Depuis le début de saison, 14 joueurs formés à Saint-Étienne ont joué en L2 sous les ordres de Laurent Batlles. Une bien belle récompense pour tout le centre de formation stéphanois, notamment les éducateurs et le directeur du centre Laurent Huard. L'ancien défenseur des Verts entre 2000 et 2002, en poste au centre depuis 2020, s'exprime longuement dans une interview pour ASSE.TV.
Ses liens particuliers avec l'AS Saint-Étienne, en tant que joueur et dans ses nouvelles fonctions
« Mon rapport à l’ASSE ? Il est que j’ai une stéphanoise à la maison donc ça ne laisse pas insensible. Et puis dans mon parcours de joueur, c’est ce qui ressort de mes années stéphanoises même si elles n’étaient pas dans une période très simple pour le club, mais j’ai des attaches ici. Mes années au centre de formation que je viens de passer là… Je bosse avec de la qualité, c’est ça qui est intéressant.»
L’ASSE, le dernier club de sa carrière, une symbolique : « Oui bien sûr, j’ai vécu des choses… Je vous ai parlé de ma fille… J’ai vécu des choses très fortes qui font partie d’un parcours d’une vie et qui ne laissent pas insensible et qui rendent encore plus fort. Ça c’est mon parcours. Mon parcours est lié à Saint-Etienne par différentes choses professionnelles, mais également privées.»
Sa reconversion en éducateur : « Dès le début de la carrière, j’avais ce manque… Pas un manque des études, mais quand tu passes ton bac, que tu as pris ton rythme et que tu te retrouves pendant 1 ou 2 ans, avec que le football, tu sais que ça n’est pas normal. C’est vrai que j’avais entamé le passage des brevets d’Etat, les troncs communs. J’allais aux cours du soir en candidat libre et j’ai passé mes premiers diplômes d’éducateur sportif tronc commun en candidat libre. Et puis logiquement est venu… J’avais la partie commune, et comme moi j’ai arrêté ma carrière assez tôt, j’ai rapidement enchainé ici à Saint-Étienne et c’est quelque chose qui est fort également. J’ai enchainé donc ici avec le district de la Loire. C’est des bons souvenirs et des bonnes accroches.»
Son retour à l'ASSE en tant qu'adjoint (de Printant) en 2019
« Après 15 années de travail à la formation (Rennes, Paris…), où on tient un discours vis-à-vis de nos jeunes, on croit savoir quelles sont les attentes, on est proche d’un groupe pro… Mais vivre au sein d’un groupe professionnel c’était une occasion, je n’étais pas forcément demandeur même si j’avais passé tous les diplômes pour être prêt. Mais le fait d’avoir cette sollicitation, de pouvoir travailler dans un staff pro, ça me paraissait aussi pouvoir me permettre de me remettre au gout du jour, de vivre avec des jeunes professionnels dans un staff. Et de savoir quelles sont les exigences et les attentes. C’est quelque chose qui, dans mon parcours, me permettait de connaitre autre chose. »
Son rôle et ses missions au sein du centre de formation
« Au quotidien c’est d’avoir cette capacité à ce que ce centre de formation qui fonctionne bien voire très bien… Tout ce qui a été fait par le passé, mes prédécesseurs notamment Philippe Guillemet qui a fait du très bon travail et qui a mis des choses en place. Donc la 1ère des choses c’était de savoir juger ce qui avait été fait et plutôt bien fait. Et après d’apporter, d’avoir une exigence supplémentaire, apporter une autre approche avec des choses en lesquelles j’ai confiance, dont je sais qu’elles peuvent fonctionner. Et de rassurer ces éducateurs, être le garant d’un travail sur moyen et long terme. Créer une dynamique de travail avec des gens compétents. On a envie que tout le monde grandisse comme nos jeunes joueurs. »
Un centre de formation pour inculquer les valeurs du club
« L’histoire de Saint-Etienne est forte. Les moments forts de Saint-Etienne ont aussi été vécus grâce à des jeunes issus de la formation. Donc ça a une part importante dans le club. Cet encrage existe, il faut le cultiver, le bonifier. Tout le monde en est persuadé, mais la place de la formation dans le club doit être un socle fort. Et dans la tempête, car on est lucide et on sait que c’est une période difficile, on doit être un socle qui doit permettre de traverser ces tempêtes. »
« On a la chance d’être dans une région qui aime le foot. Des parents et des jeunes qui ont envie de venir jouer à Saint-Etienne. C’est un plus, il faut savoir le bonifier. Après on sait que le département, la région, n’a pas le potentiel de jeunes joueurs qu’une région voisine, une région du sud, une région parisienne où beaucoup de joueurs sortent professionnels. Mais il faut avoir ce bon équilibre, il faut aussi être très bon à l’Ecole de Foot qui est importante. On veut la bonifier, on a l’opportunité, la chance d’avoir quelqu’un comme Monsieur Patrick Liogier qui encadre, qui dynamise cette école de foot. Il faut avoir énormément de respect pour cette personne, pour ces éducateurs.»
« Notamment dans mon fonctionnement et dans ce que j’ai voulu apporter, au delà des jeunes joueurs qui peuvent gravir les échelons au niveau du club, on permet aussi aux jeunes éducateurs de la région de venir aussi travailler au niveau du centre de formation. Aujourd’hui beaucoup d’adjoints des groupes d’entrainement ou des équipes nationales, ont débuté éducateurs à l’école de foot. »
« Le deuxième temps où ils arrivent, c’est à dire à 16 ans. Il faut faire de l’éducation sur l’histoire, où ils arrivent, la région, le club. C’est important, c’est vital. Aujourd’hui on tache d’avoir un petit temps d’avance, c’est ce que j’ai essayé d’apporter en concertation avec Mr Fernandez au recrutement. Pour les jeunes qui ont déjà fait un choix assez jeune, à 13 ans, de venir à Saint-Etienne. Et bah ils viennent passer du temps à Saint-Etienne en dehors des tournois, faire des stages, s’entrainer avec nous, vivre dans la structure. On veut qu’lls aient déjà un peu de sang vert avant d’arriver ici. »
« C’est une force aujourd’hui de Saint-Étienne et du club aujourd’hui : la proximité, l’accueil, le côté familial… On n’aura jamais l’apport financier de tel ou tel club. Mais par contre, sur le côté accompagnement humain, il faut que les parents aient toute confiance en l’équipe pédagogique, l’équipe éducative, sportive… parce qu’ils confient leurs enfants au club. »
Le centre de formation de Sainté parmi les 3 meilleurs de France la saison passée
« C’est une fierté, on fait partie de la catégorie prestige en termes d’équipements. Le club continue d’investir, de faire des travaux notamment au niveau de l’internat. Et ce classement des centres, c’est une multitude de niveaux, la scolarité, le sportif, les joueurs qui sont sortis. Quand j’évoquais le travail commencé en amont, tous ces joueurs qui aujourd’hui dans des championnats étrangers en professionnel, marquent des points pour l’ASSE. Tout cela permet au club de se positionner dans les 6/7 meilleurs clubs français en terme de formation. C’est à maintenir, un challenge tous les ans qui est excitant.»
« Quand on parle de Wilo, William Saliba, Wesley Fofana, Lucas Gourna… Bien sûr nos jeunes ont aussi envie de faire leur parcours à eux. Même si tout va vite chez les générations actuelles, ils ont envie de passer par Geoffroy-Guichard. L’espoir c’est qu’il reste un peu plus longtemps, plus de matchs gagnés à Geoffroy-Guichard, mais chacun fait son parcours après. Mais leur exemple, leur discours également… Il y a quelques jours on a eu Lucas (Gourna) qui a eu l’opportunité de passer quelques jours ici. Et on en rigolait, mais on a eu l’attitude avec lui, que lui a sur le terrain, c’est à dire qu’on lui a sauté dessus, on l’a pratiquement agressé en mode : « vient avec nous, avec nos éducateurs, nos jeunes que tu connais… En quelques mois tu as vu des choses différentes, et fais leur passer tes messages, ton expérience.»
Les rapports entre la formation et le groupe professionnel
« C’est important, c’est nécessaire, la formation on doit être capable d’accompagner, d’être un socle, une partie d’un groupe professionnel. Aujourd’hui si on peut être 1/3 du groupe professionnel, et dans ce tiers là apporter des choses intéressantes pour le coach, il n’attend que ça. Laurent (Batlles) a un échange permanent avec le coach de la réserve, Razik. On s’entraîne dans le même lieu, en même temps. »
Les axes de travail du club sur la formation
« On a consolidé le fait de travailler avec ces 3 groupes d’entrainement (Avenir, Formation et Réserve). L’idée est aussi de staffer et accompagner encore un peu plus nos joueurs. Le paradoxe aujourd’hui, c’est qu’on a une exigence de vouloir encore former des jeunes pour la L1 et qui soit capable aussi d’atteindre un niveau européen, même si le club est aujourd’hui en L2. On travaille sur du moyen et long terme et le club nous a donné les moyens pour continuer au minimum dans les mêmes conditions, et voir mieux. Donc pour revenir au début : Les 3 groupes d’entrainement en accompagnant ces joueurs au quotidien au niveau du terrain avec des staffs conséquents pour bien travailler. Aussi se donner des moyens socio-éducatifs encore plus importants dans l’accompagnement et l’éducation de nos jeunes. On sait qu’on est pas parfait, on a toujours une remise en question, on veut continuer à avancer. »
Un avenir incertain du centre lié à la situation sportive du club
Que souhaiter à la formation stéphanoise dans cette deuxième partie de saison ? « De pouvoir continuer à travailler. On espère entrer dans une dynamique de club où on puisse aussi apporter notre pierre à l’édifice. Parce qu’on est dans le même bateau, on a aussi besoin que tout le monde reprenne cette confiance. Parce que nous aussi au niveau du centre de formation, on a l’avenir de nos jeunes, mais aussi l’avenir de nos éducateurs. »
« On a envie de se projeter assez rapidement. On a des éducateurs qui arrivent en fin de contrat, et aujourd’hui la projection n’est pas forcément évidente. On est obligé d’attendre, on a repoussé les échéances de décision, parce qu’il y a des incertitudes au niveau du club qui existent et qui sont à régler. On a envie de mettre au maximum les personnes dans les meilleurs conditions pour avancer que ça soit les jeunes ou les éducateurs »
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