L'AS Saint-Etienne est particulièrement concernée par les sanctions visant ses supporters. Leader au classement des arrêtés préfectoraux, les Verts pourraient être attentif aux travaux de la LFP sur ce sujet.

Après une saison où les scènes de violence ont été nombreuses, la LFP a demandé au criminologue Alain Bauer d'établir un rapport. De quoi mettre en lumière plusieurs pistes pour sortir de cette mauvaise passe ?

Qui est Alain Bauer ?

L'un des criminologues les plus connus en France, il n'est pas rare de l'apercevoir à la télévision. Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers et enseignant chercheur en criminologie Il a édité un ouvrage connu dans le millieu : International Journal on Criminology. Il propose des activités de conseil avec sa structure AB conseil. La liste de ses clients en fait une référence aujourd'hui.

Le rapport rendu à la LFP

Alain Bauer a remis hier son rapport à Vincent Labrune, président de la LFP. Celui-ci a pour ambition de d'établir des pistes visant l’amélioration de la sûreté et de la sécurité des rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2 :

"À l’issue d’une consultation inédite auprès des clubs, des autorités publiques, des commissions de la LFP et des acteurs du football, Alain Bauer et son équipe préconisent six propositions ci-dessous extraites du rapport.

  • Formaliser un texte national partenarial des relations État/Football décliné au niveau local
    Un texte fondateur national (du type de la convention État/football du début des années 2000 ou du cadrage de la Coupe d’Europe), décliné au niveau local, devrait être posé pour permettre l’inscription de tous dans une logique de front institutionnel. Il devra être ensuite adapté en contrats locaux de sites.
  • Renforcer l’autorité de l’État, appuyée sur une expertise acquise : élargir le rôle de la DNLH et pérenniser la Cellule Interministérielle
    La Cellule Interministérielle existante, intégrant le ministère de l’Intérieur, le ministère des Sports et des Jeux Olympiques et paralympiques et le ministère de la Justice, pourrait voir son fonctionnement pérennisé au travers d’un rôle accru de conception des principes de sécurisation des rencontres de football et de coordination des actions des ministères et partenaires institutionnels impliqués. Dans cette organisation institutionnelle qui permet un déploiement des politiques publiques en matière de sécurisation des événements sportifs, il semble impératif de valoriser et développer les fonctions de la DNLH.
  • Repenser le rapport aux groupes de supporters et adapter la législation notamment sur les fumigènes en responsabilisant les animateurs
    Les entités étatiques (Ministères, DIGES, CIS, DNLH, INS) chargées de reposer un cadre général pour le déroulement des événements sportifs dans les stades auraient l’occasion de repenser la notion d’interdiction des fumigènes autour des enjeux de protection des personnes et des biens qui participent à l’événement dans le stade.
  • Rééquilibrer sanctions collectives et sanctions individuelles : rompre l’anonymat des voyous pour permettre aux supporters de jouer pleinement leur rôle de supporters
    En s’appuyant sur ce rapport clarifié et contractualisé aux groupes de supporters et aux fonctions d’accueil et de service aux spectateurs, l’objectif partagé notamment par les clubs doit être de rééquilibrer les sanctions individuelles et les sanctions collectives. Afin de garantir l’application ciblée des sanctions individuelles, il n’y a pas d’autre solution que de travailler à résoudre l’anonymat des hooligans et des voyous. L’exigence portant sur l’organisateur et le propriétaire du stade sera qu’il maîtrise qui participe à l’événement dans le stade.
  • Développer une certification LFP qui permet de travailler à la sécurisation des événements sportifs dans les stades français à tous les niveaux
    Pour pallier les pertes de compétences observées dans la plupart des stades, mais également les pertes de volumes d’agents susceptibles d’intervenir dans les stades après la crise du COVID, il semble impératif d’adapter les formations et qualifications des agents amenés à intervenir dans les stades.
  • Hiérarchiser les risques : passer du « prêt à porter » au « sur mesure »
    Toutes les recommandations précédentes doivent trouver à s’appliquer avec une capacité d’adaptation aux situations locales. Il n’est pas possible d’aborder uniformément des stades qui jouent à guichet fermé avec 60 000 spectateurs toutes les semaines et des stades qui ont du mal à atteindre 1 500 spectateurs de manière régulière. Il est impératif de tenir compte des effets de taille, des différences régionales, des spécificités sportives et physiques des stades.

La LFP se félicite du travail réalisé par Alain Bauer et de la large concertation qui a permis la rédaction de ce rapport et des propositions concrètes qui en découlent.

Il appartiendra désormais aux parties prenantes d’étudier la mise en œuvre de ces propositions."

Réactions des protagonistes

Vincent Labrune, Président de la LFP
« Je remercie Alain Bauer pour la qualité de ce rapport réalisé en un temps particulièrement rapide. Ce rapport est le résultat d’une coproduction inédite rassemblant toutes les parties prenantes. Comme le souligne le rapport, la sécurité dans un stade est l’affaire de tous. A ce titre, l’Etat, les clubs, la Ligue et les acteurs doivent formaliser un cadre strict de collaboration. Le rapport témoigne aussi de l’absolue nécessité de renforcer le travail d’identifications des délinquants. Il faut rompre l’anonymat des voyous. C’est la seule voie possible pour se tourner vers des sanctions individuelles plutôt que des sanctions collectives ».

Alain Bauer
« La sûreté et la sécurité dans les stades constituent des problèmes récurrents, dont les phases de violence font l’objet de cycles spécifiques. La période des « hooligans » des années 1990 n’a pas grand-chose à voir avec la période présente, même si elle conserve l’expression violente de groupes constitués en commun. La phase dont le football souffre actuellement, conjoncturellement aggravée par le COVID, devra être traitée par une approche partenariale et spécifique.

Les supporters ne sont pas des adversaires. Ils doivent devenir de véritables partenaires. Là, comme ailleurs, la coproduction de sécurité sera la clef d’un retour à un usage apaisé et ludique des stades et des événements qui y sont organisés. Les propositions qui émanent d’un dialogue structuré avec tous les acteurs du football, visent à créer les conditions d’un rapport partenarial clair, où chacun est responsable de ses actes et où les dérives individuelles, dont les groupes de supporters sont aussi victimes que les clubs de football, sont sanctionnées par l’ensemble des acteurs.

Une doctrine de sécurisation claire, une autorité publique cohérente et respectée, un partenariat avec les groupes de supporters responsabilisés et reconnus sont le cadre d’un développement des moyens d’identification des dérives individuelles, de la qualification des stadiers et d’une hiérarchisation des mesures locales selon des analyses de risques partagées ».