Après une première partie diffusée hier, retrouvez la suite de l'interview mené avec Jessy Moulin.

Cet été, il y a eu des rumeurs annonçant une volonté de l’ASSE de te faire revenir pour accompagner Etienne Green et apporter ton expérience. Ces rumeurs étaient-elles fondées ?

C’était fondé, j’ai eu des contacts avec le club. Après ça ne s’est pas fait pour différentes raisons. Il y a eu des rumeurs, on y a pensé, on en a discuté et à l’arrivée chacun des 2 clans a décidé, et moi en partie, et j’ai décidé de ne pas venir pour des raisons propres à chacun. On en a parlé, moi c’est un club qu’étais prêt à aider, qui me tient à cœur. Ça ne s’est pas fait.

Mais ça n’est pas parce que je serais venu, que ça aurait changé quelque chose. J’aurai fait tout ce que j’aurais pu mais après il y a d’autres éléments qui font que… Le club a recruté des joueurs qui apportent de l’expérience, qui ont du vécu aussi. Ils ne connaissent peut-être pas le club comme moi je le connais mais ça n’est pas ça qui aurait forcément tout changé. On a eu des contacts, mais ça n’était pas avancé, il n’y a pas eu de proposition de contrat.

Jessy MOULIN of Saint Etienne during the Ligue 1 match between Angers SCO and AS Saint-Etienne at Stade Raymond Kopa on March 13, 2021 in Angers, France. (Photo by Matthieu Mirville/Icon Sport) - Jessy MOULIN - Stade Raymond Kopa - Angers (France)

La Coupe du monde a commencé, on a parlé de jeunesse avec Etienne Green, forcément on pense en ce moment à William Saliba, qui s’est envolé pour le Qatar. Mais on pense aussi à Fofana à Chelsea et Gourna à Salzburg. Que penses-tu de tous ces jeunes que tu as beaucoup côtoyés et de leur progression fulgurante.

C’est incroyable. Kurt Zouma moi je me rappelle j’ai joué le match de réserve lorsqu’ils ont décidé de le faire monter en pro. Il jouait alors en réserve, j’étais là, il était très jeune il devait avoir 16 ans. C’était moi le gardien, je me souviens d’un gamin… Il était trop fort quoi. Physiquement c’était un monstre, il sautait il était impressionnant, il allait vite, techniquement il était au point. On sentait que l’explosion en pro n’allait pas tarder. Et puis après on connait la suite, il a explosé, beaucoup de maturité.

Kurt ZOUMA - 26.04.2014 - Evian Thonon / Saint Etienne - 35eme Journee de Ligue1

William (Saliba) lui il a directement enchainé Gambardella et pro avec nous. Pareil c’est un gamin qu’on suivait, qu’on adorait aller voir jouer en Gambard’, on était présent pour lui quand il est arrivé. Voilà parce que c’est des gamins à la base et ils passent dans le monde pro avec des grands garçons. Donc voilà encore une explosion folle.

Didier DESCHAMPS Head Coach of France and William SALIBA of France looks dejected during the UEFA Nations League, group 1 match between Austria and France at Ernst Happel Stadion on June 10, 2022 in Vienna, Austria. (Photo by Hugo Pfeiffer/Icon Sport)

Lucas (Gourna) pareil, j’étais là quand il a commencé à jouer il y a 2 ans sous l’ère Claude Puel. Je me souviens contre Strasbourg à domicile en début de saison (13 septembre 2020, 2/0), où je fais un arrêt, 2 arrêts, après il y a Kolo qui contre et Gourna qui est là pour revenir. Un gamin qui donnait son corps pour le club, qui n’a jamais rien lâché, qui est rempli de maturité pour son âge. C’était vraiment intéressant de parler, échanger, discuter avec lui. Ça ne m’étonne pas en fait. Quand on les voit, les qualités qu’ils ont que ça soit sur le terrain ou en dehors, on ne s’étonne pas de voir où ils sont maintenant.

06 Lucas GOURNA (asse) during the Ligue 1 Uber Eats match between Saint Etienne and Marseille at Stade Geoffroy-Guichard on April 2, 2022 in Saint-Etienne, France. (Photo by Alex Martin/FEP/Icon Sport) - Photo by Icon sport

Tout autre sujet, beaucoup de joueurs passés par Sainté, Cabella entre autres, te désignaient comme le joueur le plus fou du vestiaire. Il y a quelques jours, Damien Perquis nous a accordé une interview et en a fait de même : « Jessy Moulin ! Sans contestations ! Je suis arrivé quasiment en même temps que lui dans le vestiaire stéphanois. On s’est tout de suite appréciés. Et encore aujourd’hui on s’appelle où on s’écrit. Il était, et est encore fou. Un bon vivant qui aime faire rire les autres »

Ça dépend ce que signifie le mot folie pour les gens. Si essayer d’être de bonne humeur tous les jours, même quand au fond de moi ça ne va pas mais que j’ai besoin de ça pour être bien et parce que j’aime que les gens soient bien. Si c’est ça la folie, oui je suis complétement fou.

Car j’essaye de donner de la joie que ça soit à mes enfants, à ma famille, à tout le monde, quoi qu’il arrive. Après quand j’étais jeune, si pour les gens faire un salto au milieu du terrain quand on marque ou dans le vestiaire, si c’était ça la folie oui c’est sûr que j’étais fou. Là-dessus je me suis un peu calmé (rires). Un mec comme Damien il était aussi fou que moi, sauf qu’il ne faisait pas de saltos. Mais si on s’est bien entendu c’est qu’on aimait rigoler de tout, de n’importe quoi. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne sait pas être sérieux. Aux entrainements on travaillait comme des fous. Même encore aujourd’hui, à l’entrainement je suis super sérieux, j’ai une rage de vaincre sans faille. Mais à tout moment je peux dire une connerie ou envoyer un salto sur le terrain, parce que ça me passe par la tête et qu’on rigole avec un collègue.

Ça participe directement à la bonne ambiance dans un vestiaire ! Bien sûr, et puis je me rends compte chaque jour qui passe que je suis footballeur. Je viens faire du football, je suis obligé d’être heureux. J’essaye d’être heureux à chaque fois car c’est du foot. C’est inimaginable ce qu’on peut vivre avec ce sport. Ça me laisse des lots de surprises encore incroyables car on ne sait jamais ce qui peut arriver. Donc voilà, on est footballeur, on n’est pas à la mine comme on dit. Donc c’est sûr que j’essaye d’être le plus heureux possible sur le terrain.

Tu as passé 22 ans à Sainté. Tu es arrivé au centre de formation en 1999. Depuis tout ce temps, quel est ton meilleur souvenir à Sainté ?
Des souvenirs forts j’en ai vraiment beaucoup. Mon arrivée au centre de formation c’était une horreur tellement c’était dur de laisser ma famille. Le soir de la remontée en L1 également. Aussi, un dernier match à domicile de la saison, je ne me souviens pas la saison, j’étais encore au centre de formation mais j’étais descendu sur le terrain et j’avais déchiré le maillot de Jérome Alonzo.

Jessy MOULIN - 27.10.2013 - Saint Etienne / Paris Saint Germain - 11e journee de Ligue1

Gagner un derby, gagner mon premier match de Coupe d’Europe, franchement j’ai vécu des choses incroyables. J’ai rencontré des personnes fantastiques. C’est vraiment un club qui m’a marqué, c’était fou fou fou.
Et ton meilleur match disputé dans les cages ? Un derby ? Un match de Coupe d’Europe ? De coupe nationale ?
Pour moi le plus dur c’était de rentrer à la mi-temps face au Beitar Jérusalem (25 août 2016). Parce que je rentre et je sais que si on perd on n’est pas qualifié. C’était mon premier match en Coupe d’Europe. Et j’arrive à faire un super match (0-0). C’était grandiose, génial, on arrive à se qualifier c’est magnifique.

Après contre Qabala, je pense que je fais un super match, je suis très propre, j’arrive à prendre beaucoup de ballons aériens qui soulagent pas mal. Sur une soirée de Coupe d’Europe c’est fantastique. L’un des meilleurs matchs que j’aie pu faire… Il y a Toulouse, je pense que je fais un bon match, on gagne 2-0 grâce à Beric et Dioussé (14 janvier 2018). Si on perdait on passait relégable, il y avait la grève des supporters, c’était un gros match à pression. C’est des matchs comme ça qui marquent, car c’est des matchs à grosse pression, il ne faut pas se louper et quand on arrive à sortir une bonne prestation, ça soulage énormément.

A contrario, quel est ou quels sont tes pires souvenirs à Sainté ?
Déjà, quand je me suis cassé le poignet en formation. Ça a été très dur, je restais au centre juste pour aller à l’école. J’ai quitté ma famille et j’étais loin de chez moi juste pour aller à l’école. C’était une période très compliquée au centre de formation en 2000/2001.
Un souvenir très dur aussi c’est de perdre 2-1 à Guingamp (20 décembre 2017) dans les arrêts de jeu alors qu’on est à 10. Hernani marque et après on se prend 2 buts coup sur coup. On passe la trêve en étant pas bien au classement.
Après je n’ai pas envie de le dire, mais la défaite 5-0 contre Lyon ça fait mal...

22 ans à Sainté, un peu plus de 10 ans dans le groupe pro, quel a été l’entraineur qui t’a le plus marqué ?
Tous les entraineurs m’ont un peu marqué. On connait les qualités de Christophe Galtier, qui était capable de mobiliser tout le monde. Ensuite Oscar Garcia j’ai beaucoup beaucoup aimé mais il n’est pas resté longtemps. C’est quelqu’un avec qui je suis encore en contact et que j’ai beaucoup apprécié.

Elie Baup aussi, qui m’a fait signer pro (2006) avec qui j’avais une super relation, il était génial il connaissait très bien le poste de gardien. Jean-Louis Gasset, humainement top, avec qui on se régalait aux entrainements. Après il y a eu Puel qui m’a mis sur le devant de la scène. Tous les entraineurs m’ont marqué à leur façon.

Claude Puel, headcoach of Saint-Etienne during the Ligue 1 match between Stade Rennes and AS Saint-Etienne at Roazhon Park on February 14, 2021 in Rennes, France. (Photo by Vincent Michel/Icon Sport) - Jessy MOULIN - Florent BATTA - Charles ABI - Claude PUEL - Aimen MOUEFFEK - Roazhon Park - Rennes (France)

Dans à peu près un mois il y a un match amical (17 décembre) entre Troyes et Sainté à Besançon. Tu vas retrouver Sainté, Batlles et les anciens troyens.
C’est génial, c’est que du bonheur de retrouver tout le monde, on a hâte.

Un petit pronostic pour la Coupe du Monde ?
J’espère voir la France le plus loin possible. Après ils ont beaucoup de blessures, de vents contraires mais c’est ce qui fait la force d’une équipe. Sinon je vois bien le Brésil ou l’Argentine, des équipes qui sont en vue, qui onr fait de bonnes préparations.