dans les uns contre uns, puissant, il a été un des meilleurs défenseurs de l’ASSE dans les années 1950. Il a été trois fois international français, même s’il n’a pas réussi à s’imposer avec les bleus, la faute à un premier match catastrophique contre l’Angleterre. Il devient toutefois indéboulonnable avec les Verts et il forme avec son frère Michel et François Wicart, un trio redoutable qui va porter l’ASSE vers son premier titre de champion de France en 1957.

 

FRANCOIS WICART (3 janvier 1926 – 27 septembre 2015, 279 matches, 3 buts de 1952 à 1961)

François Wicart est un défenseur qui a fait le trait d’union avec la génération qui a installé définitivement les Verts en première division au début des années 1950 et celle qui a obtenu les premiers titres nationaux à partir de 1955. Pouvant être aligné indifféremment en tant qu’arrière central ou à droite de la défense, il a été titularisé 34 fois consécutivement en championnat avec la paire Manuel Fernandez et Jean De Cecco mais c’est avec les frères Tylinski (Richard et Michel) qu’il a remporté le premier titre de l’histoire du club en 1957. Il est l’entraîneur des Verts lorsque ceux-ci gagnent la coupe de France en 1962.

 

 

MILIEUX

RENE DOMINGO (28 décembre 1928 – 13 juin 2013, 533 matches, 44 buts de 1949 à 1964)

René Domingo est le joueur et le capitaine emblématique de l’AS Saint-Etienne. Qui aurait pu imaginer après son premier match sous le maillot vert soldé par une défaite le 23 octobre 1949 à Sochaux (2-6) qu’il deviendrait le recordman absolu du nombre de rencontres disputées avec l’ASSE ? Capitaine de façon quasi ininterrompu à partir du 11 mars 1954 contre l’OGC Nice (2-1), il est celui qui portera son équipe vers ses premiers succès. Milieu de terrain de devoir, travailleur infatigable, il ne quittera la scène que sur une grave blessure (double fracture de la jambe) le 19 janvier 1964, le temps de remporter son 2e titre de champion de France. Son meilleur souvenir restera pourtant la victoire en coupe de France en 1962 car il a reçu le trophée des mains de l’homme qu’il admirait le plus : le général de Gaulle.

 

RENE FERRIER (7 décembre 1936 – 15 septembre 1998, 314 matches, 51 buts de 1955 à 1965)

René Ferrier est un autre de ses jeunes promus par Jean Snella avec qui il a accompli la quasi-totalité de sa carrière. Il joue son premier match le 22 mai 1955 contre Bordeaux à Geoffroy-Guichard et il est un des milieux sur lequel Snella s’est le plus appuyé. Il a dit de lui « Il fait partie des garçons pour lesquels le football a été créé ». Et dire qu’il aurait pu jouer à l’OL, club chez lequel il avait signé avant qu’il ne décide de rejoindre l’ASSE ! Milieu de terrain à l’activité débordante, doté d’une technique bien au-dessus de la moyenne, il était la rampe de lancement idéale pour les contre-attaques meurtrières portée par « l’attaque mitraillette » vers le premier titre de champion de France en 1957. Il a également effectué une belle carrière internationale, sélectionné à 24 fois avec l’équipe de France dont il a été trois fois capitaine.

 

JEAN OLEKSIAK (16 mars 1935, 151 matches, 29 buts de 1955 à 1963)

Jean Oleksiak est un milieu de terrain qui ne payait pas de mine mais qui était essentiel dans le bon équilibre de l’entre-jeu stéphanois. Ce n’est pas pour rien que Charles Paret, le directeur administratif de l’ASSE l’a arraché à Lille pour qu’il vienne signer à l’ASSE. Son activité inlassable, son endurance physique exceptionnelle le rendait indispensable pour colmater les brèches laissées par ses coéquipiers trop attirés par le but. Il est le premier buteur de l’histoire des Verts en coupe d’Europe à Geoffroy-Guichard le 25 septembre 1957 contre le Glasgow Rangers (2-1). Son fils, Thierry a également effectué une belle carrière à l’ASSE.

KOCZUR FERRY (2 septembre 1930 – 19 septembre 1989, 185 matches, 35 buts de 1949 à 1956)

Koczur Ferry est né aux Pays-Bas, de parents hongrois mais c’est à La Combelle dans le Puy-de-Dôme qu’il se fait remarquer par les recruteurs stéphanois en même temps que René Domingo qu’il suit à l’ASSE. Il est le joueur qui n’était jamais avare de ses efforts et qui a fait figure de métronome au milieu de terrain permettant à son équipe de se stabiliser au plus haut niveau avant qu’elle ne commence à obtenir ses premiers trophées. Naturalisé français, il a été vainqueur de la coupe Drago en 1955 et il a eu le privilège de porter à trois reprises le maillot bleu de l’équipe de France.

 

ATTAQUANTS

KEES RIJVERS (27 mai 1926 , 226 matches, 57 buts de 1950 à 1953, de 1955 à 1957 et de 1960 à 1962)

Kees Rijvers est un attaquant hollandais qui, malgré sa petite taille (1,62m), a enchanté le public stéphanois, par ses dribbles, ses changements de rythme et ses feintes à tel point qu’il était surnommé « Trottinette ». Il est le premier Néerlandais à signer un contrat professionnel et il a introduit en France, les crampons vissés, accessoires peu utilisés sur les pelouses de l’hexagone à cette époque. Il a connu l’ascension de l’ASSE pendant les années 1950 et il était un modèle pour les jeunes pousses qui sont allés à la conquête des premiers titres. Considéré comme le meilleur attaquant étranger du championnat de France pendant cette période, il a été comparé à un « Van Gogh du football » par ses compatriotes, admiratifs de son talent.

 

EUGENE N’JO LEA (15 juillet 1931 – 23 octobre 2006, 158 matches, 92 buts de 1954 à 1959)

Le Camerounais Eugène N’Jo Léa est le premier noir africain à s’imposer à l’AS Saint-Etienne. Avant-centre à la technique foudroyante et à la détente phénoménale, il pouvait gagner un match à lui tout seul quand il était dans un bon jour. Il est le 3e meilleur buteur du championnat de France en 1957 (avec 29 des 88 buts marqués par son équipe) lors du premier titre de l’ASSE. Il fait partie avec Kees Rijvers et Rachid Mekloufi de « l’attaque mitraillette » qui a impressionné tous les stades de France.

Il a eu un après-carrière florissant en devenant le fondateur de l’UNFP, le syndicat des footballeurs professionnels et par la suite, un diplomate influent du Cameroun.

 

RACHID MEKLOUFI (12 août 1936, 337 matches, 215 buts de 1954 à 1958 et de 1962 à 1968)

Rachid Mekloufi est un attaquant né en Algérie française qui a été une des premières « stars » de l’ASSE. Il est le maître à jouer des équipes stéphanoises qui ont roulé sur le football national à partir de 1955, date du premier trophée. Sa vivacité, sa technique incroyable et son alternance entre passes courtes et passes longues, ont émerveillé Geoffroy-Guichard.

Il est rattrapé par la décolonisation de l’Algérie et il quitte clandestinement Saint-Etienne pour devenir un des footballeurs du FLN entre 1958 et 1962 alors qu’il aurait pu être un des héros de la coupe du monde 1958 avec la France. Revenu à l’ASSE après l’indépendance de son pays en 1962, il retrouve sa virtuosité et l’amour de son public comme s’il ne l’avait jamais quitté pour remporter d’autres titres avec les Verts jusqu’au premier doublé coupe-championnat en 1968. Il marque les deux buts de la finale contre Bordeaux (2-1) avant de tirer sa révérence pour laisser la place à un autre phénomène, Salif Keita.

 

ENTRAINEUR

JEAN SNELLA (9 décembre 1914 – 19 novembre 1979, 516 matches dirigés de 1950 à 1959 et de 1963 à 1967)

Après avoir été un joueur de l’ASSE de 1938 à 1946 (avec une coupure due à la seconde guerre mondiale), Jean Snella est un entraîneur avec qui tout a commencé chez les Verts. Favorisant le beau jeu, il a construit de A à Z les conditions qui ont mené ce club vers les plus haut sommets nationaux. Il a été un précurseur tant dans le domaine des entraînements qui ne se limitaient pas seulement aux exercices mais aussi à la musculation ou à la récupération, de la formation avec une âme d’éducateur qui a accompagné tous les joueurs (Aimé Jacquet s’en souvient encore) sans parler de l’organisation (où rien n’est laissé au hasard), insufflant une mentalité une discipline professionnelle jamais vu à l’ASSE.

Il est l’entraîneur des premiers titres et celui qui aura inspiré Robert Herbin et Aimé Jacquet après lui avec les résultats que l’on sait.

 

A suivre la décennie 1960